A l’Ouest de la Garden Route, le Parc national de Wilderness recèle une série de lacs côtiers séparant la mer des forêts pluviales recouvrant des pentes escarpées. Le parc est très riche aussi bien pour l’observation des oiseaux d’eau que forestiers. Depuis la plage, ce sont les baleines qui offrent aux visiteurs un spectacle inoubliable …
Mercredi 30 juillet
Nous quittons le Parc National de Tsitsikama. La route à présent nous emmène à Plettensberg bay, une petite ville lovée sur le coteau d’un estuaire au bord de l’océan indien. Belle lumière en cette fin de matinée, plage immense, maisons d’architecte … un cadre tout à fait idéal pour vivre. Mais à quelques centaines de mètres plus loin, à l’intérieur des terres, c’est un peu l’envers du décor avec ce bidonville où sont parqués les noirs sud-africains. Deux mondes cohabitent … Nous profitons de cet arrêt pour faire nos courses. Nous gagnons la plage pour pique-niquer et observer de plus près les baleines repérées depuis les hauteurs de la ville. Quel plaisir de déguster des samossas et des friands à la viande, les pieds dans le sable chaud, tout en observant trois baleines franches australes ! Des locaux jouent au volley et d’autres se baignent, nous décidons de mettre pour la première fois du voyage les pieds dans l’océan. Il faut dire que le soleil est au rendez-vous et la température de l’air très agréable pour un hiver austral. L’eau nous parait beaucoup plus fraiche …
De nouveau, nous sommes sur la route en direction de l’ouest. Les paysages traversés sont essentiellement des plantations de conifères et d’Eucalyptus qui ont remplacé les forêts originelles. La biodiversité de ces zones est quasi-nulle, peu ou pas d’oiseaux observés depuis la route. Il est un peu navrant de constater que seuls les parcs nationaux constituent des ilots de vie sauvage … Traversée de la ville de Knysna et petit arrêt au bord de la lagune. De notable, un Alcyon-pie … Enfin vers 15h30, nous arrivons vers Wilderness.
Une grande roselière est l’occasion d’observer notre premier Foulque caronculé, notre 2ème Pygargue vocifère ainsi que deux Guibs harnachés. Au camping du parc national de Wilderness, nous sommes quasiment seuls et avons le choix pour nous installer. Ce sera la partie nord du camp, entre falaises et rivière, juste à l’entrée des gorges.
Pour profiter de la dernière heure du jour, nous rejoignons une portion de plage et l’on se cale au sommet d’une dune. Pas le temps d’installer la longue vue que déjà on repère une baleine. Placide, elle fait du surplace, fait de petits souffles, montre de temps en temps sa queue ou sa nageoire pectorale, puis disparait pour réapparaitre quelques dizaines de mètres plus loin avec un saut impressionnant. En scannant l’horizon, une deuxième baleine fait son apparition derrière les rouleaux …que c’est plaisant une mer avec de la vie ! Le soleil passe derrière l’horizon, les embruns de l’océan créent une lumière étrange et déposent de grosses gouttes de condensation sur le matériel, il est temps pour nous de rentrer au camp.
Pendant que l’on monte notre tente, de braillards petits groupes d’Ibis hagedash passent au dessus de nos têtes et rejoignent leur dortoir en amont de la rivière. Entre chiens et loups, c’est un Grand-duc africain qui se met à chanter dans la falaise qui nous surplombe. L’espèce doit être en pleine période de chant car nous aurons droit à sa mélopée durant deux heures. Finalement, nous avons fait le bon choix pour l’emplacement de notre tente ! Pour cette nuit encore, nous aurons droit en fond sonore aux bruits des rouleaux de l’océan que le petit vent de mer ramène vers nous.
Jeudi 31 juillet 2014
En guise de réveil aujourd’hui, c’est chant de Grand-duc qui est de retour ce matin dans la falaise. En revanche, le passage quelques instants plus tard d’Ibis hagedash ne donne pas du tout la même impression ! Nous prenons notre temps pour scruter la falaise, un petit café à la main, et observons le Grand-duc qui restera perché un petit moment avant de s’envoler.
Au programme de cette matinée, une portion de forêt relictuelle dans une zone du parc située près de Woodville. Sur la route, il suffit de suivre les indications « Big tree ». Dès le parking, une nouvelle espèce d’oiseau à la voix tropicale nous enchante. Beau plumage jaune, casque noir sur la tête, il s’agit d’un Loriot masqué qui, perché au sommet d’un arbre sans feuille ne ménage pas ses efforts pour chanter. Le temps de faire quelques photos et il s’envole en direction de la forêt voisine.
