Akan National Park

Les richesses du Parc National d’Akan

Le Parc National d’Akan compte trois lacs de caldeira : Akan, Kussharo et Mashu.

Tout d’abord, Le Lac Akan est réputé pour abriter une étrange algue appelée Marimo dont je reparlerai plus bas dans cet article.

Ensuite, Le lac Kussharo est le 6ème plus grand lac du Japon. En hiver, la plus grande partie de ces lacs est gelée. Mais la présence de quelques sources thermales permet de maintenir certaines zones d’eau libre. Ainsi, ces espaces attirent les canards mais aussi les cygnes chanteurs qui sont devenus ici une véritable attraction touristique.

Enfin, Le lac Mashu, quant à lui, est reconnu comme le plus beau site d’Hokkaido. Son eau d’une exceptionnelle clarté est transparente jusqu’à 30m de profondeur. Par ailleurs, les forêts attenantes au lac sont habitées par de nombreuses espèces remarquables comme l’ours brun, le kétoupa ou encore le pic noir. Mais, je n’ai consacré que deux demi-journées pour explorer cette zone si riche qui mériterait d’y revenir mais au printemps cette fois !

En route pour Akan

Samedi 25 janvier.

Après avoir observé les grues dans les environs de Kushiro, nous prenons la direction du lac Akan. La route verglacée se fait finalement assez bien mais il est vrai que nous roulons doucement ce qui nous laisse le temps d’admirer le paysage. Nous observons au passage quelques cerfs sika. Soyez donc vigilants ! Les collisions routières sont en effet la principale cause d’accident ici !

Carte

Nous arrivons vers midi au bord du lac, dans un petit village touristique mais peu visité en cette saison ! La plupart des restaurants sont fermés. Aussi finissons-nous par nous rabattre sur une boulangerie où nous grignotons un bout.

Passage à l’office du tourisme qui nous permet d’obtenir de nombreuses infos et cartes sur la région puis petit tour dans l’écomusée tout proche. Ne ratez pas la visite de cet écomusée. Elle est en effet instructive et vaut nettement le détour. On peut par exemple y découvrir des panneaux d’information sur la biodiversité locale. Des spécimens de marimo ou de poissons sont même présentés dans des aquariums.

Marimo

Le Marimo, Aegagropila linnaei, appelé également boule de mousse, est une algue filamenteuse qui forme des colonies sphériques au fond des lacs. L’espèce se trouve principalement dans les régions d’Europe précédemment couvertes de glaciers (Europe du Nord), et en plusieurs endroits au Japon. Il a été trouvé en Amérique du Nord, mais il est rare, ainsi qu’en Australie.

Cependant, l’espèce est malheureusement aujourd’hui en déclin. Elle est en effet sensible à la quantité de nutriments dans l’eau. On pense qu’un excès de nutriments (dû à l’agriculture et à la pisciculture), ainsi que des dépôts de boue provenant de l’activité humaine, sont les principales causes de sa disparition de nombreux lacs.

L’espèce existe toujours dans le lac Zeller en Autriche, où elle a été découverte pour la première fois dans les années 1820, mais la forme de croissance des boules de lac n’y a pas été retrouvée depuis environ 1910. Il en est de même dans la plupart des endroits en Angleterre et en Écosse. Des colonies denses de marimo ont été découvertes dans le lac Mývatn en Islande en 1978, mais elles se sont considérablement réduites depuis lors. En 2014, le marimo avait presque complètement disparu du lac en raison d’un excès de nutriments. L’espèce peut encore être trouvée dans plusieurs endroits au Japon, mais les populations y ont également diminué. Au lac Akan, un gros effort est consacré à la conservation des boules du lac. Le marimo est une espèce protégée au Japon depuis les années 1920 et en Islande depuis 2006.

Le peuple Aïnou

Vous pourrez également découvrir ici la culture aïnou. Plusieurs sculptures et objets sont présentés dans l’écomusée et une partie du village est bâtie selon le modèle traditionnel.

Le peuple Aïnou constitue une population aborigène au nord du Japon et à l’extrême Est de la Russie. Ils étaient il y a peu en voie d’extinction ; on compte, de nos jours, entre 25 000 et 200 000 membres de ce groupe ethnique. Beaucoup d’Aïnous cachent leur origine ou, dans bien des cas, ne la connaissent même pas, leurs parents la leur ayant dissimulée pour les protéger de la discrimination et du racisme. Ce peuple de pêcheurs et chasseurs possède une structure sociale patriarcale et polygamique. Leur religion est de type animiste : l’ours y est l’entité la plus vénérée.

Différentes hypothèses tentent d’explique leurs origines. Selon certaines, ce peuple aurait des liens de parenté avec des populations australoïdes ou sud-asiatiques, mais également tibéto-birmanes, d’autres mettent l’accent sur le brassage avec des populations sibériennes, telles que les Nivkhes.

A l’origine, il s’agissait d’un peuple chasseur et cueilleur. Au fil des siècles il fut malheureusement opprimé à la fois par les Russes et les Japonais qui pratiquèrent dès le XVI° siècle une assimilation forcée. La religion animiste fut alors abandonnée. De plus, durant l’ère Meiji, la lange aïnou fut interdite et le peuple contraint à pratiquer l’agriculture sur des parcelles fournies par l’Etat.

Il faut attendre 1960 pour que les Aïnous commencent à se rassembler et à faire valoir leur “droit à la différence”. Ce n’est qu’en 1994, et grâce à la pression de l’ONU en faveur des peuples autochtones, qu’un aïnou, Shigeru Kayano, est élu au parlement japonais. Sa bataille en faveur de la reconnaissance de son peuple aboutit en 1997 à la promulgation de la Loi pour la promotion de la culture aïnou et pour la diffusion et le soutien des traditions aïnous et de la culture des Aïnous. Un grand pas pour ce peuple qui reste malgré tout victime de discrimination. 

