Samedi 20 décembre : Une journée magnifique en Camargue, pas de vent, un grand ciel bleu et un soleil au beau fixe … Temps idéal pour partir observer les premiers hivernants malgré les températures bien clémentes. Les hivers s’enchaînent et se ressemblent, LE Goéland brun de Cacharel toujours à sa place au fil des années, les Pluviers dorés rangés dans la sansouire près de l’étang de Consécanière, les Nettes rousses autour de l’îlot … quelques changements à noter cependant …
Nous arrivons en Camargue alors que le soleil se lève. S’il y a bien une chose qui a changé en Camargue ces dernières années, c’est le nombre de Grues cendrées hivernant ici. Au début des années 2000, seulement quelques centaines d’individus se rassemblaient dans les champs camarguais. Nous étions heureux d’observer ces grands oiseaux gris qui affectionnaient particulièrement la petite Camargue. Aujourd’hui, plusieurs milliers de Grues passent l’hiver dans les rizières et peuvent être observées à travers tout le delta. Ce matin, depuis la route descendant aux Saintes-Maries de la mer, nous admirons les nombreux vols d’où proviennent les cris claironnants des oiseaux.
Vers 8h30, la majorité des oiseaux s’est répartie sur les sites d’alimentations et les vols se font plus rares. Nous poussons jusqu’à la plage près du village. Les conditions d’observation sont moyennes mais les oiseaux sont actifs et nous parvenons à les repérer en vol : 2 Plongeons arctiques, puis 5 Harles huppés suivis de 3 Pingouins tordas (et pas des manchots !) ainsi qu’un Fou de Bassan. Tout au large, les Puffins yelkouans dessinent de larges orbes avant de disparaître derrière l’horizon. Rapide passage sur les plages côté Est du village, mais peu d’oiseaux si ce n’est quelques Grèbes huppés et Grands cormorans.
La matinée se poursuit le long de la piste de Cacharel. Les oiseaux ici ont leurs habitudes et l’ornithologue s’amuse à prédire quel sera le prochain oiseau, tels les prisonniers de la caverne de Platon, habitués à observer l’ordre des ombre sur le mur de la caverne … Le prochain sera le Goéland brun. Bingo ! Il est là, dans le même trou d’eau qu’il y a 10 ans, entre les deux bosquets de salicorne.
Plus loin, il devrait y avoir le reposoir de Pluvier doré … ouf, ils sont bien là, nous voilà rassurés !
L’Aigle criard est-il sur son tamaris ?? petit coup de longue-vue, il n’y est pas … nous voilà déboussolés ! Pas de surprise en revanche avec les nettes rousses agglutinées autour de l’îlot sur l’étang de Consécanière.
Midi le juste : l’heure des rapaces, avec une pompe de 8 Busards des roseaux, auxquels vient se joindre un Aigle botté forme sombre. Plus loin, ce sont des Cigognes blanches qui cerclent, et dans le même thermique … un autre aigle : 1 Bonelli.
Les impériaux dominés au loin par le mont Ventoux sont calmes, seuls quelques flamants amorcent leurs parades.
Nous filons vers Scamandre, à la recherche de belles observations d’Aigles bottés qui affectionnent particulièrement cette zone pour y passer la période des grands froids … mais pas de chance aujourd’hui ! Tout ne se déroule pas conformément à nos prévisions, pas plus que la météo d’ailleurs, car le vent ne s’est pas levé de la journée, contrairement à ce qui était annoncé ! Il fait si beau, qu’une Couleuvre vipérine a décidé de prendre le soleil.
La lumière décline, les oiseaux sont assez peu nombreux de ce côté de la Camargue et nous nous occupons à photographier des Hérons garde-bœufs au milieu de chevaux.
Nous terminons la journée au bord du Vaccarès, à proximité du domaine de Méjanes. L’étang se teinte d’un rose violacé tandis que quelques Goélands railleurs s’alimentent encore alors que les Mouettes rieuses se rassemblent au large en pré-dortoirs. L’ambiance est sereine. Un groupe de 13 avocettes viennent se remiser dans les eaux peu profondes. Les foulques se concentrent dans une petite baie en compagnie de quelques tadornes. Nous savourons ce moment magique rompu par de puissantes détonations. Un chasseur non loin de là tire, probablement sur les canards. Nous sommes brutalement arrachés à notre contemplation et ramenés à la dure réalité des espaces naturels français. Tout décolle. Les oiseaux fuient, le Vaccarès s’est vidé de toute vie. Navrant.