Si vous cherchez de grandes plages de sable blanc, des allées au milieu de vergers aux fruits sucrés, ne venez pas à Port-Cros. Choisissez plutôt Porquerolles. En revanche, si vous rêvez de paysages sublimes, de falaises se jetant dans la mer, si vous avez le goût des paysages sauvages et des balades en pleine nature, alors vous ne pourrez qu’être séduits par ce lieu. Créée en décembre 1963, Port-Cros est le premier Parc national marin d’Europe. Il s’étend sur 700 ha terrestres avec les îlots du Rascas, de la Gabinière et Bagaud (classé en réserve intégrale, il est interdit d’y débarquer), et 1300 ha en mer. Port-Cros est réputé aussi bien pour ces espèces marines que terrestres.
Infos pratiques :
Comment se rendre à Port-Cros ?
- Navettes au départ du Lavandou : La compagnie le Corsaire effectue des trajets réguliers depuis Le Lavandou tout au long de l’année. Horaires
- – Navettes au départ de Hyères : Avec la compagnie TLV. Attention pensez à vérifier les horaires, les trajets au départ de Hyères sont moins fréquents. Horaires
- – En arrivant sur Port-Cros, pensez à faire un détour à la capitainerie et au point info du Parc, à gauche en descendant du bateau, vous pourrez vous y procurer une carte de l’île et les réponses à toutes vos questions. Pensez également à vous renseigner sur la réglementation en vigueur !
De nombreux sentiers parcourent l’île et permettent de découvrir les richesses de l’île à partir du village.
Itinéraires possibles :
De nombreux sentiers parcourent l’île et permettent de découvrir les richesses de l’île à partir du village.
Depuis le village, empruntez le chemin en direction de la plage du Sud. Vous l’atteindrez au bout de 40 mn. Profitez de la plage propice pour une petite plongée avec PMT, puis reprenez votre route jusqu’à la pointe du Cognet. Nouvelle pause, écoutez, vous entendrez probablement le chant d’un Monticole bleu ou d’un Faucon pèlerin. Jetez un coup d’oeil en mer : les puffins traînent souvent de ce côté de l’île. Scrutez les vagues : vous apercevrez peut-être un aileron de dauphin ou une pêche de thon. Poursuivez ensuite sur la route des crêtes jusqu’au Mont Vinaigre, point culminant de l’île avec 196 m . La vue est splendide ! Redescendez au village soit par la route des Forts, soit par le barrage. Sur la journée et en marchant vite, il est également possible de faire le tour de l’île.
Biodiversité
Les puffins
L’île joue un rôle fondamental pour la reproduction des puffins, oiseau marin de la famille des albatros. Deux espèces sont présentes : le Puffin cendré (Calonectris diomedea) et le Puffin yelkouan (Puffinus yelkouan) espèce endémique de Méditerranée. Ces oiseaux ont connu une forte régression. Elle s’explique en partie par la prédation des chats et des rats en période de nidification. En effet, comme de nombreux oiseaux insulaires, les puffins sont sensibles à la présence de prédateurs importés. Pour remédier à ce problème, le Parc a mis en place une campagne de piégeage sur le Rat noir. Un suivi des populations de chats est également nécessaire. Ces actions et un programme de suivi ont ainsi pu voir le jour au sein d’un programme life.
Les Puffins ne touchent terre qu’en période de nidification. Ils gagnent leur terrier situé dans les falaises abruptes de nuit, à la fin de l’hiver. C’est alors que commencent leur parade nuptiale et leurs chants plaintifs s’élèvent des éboulis littoraux. Avant le lever du jour, les oiseaux quittent la terre en direction du large. Pendant la période d’incubation, un des adultes demeure dans le terrier. Le second gagne des eaux lointaines à la recherche de nourriture.
