Une journée dans la réserve des sept îles. 6 août 2025. Si les célèbres macareux ont déjà quitté les falaises, la vie sauvage est loin de s’éteindre. Au large de Perros-Guirec, les îlots battus par les vents restent animés par l’impressionnante colonie de fous de Bassan. Ces silhouettes blanches et élancées qui tournoient au-dessus de la mer avant de plonger avec une précision spectaculaire. Le temps d’une journée, cette parenthèse maritime offre une immersion au cœur d’un sanctuaire naturel. Le cri des oiseaux, l’odeur iodée et la rudesse minérale des îles rappellent à quel point la Bretagne sait encore préserver des espaces sauvages d’exception.
- La réserve des Sept îles
- Comment visiter la réserve des Sept îles ?
- Quelle est la meilleure période pour visiter les Sept îles ?
- Le macareux moine, espèce emblématique des sept îles et de la LPO
- La colonie de Fou de Bassan de Rouzic
- Les phoques gris des Sept îles
- Escale sur l’île aux Moines
- Naviguer le long de la côte de granit rose
- Itinéraire à la découverte des Sept îles
- Que faire après avoir découvert les Sept îles ?
La réserve des Sept îles
Au large de Perros-Guirec, l’archipel des Sept-Îles est un haut lieu de la découverte naturaliste en Bretagne. Classé réserve naturelle, ce chapelet d’îlots rocheux constitue un refuge essentiel pour de nombreuses espèces d’oiseaux marins. Elles y trouvent des conditions idéales pour nicher et se reproduire. Le site est géré par la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux). Son travail quotidien vise à préserver ces milieux fragiles tout en permettant leur observation dans le respect de la faune. Suivis scientifiques, protection des colonies, sensibilisation du public. La présence de la LPO est indissociable de l’équilibre de l’archipel. Elle fait des Sept-Îles un véritable laboratoire à ciel ouvert pour comprendre la richesse et la vulnérabilité du monde marin.
Voilà bien longtemps que je me disais qu’il fallait que je vienne visiter la réserve des Sept île. Berceau de la LPO et refuge pour les oiseaux marins, je n’avais que trop tardé. Ce trip d’un mois en Bretagne ne me laissait plus d’excuse. Certes, j’arrivais un peu trop tard avec le départ des macareux. Mais les ambiances de la colonie de fou de Bassan sont toujoiurs aussi saisissantes. Et ce même si j’avais visité quelques jours auparavant celles des îles Skellig en Irlande.
Pour en savoir plus, RDV sur le site de la LPO – Réserve des sept îles

Comment visiter la réserve des Sept îles ?
Vous pouvez seulement visiter les Sept îles grâce à des visites guidées en bateau. Il est possible de débarquer sur l’île aux moines.
- Visite avec la LPO : La LPO organise des sorties en mer au sein de l’archipel des Sept îles. Leur approche naturaliste est donc très adaptée pour découvrir la réserve. Pensez à bien réserver à l’avance si vous voulez y participer : LPO – sortie aux Sept îles.
- Si comme moi vous vous y prenez trop tard et qu’il n’y a plus de place avec la LPO voici une autre option. Vous pouvez faire une sortie grand public avec Armor navigation qui assure des excursions quotidiennes au départ de Perros-Guirec. La compagnie propose deux excursions différente, avec ou sans escale sur l’île aux Moines. J’ai choisi l’option de 2h30 avec escale. C’est cette balade que je vous raconte ici et les photos que j’ai prises lors de cette journée. (à l’exception de la photo de macareux que j’ai piochée dans mes images d’Islande juste pour illustrer l’espèce).
Quelle est la meilleure période pour visiter les Sept îles ?
Le mois de juin est le meilleur moment pour visiter les sept îles. C’est à en effet à ce moment que vous aurez la chance de voir le maximum d’oiseaux marins. Le célèbre macareux moine est encore sur l’archipel.
Le macareux moine, espèce emblématique des sept îles et de la LPO
Le macareux moine est l’espèce emblématique de l’archipel des Sept-Îles. Non seulement pour son allure singulière et colorée, mais aussi pour son rôle fondateur dans l’histoire de la protection du site. À la fin du XIXᵉ siècle, cet oiseau marin, alors fortement menacé par la chasse et le prélèvement d’œufs, voit ses effectifs chuter de manière alarmante. L’émotion suscitée par le déclin du macareux conduit, en 1912, à la création de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). C’est la première association française dédiée à la sauvegarde de l’avifaune. La protection de l’archipel permet progressivement le retour et le maintien de cette espèce fragile. Le macareux moine devient le symbole vivant des Sept-Îles. Il figure également sur le logo de la LPO. Témoin de l’engagement durable en faveur de la conservation de la nature.

