Continuons notre compte-rendu du week-end pascal aux Aiguamolls : Dimanche 05 avril. Nous décidons de commencer cette deuxième journée par un tour sur la plage. A cette époque de l’année, lorsque le vent est favorable, les arrivées de migrateurs au petit matin peuvent être impressionnantes. En cours de chemin, nous faisons un bref arrêt sur l’observatoire del Bruel, celui à partir duquel l’on peut voir le Cormoran pygmée. Pas de pygmée ce matin, seulement le dortoir de Grands cormorans qu’ils partagent avec plus de 80 Ibis falcinelles. C’est la première année que l’on atteint de tels effectifs sur les Aiguamolls ! Cette espèce autrefois rare, est en pleine expansion et elle est devenue, pour notre plus grand plaisir, quasiment classique en moins de 5 ans. Le long des buissons menant à la plage, les Pouillots fitis sont encore bien présents, signe que l’on est en plein pic de passage pour ce petit passereau. Sur la plage, la tour d’observation est bien là mais le vent du nord souffle trop fort. Nous nous contentons de rester sur la terre ferme pour observer les oiseaux qui, repoussés par le vent, croisent au large.
Un rapide tour d’horizon semble peu prometteur. Des goéls, des goéls et encore des goéls. Il y a bien deux Sternes caugeks qui longent la plage et en insistant un peu, deux plongeons en vol, assez loin et à contre-jour. Pas d’identification certaine mais compte tenu du gabarit, plutôt type arctique ou imbrin. Ils resteront indéterminés. Malgré le vent contraire, des petits passereaux migrent. Quelques Hirondelles rustiques, des groupes de Serins, de Verdiers, de bergeronnettes printanières rasent la surface de l’eau et une fois à terre profitent de l’abri de la végétation pour continuer à avancer. Nous les suivons et nous nous réfugions vers l’intérieur, direction les marais d’El Mata.
Encore beaucoup de limicoles aujourd’hui, grosso-modo les mêmes que la veille. Combattants variés, aboyeurs, sylvains, arlequins … nous prenons le temps de faire quelques photos mais la lumière devient vite dure et les brumes de chaleur apparaissent malgré le vent.
Nous décidons de quitter le site en fin de matinée après avoir observé une Spatule blanche et une Mouette pygmée.
Nous trouvons un petit endroit pour pique-niquer puis prenons de la hauteur direction le Monastère de St Père de Rhodès dans les Albères. C’est une petite route qui y mène en serpentant le long des coteaux, traversant des milieux très favorables aux reptiles. Aujourd’hui nous n’avons pas le temps et d’ailleurs les conditions ne sont pas optimales pour les rechercher. Ce sera pour une autre fois. Depuis le Monastère, niché à flanc de colline à plus de 500m d’altitude, la vue est magnifique. Le Cap de Creus à droite, le village d’El Port de la Selva en contrebas et sur tout l’horizon, la Belle bleue. C’est ici, sur ce monastère, qu’ont eut lieu les derniers contacts avec le Traquet rieur dans les Albères avant qu’il ne disparaisse. C’était en 2004 … Pas de redécouverte aujourd’hui, seulement un Troglodyte mignon, une passerinette et un Grand corbeau.
Fin de journée sur El Mata où l’activité reprend après les heures chaudes. Quelques photos sur les combattants, les Bergeronnettes printanières et les hirondelles qui se laissent approcher avant d’entamer le tour du marais.
Envol soudain de l’ensemble des limicoles. A nouveau un pèlerin fait son apparition dans le ciel, femelle adulte en mode chasse. Les deux premiers passages sont un échec, les limicoles par groupes d’espèces s’éparpillent. La femelle de Pélerin ne sait plus où donner de la tête et abandonne en prenant lentement des thermiques et en s’éloignant vers l’est. Les groupes de limi semblent retrouver leur calme et se rapprochent à nouveau pour se poser dans le marais. Un seul n’y parviendra pas, il repart dans les serres du pèlerin que je n’ai pas vu arrivé cette fois, le combattant non plus ! Pourchassé quelques instants par un goéland, le faucon se réfugie sur un pylône avant de partir chercher un endroit plus tranquille pour dépecer sa proie.
Un héron pourpré nous survole dans la lumière du soir tandis qu’un Bihoreau gris commence à sortir de sa torpeur.
Signal pour nous de rejoindre notre petit marais à la recherche des marouettes et autres bécassines sourdes. Pas de sourde ce soir mais un beau mâle de Marouette poussin se faufilant entre les roseaux tandis que comme la veille, Luscinioles et Locustelles luscinoïdes se mettent à chanter quand le soleil passe derrière l’horizon.