Jeudi 16 juillet : Nous avons dormi juste à la sortie du village d’Hamningberg. De toute façon, on ne peut aller plus loin, la route s’arrêtant là ! Ce petit hameau de quelques maisons n’est occupé qu’à la belle saison, période où il est accessible.
Ce spot est renommé pour être l’un des meilleurs pour le seawatch au début du mois de mai lors de la migration prénuptiale des oiseaux marins, pour accueillir une population résidente de Bélougas et des rassemblements estivaux de Plongeons à bec blancs, une des espèces d’oiseaux emblématiques de l’arctique.
Dès 6h, nous nous mettons en place pour scruter la mer à la recherche des fameux bélougas. La mer s‘est calmée depuis hier et l’observation plus aisée. Durant les deux premières heures, c’est principalement le ballet des oiseaux marins qui nous occupe. Des groupes de Guillemots de Troïl passent le cap d’Hamningberg pour aller pêcher encore plus à l’ouest, en quête de petits poissons pour nourrir la couvée restée au nid sur l’ile d’Hornoya. En y regardant de plus près, il se glisse dans ces groupes de guillemots des Petits Pingouins au plumage identique mais qui s’en distinguent par un bec et une corpulence plus forts.
Nous observons aussi des Harles et un petit groupe de canards au vol rapide. Ce sont des Hareldes boréales et il y a parmi ce groupe, de beaux mâles au magnifique plumage nuptial. Ce petit canard est assez trapu, il possède une tête noire ornée d’un loup blanc. A l’arrière du corps, les rectrices centrales se terminent par un long prolongement caudal. Un véritable plaisir pour les yeux ! L’arctique héberge de bien belles espèces d’anatidés.
Loin à contre-jour, nous finissons par repérer un groupe de plongeons en train de dormir. Ils sont 6 et paraissent assez robustes. Nous penchons pour des Plongeons à bec blancs, une espèce se reproduisant dans le haut arctique russe mais dont des individus immatures estivent en face du Finnmark. Il nous faudra de la patience pour qu’enfin un individu sorte la tête de son plumage et laisse observer son puissant bec blanc. Plus de doute alors. Les courants marins les rapprochent lentement de nous mais nous ne parviendrons qu’à faire des observations à la longue vue. Pas de belles photos, dommage !
Un Phoque gris vient clore cette séance d’observation en mer. Malgré tous nos efforts, pas la moindre trace de cétacés, ni bélougas, ni mégaptère. Cette dernière espèce a été observée il y a 5 jours depuis l’extrémité du fjord voisin …
Nous rebroussons chemin. Petit arrêt près du village où quelques groupes de rennes broutent paisiblement devant les maisons …
5 km avant Hamningberg, la route croise une rivière sur les bords de laquelle pousse un bois de bouleaux ne dépassant pas les deux mètres de haut. Encore du Pipit à gorge rousse et de nombreux Sizerins s’y sont réfugiés. Parmi tous les flammés, un blanchâtre fait son apparition.
Au hasard d’un panneau indiquant une zone de réserve, nous nous enfonçons dans la toundra, laissant dans notre dos la mer. Il commence à être un peu tard en matinée et cela se ressent. L’activité matinale touche à sa fin. Un pluvier doré pousse de temps à autre son cri lancinant, une Grive ou deux s’envolent … et pas grand-chose de plus. Quand nous tombons sur un Labbe à longue queue posé au sommet de la petite colline voisine. Nous tentons de l’approcher et faisons quelques photos mais il s’envole assez vite. Des cris d’inquiétude se font alors entendre. Une femelle couve ses œufs à quelques dizaines de mètres … nous nous éclipsons et allons nous caler près de la rivière pour pique niquer. Avec le réchauffement de l’atmosphère en cette mi-journée, les moustiques sont de sortie. Un cri puis un volatile noir à poitrine blanche remonte en suivant le cours de l’eau, c’est un Cincle plongeur. Nous ne savions pas qu’il pouvait habiter si haut en latitude !
Le ciel se découvre un peu et la mer toujours belle.
