Samedi 20 octobre

Nous quittons Port Olry de bonne heure pour retourner à Luganville. Changement de sacs, préparation des affaires et nous voilà déjà repartis. Arrêt à l’office  de Millenium cave pour payer l’expédition et nous joindre au groupe d’Australiens qui patiente déjà.

Parcours de Millenium cave

Nous voilà embarqués dans un mini bus, direction les montagnes au nord de la ville. La route, à l’origine une piste d’atterrissage construite par les Américains durant la guerre, devient rapidement impraticable à l’exception des 4X4. Nous sommes secoués en tous sens avant d’arriver à un premier village où se dressent quelques cases sur la terre battue. Nous laissons là notre véhicule et partons à pieds sur un sentier boueux.

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notre bus
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Arrivée au village

Ce n’est qu’au bout d’une demi-heure que nous arrivons au village suivant, isolé du reste du monde.

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Village de Millenium cave
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Village de Millenium cave

C’est là que l’aventure commence. Nous sommes accueillis dans la case principale où nous déposons nos affaires et enfilons nos gilets de sauvetage que nous ne quitterons plus de la journée. Autant vous le dire tout de suite, vous finissez trempés, ne rien emmener qui soit sensible, si vous espériez faire des photos avec votre portable, oubliez ! Nous prenons nos sandwichs achetés préalablement à Luganville, il n’y a rien sur place, que nous plaçons dans des sacs « étanches ». Quelles chaussures prendre ? J’avais embarqué mes chaussure décathlon de plage fermées, bien pratique au final, ça évite d’avoir ses baskets mouillées jusqu’à la fin du séjour. Maillot de bain et lycra à manches longues pour le haut et short. Me voilà fin prête ! La première partie du parcours traverse la forêt où retentissent le chant des pigeons, malheureusement pas le temps de faire de l’ornitho dans ces conditions ! On marche dans la boue, on glisse, on rampe, on traverse des rivières, accompagnés par nos deux guides originaires du village. L’un d’eux ne parlant ni anglais ni français, c’est parfois un peu difficile de communiquer.

A l’approche de la grotte, arrêt peinture. Le guide trace à la boue sur nos visages les signes de protection : l’oiseau, le chemin, les rochers. Les esprits nous reconnaîtront et nous aideront à trouver notre route dans les méandres de la faille. Je demande si c’est efficace, il n’y a pas eu d’accident jusqu’à ce jour, donc oui.

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Millenium cave
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Millenium cave

Nous arrivons devant la grotte, immense et haute, dominée par des stalactites entre lesquels vols d’innombrables salanganes. Mais une mauvaise surprise nous attend. Les échelles permettant de descendre sont coupées. Intempéries ? Nous apprendrons plus tard que des discordes entre les membres du village au sujet de la gestion de l’activité touristique ont fait naître quelques mécontentements poussant à des actes de malveillance. Ce n’est cependant pas ce léger détail qui freine nos guides. Sortant marteaux et cordes, ils élaborent des échelles de fortune tandis que les touristes prennent leur pique-nique, légèrement dubitatifs sur les réparations en cours. ça tient vraiment ??? Au final nous descendons chacun à notre tour dans l’obscurité sans accident. On nous distribue des lampes étanches et c’est parti pour une marche dans une rivière souterraine au courant parfois assez fort. Les peintures sur le visage doivent vraiment être efficaces car les conditions de sécurité sont inexistantes ! Mais c’est aussi cela qui fait le charme de l’aventure ! Les cris des salanganes et des chauves-souris retentissent en permanence, étouffés par les tumultes de la rivière. De la pointe des pieds j’essaie de deviner la forme des rochers et leur équilibre pour assurer mon avancée et éviter les glissades. La lumière du jour finit par pointer, nous sortons du tunnel naturel pour aboutir dans une vallée encaissée. Nous suivons la rivière, tantôt en marchant, tantôt en nageant, tantôt en escaladant d’imposants blocs rocheux parfois munis de cordes pour faciliter la manœuvre. Mieux vaut ne pas avoir le vertige tout de même ! mais c’est vraiment excellent. Nous finissons par quitter la rivière et avons droit à une dernière montée bien raide dans la boue et les eaux ruisselantes jusqu’au plateau où se situe le village. De retour dans la case commune nous avons droit à une boisson chaude bien méritée.

C’est ici que nous quittons les australiens qui s’en retournent dans leur hôtel. Pour notre part, nous avions opté pour l’accueil en tribu et sommes installés dans une grande case commune. Les villageois s’adonnent à leurs activités tandis que nous prenons notre douche à la rivière. C’est l’heure de la préparation du kava, cette boisson traditionnelle en Mélanésie, dont la consommation est très importante au Vanuatu. Préparé à base de la racine d’un cultivar du poivrier sauvage, le rhizome est coupé puis rappé. On le laisse infuser avant de le passer à travers les vêtements. (faut juste espérer qu’ils soit lavés !). L’apparence n’est pas très engageante, mais c’est pas mieux au goût ! C’est assez terreux, quoique celui du Vanuatu reste meilleur qu’en Nouvelle-Calédonie, préparé à base de kava séché. Et oui, cette plante ne pousse pas sur le caillou et on l’importe du Vanuatu.

Alors pourquoi boit-on le kava ?  Le kava est réputé pour son côté relaxant. Cette boisson est consommée de façon traditionnelle dans les nakamals, entre hommes, lors des réunions et cérémonies. Mais aujourd’hui, on trouve des bars à kava partout au Vanuatu. Lorsque la nuit tombe, les petites lumières tamisées s’éclairent. C’est ici que se retrouvent les Ni-Van après la journée de travail. On le boit cul-sec dans de petits bols appelés « sel » au-dessus d’un évier, avant de cracher. Les effets sont quasi immédiats : picotements et anesthésie dans la bouche. On peut ensuite s’asseoir et discuter avec les voisins. Ici, dans le village de Millenium cave, la préparation du kava du soir semble monopoliser les énergies. Enfin, le breuvage recueilli dans une grande bassine est prêt. Je retourne rapidement à la case commune, mauvaise surprise, on a pillé mon portefeuilles … Mais en tribu, tout se règle en interne. Nous faisons coutume avec le chef. C’est l’homme qui porte la parole et Nicolas remercie le village pour son accueil. Il explique la petite mésaventure. Le chef désolé, nous dit de nous arranger le lendemain matin à l’office où le guide pourra nous rembourser. Nous partageons le kava et dégustons un copieux repas traditionnel.

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Accueil en tribu
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Accueil en tribu

La nuit est calme, et au petit matin, nous retraversons la forêt pour retourner au premier village où nous attend un véhicule. De retour à l’office, nous réveillons notre guide de la veille, appartenant à la famille du chez, qui nous remboursera une partie de la somme disparue. Malheureusement, ce sont des conflits internes au clan qui ont conduit au vol et dégradations du sentier. Certains membres se sentant lésés dans la répartition des gains liés à l’activité voient d’un mauvais œil la présence des touristes. Quelques jours après notre passage, cette excursion sera d’ailleurs fermée pour des raisons de sécurité.

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