La sculpture sur bois occupe une place essentielle dans la culture aïnou, elle est même un rite de passage à l’âge adulte : un garçon ne devient homme que lorsqu’il sait manier adroitement son makiri, couteau, seul outil du sculpteur aïnou. Vous pourrez ainsi découvrir plusieurs ateliers dans le centre du village. Allez donc y faire un tour lors de votre passage.

Balade au bord du lac

L’écomusée est le point de départ d’une balade d’une heure environ qui permet de faire une boucle le long du lac en revenant par le sanctuaire shinto. Le lac est entièrement gelé à cette époque.

Le sentier permet de découvrir plusieurs points géothermiques comme par exemple des fumerolles et des bains de boue bouillonnants, témoins de l’activité volcanique. Côté faune, l’ambiance est assez calme et ressemble aux forêts alpines françaises : cris de mésanges boréales, de roitelets huppés et de grimpereaux des bois.

Dormir dans un Ryokan

Après avoir admiré le coucher de soleil sur le lac nous gagnons notre ryokan situé non loin du lac. Ne ratez pas l’occasion de dormir dans un bel établissement, c’est aussi une façon de découvrir la culture japonaise et son art du raffinement. J’avoue que celui choisi par Audrey, La Vista Akangawa, était magnifique. La chambre spacieuse munie d’une baie vitrée donne directement sur la rivière Akan enneigée. Le ryokan dispose de plusieurs bains chauds extérieurs, onsen. Vous ne pouvez pas faire un voyage au Japon sans tester le onsen ! Lieu de détente et de relaxation, l’eau des onsen est également réputée pour ses vertus thérapeutiques grâce aux minéraux qu’elle contient. Il n’est pas possible d’y rester trop longtemps tant l’eau est chaude, mais vous en ressortirez bien apaisés !

Après un bon bain rein de tel qu’un repas Kaiseki. Ce terme désigne une forme de repas traditionnel constitué de plusieurs petits plats servis conjointement et selon un rituel particulier. La quête de l’esthétique et de l’harmonie des goûts sont les clés du Kaiseki. Le petit-déjeuner traditionnel avec sa soupe miso et son poisson cru est également un incontournable.

Le charme du ryokan tient aussi à ses tenues. Dans un ryokan, vous ne gardez pas sur vous vos propres vêtements. Ainsi, à votre arrivée, claquettes ou chaussons, et yukata, kimono léger qui correspond un peu au peignoir chez nous. C’est ici, au petit matin, plongée dans le onsen où la nudité est de rigueur, que j’observerai mon premier pygargue de Steller. Pas d’image du coup, mais un moment magique dans un cadre inoubliable.

Observer les oiseaux autour du lac Kussharo

Dimanche 26 janvier

Après avoir bien profité de notre matinée dans le ryokan, nous nous rendons au lac Kussharo et plus précisément sur la presqu’île Wakoto, particulièrement intéressante pour l’observation des oiseaux. Des sources chaudes accessibles gratuitement libèrent les eaux de la glace. Le site est aménagé est vous pouvez vous y baigner, mais lorsque nous arrivons la place est déjà prise par deux papis du coin … nous ne les rejoindrons pas ! En revanche, ces eaux chaudes libèrent les abords du lac de la glace attirant un petit groupe de cygnes chanteurs. Petite séance photo dans un cadre splendide.

Il est possible de faire une balade autour de cette péninsule mais nous manquons de temps, il faut rejoindre la côte d’ici ce soir, et l’enneigement ne faciliterait pas la marche. Néanmoins je prends le temps d’observer plusieurs espèces autour du point de départ : mésanges nonnettes et à longue-queue de la sous-espèce caudatus, mésange de Chine, pic cendré, pic épeiche, sittelle torchepot … ll semble que la forêt soit en éveil ce matin !

Nous reprenons la voiture pour longer le lac en direction du nord, dernier point d’arrêt aux sources chaudes d’Ikenoyu où les cygnes chanteurs sont également nombreux. Je prends quelques images mais les vagues de touristes chinois nous démotivent et nous poussent à reprendre la route.

Direction la côte. Nous traversons des paysages splendides qui appellent à de nouvelles escapades, mais nous n’avons malheureusement pas de temps à leur consacrer. Un arrêt tout de même pour admirer le coucher de soleil. Magique.

Liste des espèces observées

Harle bièvre Un couple sur le lac Akan	Common Merganser	Mergus merganser
Pygargue à queue blanche	White-tailed Eagle	Haliaeetus albicilla
Pygargue de Steller 1 depuis le Ryokan	Steller’s Sea-Eagle	Haliaeetus pelagicus
Pic épeiche 1 Wakoto	Great Spotted Woodpecker	Dendrocopos major
Pic cendré 1 Wakoto	Gray-headed Woodpecker	Picus canus
Corneille noire	Carrion Crow	Corvus corone
Mésange boréale	Willow Tit	Poecile montanus
Mésange de Chine	Japanese Tit	Parus minor
Mésange à longue-queue	Long-tailed Tit	Aegithalos caudatus
Sittelle torchepot	Eurasian Nuthatch	Sitta europaea
Grimpereau des bois autour du lac Akan	Eurasian Treecreeper	Certhia familiaris
Mésange nonnette	Marsh Wren	Cistothorus palustris
Roitelet huppé Autour du lac Akan	Goldcrest	Regulus regulus

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