Du haut de ses 1912 mètres, le géant de Provence domine le Vaucluse. Cette montagne méditerranéenne est isolée du Massif central et des Préalpes dont il constitue l’avancée extrême. Cette situation permet au Mont Ventoux d’abriter une biodiversité tout à fait originale, des espèces méditerranéennes jusqu’aux espèces alpines. Soumis à ces influences multiples, la montagne doit son nom au mistral qui y souffle près de 300 jours par an, atteignant ici des records de 250 km/h.
Localisation
Espèces remarquables
A observer sur le Ventoux
Chamois
Cerf élaphe
Mouflon
Loup gris
Pic noir
Chouette de Tengmalm
Vipère d’Orsini
Carabe du Ventoux
Ibéris de Candolle
L’Ancolie de Reuter
Les activités humaines ont participé à façonner le paysage que nous connaissons aujourd’hui : les phases de déboisement puis de reboisement du XIXème siècle, la réintroduction ou l’introduction des espèces gibiers comme le Cerf élaphe, le mouflon ou le chamois, la création de la station du Mont Serein ou encore de pistes de VTT sur les pentes côté sud ont nettement artificialisé les milieux. La mise en place de mesures de protection comme l’arrêté de protection de biotope est donc cruciale dans cet espace où se croisent enjeux de conservation et développement des activités économiques, pastoralisme et tourisme. Les premières épreuves de ski ont été organisées en 1932. En 1933, le route d’accès est achevée. C’est à cette époque que sont alors tracées les premières pistes. Quant à la station, il faut attendre les années 60 pour assister à son développement.
Le gradient bioclimatique est ici nettement marqué et participe à la biodiversité du site : “Une demi-journée de déplacement suivant la verticale fait passer sous les regards la succession des principaux types végétaux que l’on rencontrait en un long voyage du sud au nord suivant le même méridien … En bas dans les haies vous avez récolté les fleurs écarlates du grenadier ami du ciel africain ; là haut vous récolterez un petit pavot velu qui abrite ses tiges sous une couverture de menus débris pierreux et déploie sa large corolle jaune dans les solitudes glacées du Groenland et du Cap Nord, comme sur les pentes du Ventoux” (Jean-Henri Fabre, Souvenirs entomologiques).
Les différents milieux du Ventoux
Étage méditerranéen
Au pied du Ventoux et jusqu’à 800 mètres, s’étendent au sud des zones à Chêne vert et à Genévrier de Phénicie, remplacées au nord par le Chêne pubescent. Ces milieux sont fréquentés par les espèces typiquement méditerranéennes comme les fauvettes pitchou et passerinette, les Pipits rousselines ou encore le Pouillot de Bonelli. On y rencontre également le cortège d’oiseaux communs comme le Rougegorge familier, le Merle noir et les mésanges.
Étage supraméditerranéen
Cette espace entre 700 et 1400 m est dominé par les chênes pubescents, le buis et le Pin sylvestre ainsi que le Pin noir et le Cèdre de l’Atlas. Les Mésanges huppées et noires sont communes dans ces forêts de résineux.
Étage alpin
Ce qui fait la grande particularité du Ventoux est le fait qu’il est possible d’y observer de nombreuses espèces montagnardes en plein cœur de la Provence. De belles hêtraies recouvrent les flancs du Ventoux jusqu’à environ 1600 m auxquelles se mêlent quelques résineux comme le sapin ou le mélèze. Il est possible d’y observer le Pic noir, le Venturon montagnard et même la discrète Gelinotte des bois.
Les amateurs de mammifères ne seront pas déçus. Ici évoluent de beaux groupes de Cerfs élaphes. La période du brame est un moment magique ! Sur les escarpements rocheux au Nord, ce sont les chamois qui guettent les alentours. Il est facile de les observer en empruntant les sentiers de randonnée au départ du Mont Serein ou sur les crêtes au petit matin. La population est estimée à environ 200 individus (ONCFS/FNC-Réseau Ongulés Sauvages).
La population de mouflon est quant à elle en expansion : la population est évaluée à 350 individus (ONCFS/FNC-Réseau Ongulés Sauvages). Il n’est pas rare de les apercevoir dans les zones dégagées. Cette abondance de gibier est peut-être un des facteurs permettant d’expliquer la présence occasionnelle du loup dans ces espaces sauvages.
Chaque saison ses charmes. L’hiver, vous rencontrerez des groupes de Merles à plastron voletant de bosquet en bosquet sur les pelouses sommitales lorsqu’elles ne sont pas ensevelies sous la neige, à l’automne c’est le domaine des Rougequeues noirs et au printemps celui des Traquets motteux.
