Le Grand Sud, riche mais fragile
Le grand sud, ces vastes espaces sauvages, ses montagnes d’un rouge vif tranchant sur le lagon turquoise et la végétation verdoyante fait partie des plus beaux sites de la Calédonie. Loin de l’image de douceur des îles du Pacifique, la beauté s’impose ici à vous de façon brutale. Cependant, devant cette apparente force naturelle, l’homme n’a pas hésité ici encore à suivre l’adage cartésien “se rendre comme maître et possesseur de la nature”.
De profondes tranchées ont été creusées pour accéder au recherché minerai, des éoliennes dressées sur les crêtes et des usines ont vu le jour dans ces milieux pourtant si sensibles. L’action humaine a mis en évidence la fragilité de ces milieux ultramaphiques qui accueillent une faune et une flore adaptées et par conséquent avec un fort taux d’endémisme. Les enjeux de conservation, sont donc particulièrement importants ici ce qui permet de comprendre la création de nombreuses réserves comme le parc provincial de la rivière bleue ou encore la réserve des chutes de la Madeleine. Des espaces riches, des milieux fragiles et des paysages à couper le souffle, je vous invite donc à me suivre pour un tour du grand sud de la Calédonie.
Carte du Grand Sud
Il faut du temps pour découvrir des espaces. Je vous propose ici d’aller à l’essentiel en vous proposant un circuit sur deux jours permettant de s’arrêter sur les spots incontournables. Pour ceux qui ont la chance d’avoir plus de temps, je vous indiquerai au fur et à mesure les extensions possibles.
Itinéraire : Jour 1
Commençons notre tour en quittant Nouméa, après la Coulée. Nous quittons la RP1 pour suivre la RP3 en suivant la route de Yaté qui traverse des espaces typiques du maquis minier.
Parc Provincial de la Rivière bleue (Extension 2 à 3 jours)
Nous arrivons à l’embranchement qui permet rejoindre le parc provincial de Rivière bleue. Créé en 1980, ce parc naturel de 22000 ha est le lieu récréatif pour les habitants de Nouméa. Mais il est également d’une très grande richesse naturelle. On peut y observer les espèces emblématiques du caillou comme le cagou huppé ou le méliphage noir, l’oiseau le plus menacé du pays. Site incontournable pour les amoureux de la nature, les activités possibles y sont nombreuses : rando, vélo, kayak … Il faut au moins consacré deux jours à ce site extraordinaire.
Mais pour nous qui faisons notre tour en deux jours nous laissons le parc sur la gauche. Nous continuons sur la route principale qui longe le lac de Yaté. Il est possible de faire quelques stops pour jouir de la vue et faire quelques images. Long de 22km, ce lac a été crée en 1959 afin de répondre à l’importante demande en électricité de l’usine de traitement du nickel de Doniambo à Nouméa.
Yaté
Arrivés au bout du lac, on quitte la route principale pour emprunter la piste qui conduit au barrage. Depuis le parking, un sentier longe la rivière Yaté.
Si vous avez le temps, vous pouvez faire la boucle qui nécessite environ 4 heures. Mais vous pouvez vous contentez de gagner les piscines naturelles qui se trouvent seulement à 30mn de marche. Idéal pour prendre votre pique-nique. Embarquez de quoi manger et votre maillot pour profiter des eaux translucides lors d’un bain rafraîchissant.
De retour à la voiture, reprenez la route. Arrêt obligatoire au point de vue du col sur le lac de Yaté.
A partir de là les lacets redescendent vers l’océan et la petite ville de Yaté. Vous pouvez y passer la nuit. Dominé par le massif du Kouakoué qui culmine à 1501m et abrité par la baie de Wao, vous vous laisserez charmer par l’authenticité de ce village. Les drapeaux souvent élimés par le vent flottent dans les airs. Les tags sur les arrêts d’autobus rappellent au touriste de passage la réalité politique complexe de la Calédonie.
J’ai testé le camping d’Iya, cadre très agréable en bord de mer, repas possible également. Le soir, vous pourrez vous endormir avec le bruit des arbres tandis que les roussettes volent au-dessus des arbres. Au petit matin, vous serez réveillés par le chant des notous et les cris des corbeaux calédoniens.
Jour 2
Au petit matin, prenons la route longeons le lagon. Petit crochet par la tribu de Yaté et sa charmante église.
De Goro au Cap N’Dua
La route conduit à la tribu de Goro. Faites une petite pause à la cascade où il est possible de se baigner lors de la saison des pluies. Continuez la route jusqu’à la bifurcation conduisant à Kanua Tera Ecolodge. Parfait pour une pause café ou prendre le repas du midi. Depuis la terrasse, profitez de la vue sur la baie de Port-Boisé.
Continuons notre tour en poursuivant la route principale. On la quitte à nouveau pour gagner la piste qui part sur la gauche. Elle nous permet de monter au parking du Cap N’Dua. Il ne faut ensuite pas plus de 15mn de marche pour grimper au phare. D’ici vous aurez un magnifique panorama sur le lagon et la côte. Ouvrez l’oeil, il n’est pas rare d’observer ici le balbuzard australien ainsi que le faucon pèlerin. Durant l’hiver austral, vous aurez peut-être la chance également d’observer les baleines.