On le suit ! A peine 80 m de parcourus dans la forêt que l’on tombe sur un mastodonte. 34 m de haut, 12 m de circonférence, cet Afrocarpus falcatus nous domine du haut de ses 800 ans ! Tel l’arbre du film Avatar, il est source de vie. Ses baies font le festin des Chauves souris mais aussi des Touracos de Knysna. S’ils savent se faire discrets en restant immobiles dans le feuillage, leurs cris rauques trahissent rapidement leur présence. Ils sont quatre à se pourchasser au milieu des branches du « big tree », surveillés par deux Ouettes d’Egypte perchées au sommet de l’arbre.
Nous empruntons la boucle de 2 km au milieu de la forêt, ce qui nous prendra toute la matinée (6 heures pour être précis !). Dès le départ du sentier, de nombreux oiseaux crient dans tous les sens, on voit bouger mais l’observation est difficile. Petit à petit, nous nous habituons aux différents cris et parvenons à identifier quelques espèces. Certains avaient été observés la veille : le Pririt du Cap, le Zostérops du Cap, la Grive olive ou le Bulbul jaboteur… en revanche, d’autres nécessitent plus d’attention comme le Camaroptère à tête grise, le Cossyphe choriste ou le Tisserin bicolore.
La plupart des oiseaux baladent dans le haut des arbres et seuls les chants nous parviennent comme celui des souimangas au chant très proche du Serin cini. L’ambiance sonore est excellente car en plus des oiseaux, les grenouilles sont aussi de la partie. Malgré nos recherches, nous ne parviendrons pas à les voir elles non plus ! Des cris de pic retentissent haut dans la canopée. Il nous faudra quelques instants pour nous rendre compte que son propriétaire survole en fait la forêt, c’est un Autour tachiro qui effectue plusieurs orbes au dessus des grands arbres et que nous parvenons à voir à travers les trouées de la frondaison. Après 6 heures de balade, nous revenons à l’arbre de vie pour prendre notre déjeuner au milieu des Touracos et des Pics olives (les vrais cette fois-ci)
Pour la deuxième partie de la journée, nous avons prévu de redescendre vers les étangs près du bord de mer pour partir à la recherche des Martins-pêcheurs. Nous nous arrêtons au Malachite bird Hide qui porte bien son nom. Le temps d’ouvrir les fenêtres de l’affût et nous cochons le Martin-pêcheur huppé. Il est là, posé à 10 mètres devant l’affut, même pas gêné par notre présence. Quelques minutes plus tard, c’est au tour d’un Alcyon-pie de venir se percher sur un piquet.
Plus loin, en bordure d’un petit ruisseau, c’est le Martin-pêcheur à demi-collier qui nous fait une démonstration de pêche depuis son perchoir. Plus gros que le huppé, il possède aussi de superbes couleurs.
Un cri de pygargue Vocifère derrière nous, pas de doute, on est bien en Afrique. La nuit tombe petit à petit et nous retournons vers le camp pour aller s’observer le Grand duc. Il se met à chanter à 18h15 au dessus de la grotte où viennent se réfugier pour la nuit des Martinets caffres. Passage rapide d’un Faucon pèlerin au-dessus de la falaise plus à l’intérieur des gorges d’où proviennent les cris de Damans du Cap et de babouins. Aux appels du mâle de Grand-duc africain, répondent à présent les cris plus lointains d’une femelle. Viennent s’ajouter les chants d’un Engoulevent musicien et d’une Chouette africaine … quelle ambiance pour cette fin de journée !
Vendredi 01 août
Le Grand-duc a chanté jusqu’au petit matin et tandis que le soleil se lève, les babouins perchés dans les falaises se mettent à pousser leurs cris sauvages amplifiés par les échos de la gorge. Petit café tandis qu’en vol, passent au dessus de la rivière, les anhingas qui la remontent à la recherche d’un coin de pêche tranquille. Nous rejoignons le Brown-headed Kingfisher trail situé à tout au plus 2 km du camp. Le sentier longe une petite rivière situé au fond d’une gorge.
Une étroite forêt riveraine fournit quelques grands arbres tandis que les versants de la gorge sont plutôt constitués d‘une végétation buissonnante et clairsemée. L’ambiance est assez calme, seules les Ouettes d’égypte assurent le spectacle son et lumière. Petit à petit, d’autres oiseaux apparaissent, plus ou moins, les mêmes que la veille dans la forêt du Big tree comme le Serin soufré, le Serin forestier ou encore le Gobemouche sombre.
De retour à la voiture, on assure une séance photo sur le Martin-pêcheur à demi-collier, d’abord perché sur le bord du pont puis sur les roseaux juste en bordure.
