4 avril 2015. Le premier jour de notre week-end aux Aiguamolls débute sur les étangs de Vilaüt. Le soleil n’est pas encore levé mais déjà vers l’est, les crêtes du massif des Albères se détachent sur fond de ciel doré. La zone humide de Vilaüt est située au creux d’une dépression parcourue par trois rivières quasiment parallèles. Différents types de marais s’y succèdent : Un marais avec de l’eau libre, d’autres envahis de roselières, des prairies humides avec Tamaris et sur les hauteurs de la dépression, ce sont des prairies sèches parsemées de chaos granitiques qui attirent en ce début de printemps les migrateurs. Le massif des Albères, qui se prolonge au nord des Aiguamolls par la Sierra de Rhodès et le Cap de Créus forme une barrière pour les oiseaux en période de migration, surtout lorsque les conditions météos se dégradent. C’est le cas aujourd’hui, où un fort vent souffle et contraint les oiseaux à se réfugier dans les marais où ils peuvent se reposer en attendant des heures ou des jours meilleurs.
Week-end pascal en Catalogne partagé entre balades aux Aiguamolls et dans le parc du Cap de Creus. Nous avons eu droit à un beau soleil mais à pas mal de vent qui n’est tombé que le lundi en fin de journée. Cela n’a pas empêché la migration avec une belle tombée de Fauvettes passerinettes et de Pouillots fitis le samedi…
24 février. Après avoir quitter le delta de l’Ebre, nous arrivons dans la région de plaine au sud de Lérida. Cette zone dessine un triangle entre Torrebesses, Castelldans et Torres de Segre. L’intensification de l’agriculture a nettement modifié les milieux, mais il reste quelques lambeaux de steppes originelles. Il est possible d’y observer le Ganga cata et le Ganga unibande, les différentes espèces d’alouettes dont la calandre et le Sirli de Dupont. A l’Ouest, s’étend l’embalse de Utxesa bordée de roselières.
Lundi 23 février 2015, après avoir coché la fameuse Pie-grièche brune, nous finissons la journée dans le parc naturel du Delta de l’Ebre. Nous prenons la direction de Riumar. Les rizières sont à sec. Seules quelques flaques attirent de nombreux oiseaux. Ce soir, c’est un groupe de près d’une centaine d’Ibis qui se sont rassemblés autour dans un champ.
“Scandaleux”, certains diront, “c’est scandaleux !” ;o) Partir cocher une Pie-grièche, c’est normal non ? Certes, 650km nous séparent de la cible, mais quel oiseau ! Le déplacement vaut le coup : la Pie-grièche brune (Lanius cristatus). Cette Pie-grièche asiatique hiverne dans le sud de l’Inde, l’Asie du Sud-Est et l’Indonésie. Pour l’observer sur ses sites de nidification, il faut gagner la Chine ou l’Est de la Russie. Autant dire que ce n’est pas gagné ! Elle n’est que très rarement observée en Europe. En France, deux données sont référencées. Quant à l’Espagne, il s’agit de la première mention. Observée une première fois le 31 décembre 2014, l’oiseau est retrouvé le 9 février 2015 dans la petite ville de Deltebre, en Catalogne. Elle est depuis régulièrement observée pour la plus grande joie des ornithos espagnols.