Le territoire de pêche des puffins n’est pas encore totalement connu. Mais le Golfe du Lion semble offrir de vastes ressources trophiques. Le relai au terrier s’effectue également de nuit. Autant dire que vous aurez peu de chance de croiser un puffin à terre ! En revanche, en mer et même durant la traversée, vous pourrez les apercevoir. Regardez, ils filent le long des vagues et jouent avec les vents. Ils ne donnent que très rarement des battements d’aile contrairement aux goélands. Ils se regroupent également en radeaux, vastes groupes posés en mer.
Pour en savoir plus :
- Conservation des puffins sur les îles d’Hyères
- Puffin cendré – Fiche INPN
- Puffin yelkouan – Fiche INPN
Le goéland leucophée
Le Goéland leucophée (Larus michaelis) est sans doute l’oiseau marin le plus commun sur l’île. Cependant sa population nicheuse a vu ses effectifs diminuer ces dernières années.
Les cormorans
Perché sur les rochers en bord de mer, à l’allure serpentiforme : le Cormoran de Desmarest (Phalacrocorax aristotelis desmarestii). Appelé également cormoran huppé de Méditerranée, Il s’agit d’une espèce endémique. En France, il ne niche qu’en Corse, sur l’Archipel de Riou dans les Calanques et sur l’Archipel des îles d’Hyères. Il n’y est représenté que par un seul couple dans la zone militaire de l’île du Levant. L’espèce est observée sur l’île de Port-Cros, soit en hivernage ou encore durant l’été. Les jeunes de l’année qui déjà volent sont erratiques. Au moindre danger, d’un coup d’aile il se retrouve à l’eau, contrairement à son cousin le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo). Celui-ci préfère s’envoler et n’est présent sur l’île que pour y passer l’hiver.
Oiseaux terrestres
Mais les oiseaux marins ne sont pas les seuls à profiter de cette île sauvage. Les falaises sont aussi favorables au Grand corbeau (Corvus corax), au Faucon pèlerin (Falco peregrinus) et Monticole bleu (Monticola solitarius). Elles accueillent aussi la nidification du Martinet à ventre blanc (Appus melba et le Martinet pâle (Apus pallidus).
La période de migration s’étend entre la fin du mois de mars et le mois d’avril. Prenez le temps de vous arrêter dans la petite roselière. Elle se trouve à la sortie du le village en direction de la plage du sud. Selon les conditions météo et avec un peu de chance, vous assisterez à une belle tombée de passereaux . Tariers des prés, Rougequeues à front blanc, Pouillots fitis, Gobemouches noir ou gris … selon les arrivages du jour !
Dans le maquis Fauvettes mélanocéphales, Pinsons des arbres ou Fauvettes à tête noire ne tarderont pas à se faire entendre. Plus discrets le Roitelet triple bandeaux et la Mésange bleue, autres passereaux nicheurs de l’île, compléteront votre liste. Tout ce petit monde s’agite et pousse des cris d’inquiétude. Ouvrez l’œil, il s’agit probablement d’un Epervier (Accipiter nisus). Mais si vous voulez voir du Rougegorge et bien il faudra attendre l’hiver. Et la Mésange charbonnière ? Et bien rendez-vous sur Porquerolles car cette espèce pourtant classique est absente de l’île.
Début du mois de juin, tandis que le chant du Merle noir (Turdus merula) se mêle aux cris des pinsons. Les innombrables Petits-ducs d’Europe (Otus scops) s’activent, quand, au loin, démarre le vrombissement de l’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus).
Reptiles et amphibiens
C’est l’heure où la vie s’anime dans les fissures des rochers. Ici, un scorpion laisse dépasser ses pinces. Là un mille-pattes, ailleurs de petits reptiles nocturnes : l’Hémidactyle verruqueux (Hemidactylus turcicus) et le Phyllodactyle d’Europe (Euleptes europaea). Ces deux-derniers font partie des espèces mythiques de l’île, leurs stations se faisant rares sur le continent. Toutes deux sont bien entendu protégées.
Pour l’anecdote, je tiens à rappeler que le phyllo est une espèce protégée, et qu’il est interdit de le manipuler. Cet individu m’est tombé dessus pendant que je faisais un point d’écoute dans le maquis sur Bagaud dans le cadre du suivi de l’avifaune. C’est ainsi que j’ai appris que cette espèce était à l’occasion arboricole, comportement déjà connu par les herpétos .
