Mardi 29 juillet
En route pour notre dernière étape de la journée ! Après avoir passé la matinée dans le Parc National d’Addo, le pique-nique sur les dunes de l’estuaire de la Rivière Gantoos, nous partons jusqu’à Stormriver où nous traversons des paysages certes verts mais essentiellement constitués de grands près où paissent les vaches qui donnent cette fabuleuse viande sud-africaine. Le côté nature n’est pas trop présent sur cette portion de la Garden Route. A l’approche de notre destination, le paysage évolue, des petites montagnes apparaissent et une forêt indigène remplace les cultures d’Eucalyptus et de résineux. Nous passons enfin l’entrée du parc de Tsitsikamma et rejoignons notre campement. La route qui nous y mène est une succession de lacets dans une magnifique forêt primaire qui débouche après deux kilomètres au bord de l’océan au pied de grandes falaises couvertes d’arbres aux formes torturées. Une brume venant de l’océan enveloppe la côte. Il se dégage une ambiance envoutante, sauvage et magique.
Le bruit est aussi impressionnant. Ici l’océan pilonne la côte rocheuse à grands coups de rouleaux qui viennent se fracasser sur les brisants faisant naitre des gerbes de plusieurs dizaines de mètres de hauteur ! Ce soir, nous dormirons ici, sur une petite plateforme de pelouse, vraiment très près des vagues. Nous ne le savons pas encore, mais ce sera a postériori le plus bel endroit où nous ayons la chance de dormir au cours de notre voyage.
En quittant le camp pour rejoindre un des trails du parc, on tombe sur un Guib harnaché à moitié dissimulé dans le couvert végétal. Instant fugace avant qu’il ne s’efface dans la forêt.
Nous entamons une petite balade pour cette fin de journée sur le Blue Duiker trail, histoire de se familiariser avec les espèces des forêts de Tsitsikamma, réputées pour leur biodiversité. De très grands spécimens d’Outenica Yellowwood Afrocarpus falcatus attirent immédiatement le regard. Ces arbres impressionnants, dominent majestueusement tous les autres arbres de cette forêt. Les plus grands individus dépassent les 30 m de haut et possèdent un rayon de tronc supérieur à 2m. Ces arbres inféodés aux forêts pluviales africaines font partie des plus anciens conifères de la planète, ils étaient déjà présents à l’époque du Gondwana, il y a quelques centaines de millions d’années. La dispersion des graines chez cette espèce se fait grâce aux Chauves-souris qui se nourrissent de la chair des fruits délaissant les graines qui tombent au sol mais, dans les forêts de Tsitsikamma, la dispersion se fait aussi grâce au Touraco de Knysna qui avale la chair et les graines et disperse ces dernières avec ses déjections.
Dès nos premiers mètres dans la forêt, de nouveaux chants apparaissent et l’on se retrouve rapidement confronté à la difficulté de repérer les oiseaux qui se dissimulent dans la canopée … douleurs nucales garanties ! Avec un peu de chance, nous parvenons à localiser très rapidement un couple de Touraco de Knysna que nous prenons dans un premier temps pour des écureuils sautant de branche en branche. La longue queue du touraco et son mode de déplacement saltatoire inhabituel pour nos oiseaux européens nous auront perturbés quelques instants. L’oiseau, discret dans le feuillage, est d’une rare beauté avec son plumage vert, son œil ourlé de blanc, sa huppe verte à l’extrémité blanche et le dessous des ailes rouges. Que de couleurs pour un seul oiseau !
Parmi les autres espèces que nous parvenons à identifier, on peut citer le Pouillot à gorge jaune, le Pririt du Cap, le Pic olive et le Zostérops du Cap.
La soirée se termine au restaurant du camp avec encore une fois une dégustation de viande grillée (cuisson middle rare) et sa petite sauce qui va bien ! Un rapide night drive avant de se réfugier dans les duvets ne donnera rien.
Mercredi 30 juillet
La nuit a été calme. Le fracas des vagues et le bruit de la cascade voisine ne nous ont pas empêchés de bien dormir. Après démontage de la tente, nous nous aventurons sur le même trail que la veille. Hier soir l’activité avait été prometteuse et nous pensions que ce matin, ce serait encore mieux ! Et bien non, pas de Touraco ou de nouvelles espèces à ajouter à notre cochoir. Pire, les oiseaux semblent absents et les seuls que l’on entend sont invisibles. L’heure avance et l’on décide de profiter du soleil qui passe maintenant par dessus les falaises et éclaire le magnifique site de campement. La cible : le Daman du cap que nous avons repéré hier soir dans les dernières lueurs du jour. Nous retrouvons rapidement notre individu et à y regarder de plus près, il n’est pas tout seul ! C’est toute une colonie qui occupe les rochers entre l’océan et les emplacements de camping. Des petits, des gros, au total, ils sont 35 à profiter des rayons de soleil matinaux, ils se réchauffent puis se mettent à brouter les herbes et les feuilles des arbrisseaux voisins. L’occasion de réaliser quelques clichés sympas.
La mer, derrière, semble s’être un peu assagie et les rouleaux moins puissants ne donnent plus les immenses gerbes de la veille. Quelques fous du Cap en vol, des Goélands dominicains et des Sternes huppées qui viennent se reposer sur les rocher près des damans.
L’ambiance est très reposante. Des cris puissants et rauques retentissent derrière nous, juste le temps d’apercevoir un Martin pêcheur géant filer à toute allure. Il porte bien son nom celui là ! Avant de quitter ce parc, nous faisons un dernier petit tour sur le sentier de la Loutre, près de l’entrée du parc. Ce long trail de 5 jours de marche traverse la forêt pluviale côtière et longe la côte déchiquetée qui abrite une petite population de loutre. Nous nous contenterons de quelques centaines de mètres sur ce trail, l’occasion de réaliser de belles observations de Guibs harnachés, de singes vervets et d’un magnifique mâle de Souimanga améthyste.