Des effectifs qui restent fragiles
La population de macareux moines aux Sept-Îles a connu des fluctuations importantes au fil du temps. Au milieu du XXᵉ siècle, avant la protection, l’espèce était beaucoup plus nombreuse en Bretagne. Des milliers de couples nichaient sur une quinzaine d’îles allant de Houat jusqu’aux Sept-Îles. Mais la chasse intensive du début du XXᵉ siècle avait presque anéanti ces colonies. Elle conduisit à la création de la LPO et à l’interdiction de chasser ces oiseaux sur le site dès 1912. Depuis, les effectifs se sont reconstitués mais restent modestes et fragiles.
Dans les années récentes, les comptages montrent des variations selon les méthodes d’estimation. Autour de 220–260 couples vers la fin des années 2010, puis des estimations plus prudentes autour de 57–100 couples dans les années 2020, avec une tendance globale à la baisse ou à la stabilité à faible niveau. Cette faible taille de colonie, bien inférieure à ce qu’elle était il y a plusieurs décennies, reflète les pressions persistantes sur l’espèce notamment climatiques et alimentaires, malgré les efforts de conservation en place.
Quand voir le macareux aux Sept îles ?
Le macareux moine n’est visible aux Sept-Îles que pendant une période relativement courte de l’année. Il rejoint l’archipel au printemps, généralement entre mars et avril, pour la saison de reproduction. C’est à cette période, et surtout entre mai et juin, qu’il est le plus facilement observable. C’est lorsqu’il fréquente les terriers de nidification et rapporte des poissons à son poussin. Dès le mois de juillet, les macareux commencent progressivement à quitter les îles. Début août ils ont le plus souvent déjà repris le large, passant le reste de l’année en pleine mer.
La colonie de Fou de Bassan de Rouzic
L’île Rouzic, au cœur de l’archipel des Sept-Îles, abrite la seule grande colonie de fous de Bassan de France métropolitaine. Dès leur retour en fin d’hiver, ces immenses oiseaux blancs et noirs s’installent sur les falaises escarpées pour nicher et élever leurs jeunes. Ils forment un véritable « traffic aérien » de plongeons spectaculaires et de vols circulaires au-dessus de la mer. Historiquement installée depuis les années 1930 grâce à la protection du site par la LPO, la colonie a connu des effectifs importants.
Plusieurs dizaines de milliers de couples. Mais ces chiffres ont été réduits récemment par des événements tels que la grippe aviaire et d’autres pressions environnementales. L’île Rouzic reste cependant un centre vital pour l’espèce en France. Elle est protégée et inaccessible au public pour préserver la quiétude des oiseaux. Elle représente ainsi une vitrine vivante de la biodiversité marine et de l’importance des zones sanctuarisées pour la nidification des oiseaux marins.

Après avoir quitté le port de Perros-Guirec, nous prenons le large et la direction de l’île de Rouzic. Nous nous approchons d’assez près pour observer les oiseaux posés sur leur nid avec leur poussin pour la plupart près à l’envol. De nombreux oiseaux volent au-dessus du bateau assurant un spectacle époustouflant. Les écueils sont nombreux et accueillent d’autres oiseaux : goélands argentés ainsi que des cormorans huppés.