Ensuite quelques dizaines de mètres plus loin, c’est un Martin-chasseur à tête brune qui nous gratifie d’une très belle observation, perché sur un piquet de la clôture d’une maison.
Des entrées maritimes voilent à présent le soleil, nous nous rendons à l’observatoire près de l’étang où nous observons les mêmes espèces que la veille avec toujours le Martin pêcheur huppé perché devant l’affût ainsi qu’un Alcyon pie. C’est là où l’on se rend bien compte de la facilité à faire de la photo en Afrique du sud, car en moins de 10 minutes, on vient de photographier 4 espèces de martin-pêcheur avec des photos plutôt correctes alors que nous ne possédons même pas une photo de Martin-pêcheur d’Europe … Il est à présent 11h, l’heure pour nous de quitter le secteur de Wilderness, une assez longue route nous attend vers une étape très attendue pour ses paysages et ses espèces typiques.
Liste des espèces d’oiseaux observées dans le Parc National de Wilderness :
Aigrette garzette – Little Egret (53), Anhinga d’Afrique – African Darter (3), Apalis à collier – Bar-throated Apalis (2), Autour tachiro – African Goshawk (1) – Bulbul du Cap – Cape Bulbul (6), Bulbul importun – Sombre Greenbul (6), Bulbul jaboteur – Terrestrial Brownbul (7), Busard grenouillard – African Marsh Harrier (2), Buse forestière – Forest Buzzard (1), Camaroptère à tête grise – Green-backed Camaroptera (2), Canard à bec jaune – Yellow-billed Duck (3), Canard à bec rouge – Red-billed Teal (2), Chouette africaine – African Wood Owl (1), Coliou quiriva – Red-faced Mousebird (7), Coliou rayé – Speckled Mousebir (3), Corbeau à nuque blanche – White-necked Raven (1), Cormoran à poitrine blanche – White-breasted Cormorant (1), Cormoran africain – Reed Cormorant (40), Cormoran du Cap – Cape Cormorant (6), Cossyphe chorister – Chorister Robin-Chat (3), Cossyphe du Cap – Cape Robin-Chat (2), Cubla boule-de-neige – Black-backed Puffback (5), Drongo brilliant – Fork-tailed Drongo (1), Échasse blanche – Black-winged Stilt (4), Engoulevent musician – Fiery-necked Nightjar (1), Faucon pèlerin – Peregrine Falcon (1), Fou du Cap – Cape Gannet (5), Foulque caronculée – Red-knobbed Coot (822), Francolin à gorge rouge – Red-necked Spurfowl (4), Gallinule poule-d’eau – Common Moorhen (5), Gobemouche sombre – African Dusky Flycatcher (3), Grand-duc africain – Spotted Eagle-Owl (2), Grèbe castagneux – Little Grebe (4), Grèbe huppé – Great Crested Grebe (7), Héron cendré – Grey Heron (2), Héron pourpré – Purple Heron (1), Ibis falcinelle – Glossy Ibis (2), Ibis hagedash – Hadada Ibis (33), Labbe antarctique – Brown Skua (1), Loriot masque – Black-headed Oriole (5), Martin-chasseur à tête brune – Brown-hooded Kingfisher (1), Martinet cafre – White-rumped Swift (10), Martin-pêcheur à demi-collier – Half-collared Kingfisher (2), Martin-pêcheur huppé – Malachite Kingfisher (2), Martin-pêcheur pie – Pied Kingfisher (1), Merle olivâtre – Olive Thrush (5), Nette brune – Southern Pochard (6), Oie-armée de Gambie – Spur-winged Goose (1), Ouette d’Égypte – Egyptian Goose (11), Pic olive – Olive Woodpecker (2), Pie-grièche fiscal – Southern Fiscal (2), Pigeon à masque blanc – Lemon Dove (1), Pintade de Numidie – Helmeted Guineafowl (45), Pouillot à gorge jaune – Yellow-throated Woodland Warbler (2), Pririt du Cap – Cape Batis (7), Pygargue vocifère – African Fish Eagle (2), Rousserolle à bec fin – Lesser Swamp Warbler (1), Rufipenne morio – Red-winged Starling (13), Sarcelle hottentote – Hottentot Teal (1), Serin forestier – Forest Canary (3), Serin soufré – Brimstone Canary (2), Souimanga chalybée – Southern Double-collared Sunbird (2), Sterne huppée – Greater Crested Tern (10), Talève d’Afrique – African Swamphen (1), Tarier africain – African Stonechat (1), Tisserin du Cap – Cape Weaver (2), Touraco louri – Knysna Turaco (13), Tourterelle à collier – Red-eyed Dove (1), Vanneau armé – Blacksmith Lapwing (2), Zostérops du Cap – Cape White-eye (33)