Les pelouses autour du Mont Serein ont fait l’objet d’un arrêté de protection de biotope en vue de préserver une espèce en voie d’extinction : la Vipère d’Orsini. Ce serpent montagnard, le plus petit d’Europe, est inféodé aux pelouses et landes situées entre 900 et 2150 m d’altitude. La diminution et la modification de l’activité pastorale ont entraîné une fermeture des milieux et une raréfaction de ce type de pelouse. La Vipère d’Orsini est aujourd’hui considérée comme une espèce menacée d’extinction à l’échelle internationale. Le promeneur n’a donc que peu de soucis à se faire ! D’autant plus que ce serpent, qui se nourrit essentiellement de sauterelles et de criquets, est assez calme et discret.
Idées de balades
Le Sentier Jean-Henry Fabre
Il ne faut pas plus de 2h pour faire cette boucle facile et instructive au départ de la station du Mont-Serein. Nous traversons tout d’abord les pelouses à genévriers nains, habitats de la rare Vipère d’Orsini, avant de pénétrer dans la hêtraie. Au loin, retentit le cri du Pic noir. Les nombreux panneaux d’informations indiquent le nom des essences et l’historique du site. Après avoir été déboisé pour l’utilisation du bois de chauffe et de construction ainsi que pour l’activité pastorale, le Mont Ventoux a été reboisé au XIXème siècle. Nous croisons donc de nombreuses essences : mélèzes, sapins, pins sylvestres, pins noirs, if, alisiers blancs …
Dans les résineux, vous pourrez observer de nombreux oiseaux comme la Mésange huppée, le Roitelet huppé ou encore le Bec-croisé des sapins. Le sentier finit par rejoindre la route goudronnée qu’il convient de suivre pour revenir au parking.
Né le 21 décembre 1823 à Saint-Léons du Lévézou en Aveyron, ce naturaliste de renom fut tut d’abord instituteur à Carpentras. Après un passage en Corse en tant que professeur de physique, il est à nouveau muté en Provence où il entame des recherches sur les insectes qui l’ont rendu célèbre. Au mois d’août 1865, il organise pour deux de ses amis une expédition sur le Ventoux qu’il relate dans ses mémoires. En 1870, il démissionne de l’enseignement pour se consacrer à la rédaction d’ouvrages scolaires ainsi que de ses réputés Souvenirs entomologiques en partie consultables sur le Net. Ces notes sont une mine de connaissance et passionneront tous les amoureux de la nature.
Les crêtes du Ventoux
Cette longue balade nécessite au moins 6 heures de marche. Au départ du parking un peu plus haut que le Chalet Reynard, prenez la large piste carrossable en direction du Jas des pèlerins. Nous traversons plusieurs combes entre hêtraies et pierriers. Arrivés au jas, empruntez la piste qui serpente … et préparez vous à gravir les 500 mètres de dénivelé qui vous séparent du sommet ! Ouf, profitez de la vue, vous l’aurez bien mérité !
Plan rando Reynard – sommet du Ventoux
La balade continue, cette fois-ci le long des crêtes en suivant le GR4. Vous pourrez ici observer des espèces plus montagnardes comme les Merles à plastron en hiver ou les Traquets motteux au printemps. Il n’est pas rare d’apercevoir des Vautours fauves en provenance des gorges du Verdon ou des Baronnies tous proches. N’hésitez pas à jeter un coup d’œil sur les escarpements et les éboulis côté nord, c’est là que vous aurez la chance d’apercevoir chamois et mouflons. Avant d’arriver au Pas de la Frache, empruntez le sentier balisé en jaune pour rejoindre le chalet Reynard où vous pourrez déguster d’excellentes crêpes ainsi que boissons chaudes ou froides en fonction de la saison ! La route vous ramène tranquillement au parking.
Le Balcon Nord du Mont Serein.
Cette rando est le miroir de la précédente. Avec 510 m de dénivelé, il faut compter 5h pour parcourir cette boucle au départ du Mont Serein, côté Nord du Ventoux. La première partie de la balade suit le GR9 dans les pierriers et la hêtraie relictuelle du massif. C’est le royaume du chamois, que l’on croise régulièrement au fil de l’ascension. On finit par quitter le GR par le chemin de petite randonnée qui permet de rejoindre la tête de la Grave et le Gr4. Le parcours le long des crêtes au milieu des pelouses alpines est agréable et plus reposante. Une fois au sommet, à la table d’orientation, un sentier redescend en zigzagant jusqu’au mont Serein.
20 février 2016
Petite balade hivernale sur le Ventoux. Cela fait déjà une semaine que la neige est tombée sur le Géant de Provence. Mais après de belles journées ensoleillées, seuls le sommet et les versants nord sont encore recouverts par le manteau blanc. Pour nous, ça sera rando côté sud pour monter au Col de la Frache. Ici, tout a pratiquement fondu, enfin presque … juste assez pour repérer les traces de quelques animaux, ici un blaireau, là un cerf, du renard …