Pour rester dans le rayon herpétologie : le Discoglosse sarde (Discoglossus sardus), affectionnant les mares temporaires.
- Phyllodactyle d’Europe – Fiche INPN
- Phyllodactyle d’Europe – Fiche DREAL PACA
- Hémidactyle verruqueux – Fiche INPN
- Discoglosse sarde – Fiche INPN
La journée venue, vous pourrez observer d’autres reptiles. Pour certains bien plus impressionnants quoique inoffensifs : la Couleuvre à échelons (Rhinechis scalaris) et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus). Plus petit le Lézard des murailles (Podarcis muralis) est omniprésent sur l’île. Avec un peu de chance vous pourrez tomber sur l’un des individus de Tortue d’Hermann (Testudo hermanni). Elles sont issues d’un ancien programme de conservation de cette espèce.
Mammifères terrestres
Côté mammifères, la liste est plus pauvre. Le Rat noir (Rattus rattus) est omniprésent. On compte quelques Lapins de garenne (Oryctolagus cuniculus) et aujourd’hui de nombreux sangliers (Sus scrofa). Le premier était arrivé à la nage !
Mammifères marins
Enfin, si vraiment vous avez de la chance, vous pourrez faire la rencontre d’animaux plus imposants.
L’île de Port-Cros se situe dans le sanctuaire Pélagos, zone d’intérêt pour les mammifères marins. Près de la côte, on croise parfois le Grand Dauphin (Tursiops truncatus). Cette espèce affectionne les eaux côtières. Plus au large et plus commun : le Dauphin bleu et blanc (Stenella coeruleoalba). Ne le confondez pas avec le Dauphin commun (Delphinus delphis). Ce dernier est bien plus rare, voire quasi absent, sur nos côtes.
Mais de plus gros animaux croisent dans cette zone : le Rorqual commun (Balaenoptera physalus) de la sous-espèce méditerranéenne. Le Cachalot (Physeter macrocephalus), pêche également dans la fosse marine qui s’étend du Levant en direction du Cap Lardier. Vous pouvez également découvrir cette faune grâce aux sorties en mer organisées par Découverte du Vivant au départ de Sanary. Vous serez accompagnés par des naturalistes. Ils vous expliqueront les mœurs de cétacés, présenteront les espèces rencontrées et surtout, respectent l’éthique de vigueur. Des journées excellentes !
Les plantes
En matière de bota, nous laissons cela aux spécialistes, mais il est clair que l’île regorge de plantes remarquables. Citons le discret isoète, poussant près de ces fameuses mares temporaires. La griffe de sorcière (Carpobrotus), espèce invasive qui a tendance à recouvrir le reste de la végétation préoccupe les scientifiques. Une campagne d’arrachage a ainsi été mise en place mais de nouvelles repousses voient régulièrement le jour … De plus il existe un cercle vicieux entre les deux espèces invasives. Le rat se nourrit de la carpo et l’aide ainsi à disséminer ses graines.
Les fonds marins
Mais le milieu terrestre n’est pas le seul à explorer ici. Il faut impérativement prendre le temps de mettre la tête sous l’eau !
Où faire du snorkeling à Port-Cros ?
Les plages du sud et de la Palud permettent un accès facile à l’eau. A la Palud, vous trouverez un sentier sous-marin avec des panneaux explicatifs. Nagez jusqu’au rocher du Rascas. Vous aurez peut-être la chance d’observer un mérou. Il est clair qu’une plongée en bouteilles doit être extraordinaire. Mais la balade avec PMT est également excellente. Vous pourrez observer de nombreuses espèces de poissons dans de très bonnes conditions. A proximité du bord se côtoient girelles, sars, dorades, loups, sarans, castagnoles … Les rochers foisonnent de vie et de couleurs. Mais gare aux méduses ! La pélagie n’est pas rare et ses piqures très douloureuses … Pensez à vous renseigner à la capitainerie à votre arrivée.