Quand voir les fous à Rouzic ?
Les fous de Bassan sont présents aux Sept-Îles une grande partie de l’année. Mais leur cycle de reproduction rythme leur visibilité. Ils reviennent sur l’île Rouzic dès février–mars, annonçant le début de la saison de nidification. Les pontes ont lieu au printemps. L’été correspond à une période d’intense activité, lorsque les adultes alternent nourrissage des poussins et impressionnants plongeons en mer. Les jeunes prennent leur envol entre août et septembre, avant de quitter progressivement la colonie. À l’automne, les îles se vident peu à peu. Les fous de Bassan passent l’hiver en pleine mer, parfois très loin des côtes européennes.

Le fou de Bassan
Le fou de Bassan est le plus grand oiseau marin d’Europe. Il mesure environ 85 à 100 cm de long, pour une envergure pouvant atteindre 1,80 à 2 mètres et un poids moyen de 2,5 à 3,5 kg. Sa silhouette élancée, son plumage blanc contrasté de noir et sa tête légèrement jaunâtre en font une espèce facilement reconnaissable.

Mais c’est surtout sa technique de pêche qui fascine : le fou de Bassan repère ses proies depuis les airs avant de plonger en piqué, ailes repliées, depuis parfois plus de 30 mètres de hauteur, atteignant une vitesse proche de 100 km/h à l’impact avec l’eau. Son corps parfaitement adapté amortit le choc, lui permettant de poursuivre les poissons sous la surface. Ces plongeons spectaculaires, visibles autour de l’île Rouzic, comptent parmi les scènes les plus impressionnantes offertes par la faune marine bretonne.

- Le saviez-vous ?
- Le fou de Bassan peut fermer ses narines et possède des sacs aériens sous la peau qui amortissent le choc lors de ses plongeons.
- Malgré sa taille imposante, il se nourrit presque exclusivement de petits poissons pélagiques comme le maquereau ou le hareng.
- Les couples sont fidèles d’une année sur l’autre et se reconnaissent grâce à des parades vocales et des mouvements de tête très codifiés.
- Un jeune fou de Bassan quitte le nid sans savoir voler : il se jette à la mer et apprend progressivement à survivre en pleine mer.
- En dehors de la période de reproduction, il peut parcourir des milliers de kilomètres en Atlantique Nord, passant de longs mois sans jamais toucher la terre.
Les phoques gris des Sept îles
Au-delà des oiseaux marins emblématiques, l’archipel des Sept-Îles abrite également une importante colonie de phoques gris, qui en fait l’un des sites majeurs pour cette espèce en France métropolitaine. Présents toute l’année autour des îlots rocheux, ces pinnipèdes profitent des reposoirs en mer et des zones d’estran pour se reposer, muer et se reproduire dans un environnement protégé et tranquille.
L’archipel est reconnu comme le principal site de naissance pour le phoque gris en Bretagne, accueillant une grande part des jeunes nés chaque automne et contribuant de façon significative à la conservation de l’espèce au niveau national. Les effectifs varient selon les saisons — d’une trentaine à une centaine d’individus selon les comptages. L’archipel des Sept-Iles présente 18% de la population de rang national et chaque automne, 70 % des naissances de phoque gris de rang national. Nous avons la chance d’observer quelques individus se reposant tranquillement sur les rochers. Seule cette espèce est présente ici. Le phoque veau-marin, quoique commun par ailleurs, est extrêmement rare sur les côtes bretonnes.