Reprenons la voiture pour continuer notre tour. Nous passons à proximité de l’impressionnante usine de Goro, ambiance de science-fiction qui dénote au milieu de ces paysages sublimes. Si vous passez une nuit à proximité, un coup d’oeil nocturne vaut le détour.
Petit détour : la réserve naturelle des chutes de la Madeleine (+2h)
Arrivés à l’embranchement avec la Rm10 vous pouvez faire un petit aller-retour jusqu’à la réserve naturelle des chutes de la Madeleine.
La petite réserve des Chutes de la Madeleine permet de découvrir la flore endémique. Sur ces sols latéritiques très riches en minéraux, les plantes ont été contraintes de développer des capacités d’adaptation particulières. Ceci permet ainsi de comprendre le fort taux d’endémisme. Sur les 168 espèces dénombrées dans les 400 ha de la réserve, 95% sont endémiques au Caillou.
Autrefois exploité, le site a fait l’objet depuis 1998 d’un programme de restauration. Pus de 10 000 plants ont ainsi été remis en place. L’entrée du parc dont l’accès est payant (400 XPF / ad). Les chutes ne sont qu’à 5 mn à pied de l’entrée. Il est désormais interdit de s’y baigner. Si vous voulez profiter de la rivière, rdv sur le site de la Netcha à 2 km plus au nord.
Prony
Une fois revenus sur la CR7 continuez jusqu’à la piste qui mène au bagne de Prony. Sur la piste, prenez le temps d’une pause photo depuis le point de vue qui domine toute la baie.
Cette baie et le village doivent leur nom à la corvette Prony. C’est elle en effet qui découvrit ce site en 1854, un an après la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France. En 1863, à la suite de la Guyane, la Nouvelle-Calédonie devient une colonie pénale pour l’exécution de la peine des travaux forcés. Un an plus tard, le premier convoi de 248 forçats arrive à Nou à bord de l’Iphigénie. En 1867, le capitaine Sebert installe à Prony, avec 34 transportés, une exploitation forestière. La colonie restait en effet trop dépendante de ses importations de bois.
Originellement destiné à la transportation, le site passe en 1873 sous le contrôle de l’administration pénitentiaire. Il devient en 1890 un centre de relégation. Il existe en effet différentes catégories de bagnards : les transportés, les déportés, les relégués. Tout d’abord, les transportés désignent les auteurs de crime condamnés aux travaux forcés (loi du 30 mai 1854). Ensuite, les déportés concernent les condamnés politiques (loi du 8 juin 1850). Enfin, les relégués, les récidivistes (loi du 27 mai 1885). En 1897, l’arrêt de l’envoi de convois ne permet plus d’approvisionner Prony en main d’oeuvre et l’exploitation ferme en 1911. En 1956 le village est à nouveau utilisé cette fois-ci par la SOCAMIFER. L’entreprise y installe des maisons pour les mineurs. Ils occuperont le site un peu plus de 10 ans jusqu’à ce qu’il soit à nouveau abandonné en 1968.
Aujourd’hui, la nature semble reprendre ses droits. Les bagnans engloutissent les anciens bâtiments, effaçant petit à petit les traces de ce passé. Depuis 1990 l’Association du village de Prony oeuvre pour préserver ce patrimoine et réhabiliter les maisons des mineurs. Certaines sont toujours habitées.
De Prony à La Coulée.
Le tour touche à sa fin, reprenez la route principale que l’on suit en direction de Plum. Arrêt photo au point de vue de la plaine du champs de bataille. D’ici vous pouvez également voir les éoliennes anti-cycloniques.
La route redescend et traverse la rivière des Pirogues.
Nous traversons Plum et contournons le Mont Dore. Il est d’ailleurs possible de remplir vos bouteilles d’eau à la source en bordure de la route. Nous regagnons La Coulée et la boucle est bouclée !
J’espère que ce tour du grand sud vous a plu ! A faire et à refaire en faisant varier les saisons et les extensions !
2 Comments
Gauthier
Le Grand Sud est THE spot à ne pas rater en Nouvelle-Calédonie. A chaque fois que j’y vais j’ai toujours cette sensation d’être dans un lieu mystique et coupé du monde… Si vous ne voulez pas conduire ou que vous voulez sortir des sentiers battus, je vous conseille l’excursion “Grand sud” de Toutazimut. A la journée, vous partez en 4×4 et c’est super sympa à faire en famille ou entre amis.
Voici ici : https://www.toutazimut.nc/pt/checkout/eco-tour-lincontournable-en-4×4-hors-des-sentiers-battus-357
Bonne balade !
Sophie
Merci Gauthier pour ce conseil. Je ne connaissais pas mais c’est vrai que ça peut être un bon moyen de découvrir cette région !