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28 juillet

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Si l’Arménie est montagne, certains espaces échappent, d’une certaine façon, à la règle. Ce n’est que progressivement que le touriste pourra prendre de la hauteur. Erevan et ses environs se trouvent en plaine, mais une plaine marquée de l’ombre de la montagne : la plaine de l’Ararat. Le Mont Ararat, Massis pour les Arméniens, volcan culminant à 5160 m reste dans le coeur des Arméniens le symbole du pays. Cette montagne mythique où se serait échouée l’Arche de Noé, n’a cessé d’entretenir les vocations d’explorateurs et d’aventuriers. En 2008, des militants de Greenpeace construisent une arche au sommet pour attirer l’attention de la communauté internationale sur les dangers du réchauffement climatique. Les Monts Ararat se trouvent aujourd’hui en territoire turc. Mais qu’importe, pour les locaux, ces montagnes restent arméniennes, même si les miradors et barbelés rappellent à ceux qui s’en approchent que la frontière et bien fermée et que les relations entre les deux pays ne sont pas au beau fixe.

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Nous arrivons à Erevan à 3h du matin, heure locale, soit 2h de décalage avec la France. Température clémente, 20°C, passage à la douane rapide et récupération des bagages sans problème. Dans le nouvel aéroport de Zvarnots, les bureaux de location de voiture sont ouverts 24h/24, ce qui nous permet de récupérer notre 206 (nous ne serons pas dépaysés !) dans la foulée. Nous passons la fin de la nuit dans la voiture, somnolant en attendant que le soleil se lève.

Agrobate roux syriacus (Arménie)
Agrobate roux syriacus (Arménie)

Nuit courte, réveil vers 6h30 et départ pour les marais de Massis par une petite route que nous avons du mal à trouver ! Malgré son aspect défoncé, le chemin se révèle très intéressant : Agrobate roux, Pic Syriaque, huppes, rousseroles, Pie-grièche à poitrine rose … se succèdent dans les buissons et arbustes le long de la route. Nous traversons ainsi la plaine de l’Ararat, au pied des montagnes mythiques où s’étendent de vastes plaines agricoles, champs de pastèques sucrées, vergers, pommes de terre. L’agriculture ici est loin d’être intensive et les petites parcelles se suivent le long des routes caillouteuses.

Voici comment Lazare de Pharbe, historien arménien du V°S, décrit cette plaine : « La magnifique, renommée et illustre province de l’Ararat produit toute sorte de plantes ; c’est une province fertile et féconde, abondantes en choses utiles. Ses plaines sont vastes et regorgent de gibier ; les montagnes qui les entourent, plaisamment situées, offrent de riches pâturages, où vivent nombreux les ruminants, les bêtes à pieds fourchus, et autres animaux ; des sommets coulent d’abondantes rivières qui arrosent les champs, rendant inutiles tout engrais ; ainsi la cité est-elle assurée à foison de pain et de vin, de délicieux légumes et une variété de racines fournissant l’huile à une population nombreuse. Au premier regard jeté vers les pentes montagneuses et les collines, les fleurs aux multiples couleurs donnent l’impression d’un drap brodé ; leurs graines fertiles enrichissent les pâturages odorants dont l’herbe abondante nourrit d’innombrables troupeaux d’ânes et de gibiers sauvages. De ces fleurs s’exhale un délicieux parfum qui profite à la santé des habiles archers et chasseurs et aux bergers vivant en plein air ; l’atmosphère est fortifiante et excite l’esprit ».

Nous finissons par gagner la zone de marais le long de la frontière, près de la ville de Masis. Le site, assez industrialisé, semble assez éloigné de la peinture idyllique dressée par l’historien. Néanmoins, pour un naturaliste, il vaut nettement le détour ! Très grande diversité d’espèces et bonnes conditions d’observation. De beaux effectifs pour des espèces présentes chez nous seulement en petit nombre : rousseroles, Blongios nains, Rémiz pendulines, Panures à moustaches et en prime la touche orientale avec les Goélands d’Arménie, les Cormorans pygmées, les Fauvettes de Ménetries, les Bergeronnettes printanières de la sous-espèce feldegg ou encore les Guifettes leucoptères. Nous passons la matinée à vadrouiller dans le coin.

Blongios nain (Arménie)
Blongios nain (Arménie)
Guifette leucoptère - Arménie Marais Armash août 2013
Guifette leucoptère – Arménie Marais de Massis août 2013
Bergeronnette printanière feldegg - Arménie
Bergeronnette printanière feldegg – Arménie
Cormorans pygmées, marais de Massis
Cormorans pygmées, marais de Massis
Marais de Massis
Marais de Massis

En début d’après-midi, direction Etchmiadzin, capitale religieuse de l’Arménie, et arrêt dans les collines arides de Shahumyan où nous observons deux espèces de traquets : le Traquet de Finsch et le Traquet isabelle. De nombreux autres passereaux sont présents dans les vergers, majoritairement des abricotiers : Agrobate roux, Rémiz penduline, Moineau friquet …

Plaine d'Erevan
Plaine d’Erevan
Traquet de Finsch (Arménie)
Traquet de Finsch (Arménie)

La journée touche à sa fin et nous tournons notre regard vers le sommet arménien : les Monts Aragats. Au petit village d’Agarak, une route permet de monter sur les pentes de cette chaîne volcanique. Nous gagnons les gorges d’Arkashen où, postées depuis leurs promontoires rocheux, les Sittelles de Neumayer poussent leur cri strident. Première soirée arménienne et première expèrience de l’hospitalité des Arméniens. Alors que nous commencions à préparer notre repas, nous sommes invités à partager les grillades avec une famille. Un vrai délice. Ils ne nous quitteront pas sans nous avoir laissé une pastèque et du fromage. En échange, ils repartent avec un saucisson d’Ardèche ! Nous passons la nuit dans notre nouvelle 206.

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