Présence saisonnière du phoque gris aux Sept-Îles
Le phoque gris est observable aux Sept-Îles toute l’année, mais sa présence varie selon les saisons et les comportements biologiques. Au printemps et en été, les phoques utilisent les rochers émergents comme reposoirs, visibles à marée basse, alternant phases de repos et de chasse en mer. L’automne marque une période clé : c’est la saison des naissances, lorsque les femelles mettent bas sur les îlots les plus tranquilles de l’archipel. En hiver, les effectifs restent présents mais plus discrets, les animaux passant davantage de temps en mer. Cette occupation annuelle fait des Sept-Îles un site essentiel pour le cycle de vie du phoque gris en Bretagne.
Observer les phoques gris sans les déranger
La présence des phoques gris aux Sept-Îles est étroitement liée à la tranquillité des lieux. Lors des sorties en mer, il est essentiel de respecter les distances d’observation, de limiter le bruit et d’éviter toute tentative d’approche volontaire. Un phoque dérangé peut abandonner son reposoir ou interrompre des comportements essentiels comme l’allaitement ou la mue. Les bateaux d’observation sont encadrés par une réglementation stricte, mise en place par la réserve et la LPO, afin de concilier découverte du public et protection de la faune. Observer à distance, avec des jumelles, permet non seulement de préserver les animaux, mais aussi d’apprécier pleinement leur comportement naturel. N’hésitez par à lire mon article Comment bien choisir sa paire de jumelles pour les sorties en mer.

Escale sur l’île aux Moines

Après cette belle virée aux abrods de Rouzic, nous mettons le cap sur l’île aux Moines. L’île aux Moines est la seule île de l’archipel des Sept-Îles où le débarquement est autorisé, offrant une parenthèse à terre lors de la visite. Un sentier aménagé permet d’en faire le tour en environ 30 à 45 minutes, à un rythme tranquille, tout en découvrant un paysage façonné par le vent et les embruns. La végétation rase, typique des milieux insulaires, côtoie des zones rocheuses propices à l’observation des oiseaux marins, notamment les cormorans huppés et les goélands.



Quelques panneaux pédagogiques jalonnent le parcours et apportent des clés de lecture sur la faune, la flore et l’histoire de la réserve. Cette courte escale permet de mieux appréhender la fragilité de l’archipel et d’observer la nature dans un cadre strictement réglementé, garantissant la protection des espèces qui y vivent.

Nous avons environ 40 mn d’escale, ce qui nous laisse amplement le temps de découvrir le site. Des salariés de la LPO tiennent un point d’information sur la réserve et proposent d’observer quelques oiseaux et phoques à la longue-vue. C’est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur cette réserver et sur les tendances actuelles des effectifs.

Lors du parcours sur l’île aux Moines, deux éléments du patrimoine attirent particulièrement l’attention : le fort et le phare. Édifié au XVIIIᵉ siècle, le fort rappelle le rôle stratégique de l’archipel dans la défense du littoral breton, aujourd’hui reconverti en bâtiment technique lié à la gestion de la réserve. Un peu plus loin, le phare de l’île aux Moines, mis en service au XIXᵉ siècle, se dresse face au large et continue de guider les navigateurs le long de la côte de Granit Rose.

Naviguer le long de la côte de granit rose

Il est temps de reprendre la direction de la côte pour finir l’excursion en longeant la côte de granit rose. Il faut avouer qu’on en aura pris plein les yeux aujourd’hui ! La navigation le long de la côte de Granit Rose est un spectacle à part entière, offrant un point de vue privilégié sur l’un des paysages les plus emblématiques de Bretagne.
Depuis la mer, les rochers aux teintes rosées, sculptés par l’érosion, prennent des formes étonnantes qui contrastent avec le bleu changeant de l’océan. Falaises, chaos granitiques et petites criques se succèdent au rythme du bateau, tandis que les phares et balises rappellent la complexité de cette côte découpée. Cette approche maritime permet aussi d’observer la faune côtière — cormorans, goélands ou dauphins à l’occasion — et de mieux comprendre le lien étroit entre géologie, mer et biodiversité. Pas de chance pour nous car pas de dauphin aujourd’hui ! Mais on pourra dire que la sortie était vraiment riche en émotion !

Itinéraire à la découverte des Sept îles

Que faire après avoir découvert les Sept îles ?
Pour aller plus loin dans la découverte de l’archipel et de la biodiversité de la réserve, vous pouvez vous rendre au musée de la LPO sur l’Ile-Grande. Vous pourrez y découvrir une superbe exposition et l’unité de soins mobile.