Nous décidons de retourner vers Hamningberg pour tenter une nouvelle fois les Bélougas. Une colline domine le hameau et une piste s’y dirige. Nous laissons la voiture et continuons la balade à pied. Nous croisons un Pygargue, un couple de Grand Corbeau et en approchant du sommet, le milieu évolue avec l’apparition de longues arêtes rocheuses. A peine le temps de dire que c’est un milieu qui devrait être excellent pour du Bruant des neiges que nous tombons sur deux individus. Immobiles et muets, ils nous observent depuis leur rocher. Leur plumage blanc et noir convient parfaitement à ce type de milieu où ils s’y camouflent facilement. Se sentant découverts, ils passent derrière le rocher et nous ne les retrouverons plus ! Probablement envolés.
Plutôt que de filer sur le sommet, nous obliquons vers la gauche en espérant que se dégage un point de vue sur la mer. Une forme jaune attire notre attention. Une hermine qui disparait aussitôt derrière les blocs rocheux. Nous gagnons rapidement sa position et patientons. Bingo elle ressort moins de 20 secondes plus tard à 5m de nous. Curieuse, elle nous observe, disparait dans une anfractuosité, ne ressort que la tête, rentre à nouveau, ressort 1 m plus loin, profitant des galeries entre les rochers pour se déplacer. Finalement elle devient indifférente à notre présence et poursuit méthodiquement la prospection de chaque cavité. Au bout de 5 min, voyant que nous sommes toujours derrière elle, elle décide de mettre de la distance et il lui suffit de quelques bonds pour disparaître. Quelle rapidité et quelle aisance pour se déplacer dans ces rochers !
Nous trouvons enfin une vue dégagée sur la mer. Nous installons la longue vue et depuis les hauteurs, nous scannons la mer durant plus d’une heure. Toujours pas de bélougas.
Nous amorçons le retour avec pour compagnons des Rennes, des Traquets motteux et des Grives litornes en plein ravitaillement des jeunes.
Le repas du soir se fera sur le bord de mer puis nous quittons définitivement ce bout du monde.
Après le repas, nous reprenons la route. Un groupe de pygargues posés sur la plage (2 adultes et 2 jeunes) nous nous incite rapidement à nous arrêter. Ils ne sont pas là pour rien. près d’eux, gît le cadavre d’un cétacé échoué, probablement un cachalot, en bien piteux état ! Nous les laissons à leur festin et reprenons la route direction Vardo.
Espèces observées autour d’Hamningberg : Eider à duvet (Common Eider), Harle bièvre (Common Merganser), Pygargue à queue blanche (White-tailed Eagle) 8, Buse pattue (Rough-legged Buzzard) 1, Huîtrier pie (Eurasian Oystercatcher), Grand Gravelot (Common Ringed Plover) 2, Bécasseau de Temminck (Temminck’s Stint) 1, Chevalier guignette (Common Sandpiper), Chevalier sylvain (Wood Sandpiper) 1, Chevalier gambette (Common Redshank) 3, Labbe à longue queue (Long-tailed Jaeger) 1 couple, Hirondelle de rivage (Sand Martin) 2, Hirondelle de fenêtre (Common House Martin) 1, Pipit farlouse (Meadow Pipit), Pipit à gorge rousse (Red-throated Pipit) 3 secteurs, Bergeronnette grise (White Wagtail), Cincle plongeur (White-throated Dipper) 1, Traquet motteux (Northern Wheatear), Pouillot fitis (Willow Warbler), Bruant des neiges (Snow Bunting) 3, Linotte à bec jaune (Twite) 11, Accenteur mouchet (Dunnock) 1, Gorgebleue à miroir (Bluethroat) 1, Verdier d’Europe (European Greenfinch) 1, Sizerin flammé (Common Redpoll) 10, Sizerin blanchâtre (Arctic Redpoll) 1
Seawatch : Eider à duvet (Common Eider) 40, Harelde boréale (Long-tailed Duck) 6, Harle huppé (Red-breasted Merganser) 20, Harle bièvre (Common Merganser) 20, Plongeon arctique (Black-throated Loon) 1, Plongeon à bec blanc (Yellow-billed Loon) 6, Fou de Bassan (Northern Gannet) 10, Grand cormoran (Great Cormorant) 40, Cormoran huppé (Shag), Labbe parasite (Parasitic Jaeger) 5, Grand Labbe (Great Skua) 1, Mouette tridactyle (Black-legged Kittiwake) 100, Guillemot de Troil (Thick-billed Murre) 200, Pingouin torda (Razorbill) 10, Guillemot à miroir (Black Guillemot), Macareux moine (Atlantic Puffin) 10