L’île Maurice a accueilli 4 espèces de chauves-souris : le Taphien de Maurice (Taphozous mauritianus) petite chauve-souris noire et blanche que nous avons observée un soir sur la plage de La Preneuse, le Petit Molosse (Mormopterus acetabulosus), la Rougette ou Roussette à collet rouge (Pteropus subniger) qui vivait autrefois à La Réunion et sur Maurice mais qui a aujourd’hui disparu, et enfin, la Roussette noire (Pteropus niger), endémique de Maurice. Une autre roussette est également endémique à Rodrigues (Pteropus rodricensis), mais elle fera l’objet d’un autre article.
La Roussette noire est une grande chauve-souris frugivore dont l’envergure peut avoisiner les 80 cm. Grégaires, elles forment de grands dortoirs où elles passent la journée. Elles peuvent cependant être également actives en journée et il n’est pas rare d’en voir voler en plein après-midi. Mais c’est au crépuscule qu’elles sont le plus nombreuses, lorsqu’elles quittent les arbres utilisés comme gîte.
La population de Roussette noire se porte plutôt bien aujourd’hui et est estimée à 30 000 individus d’après la Wildlife, 90 000 d’après le gouvernement (cela ressemble aux chiffres annoncés après une manif en France !). Cette recrudescence est en grande partie liée à l’absence de violent cyclone ces dernières années à Maurice, le dernier remontant à 1995. Cela ne va pas sans poser de problème de cohabitation avec les locaux. Les roussettes étant frugivores, les plantations de bananes et autres fruits sont souvent les proies de choix pour ces “renards volants”. Le Gouvernement a alors autorisé un plan d’abattage avec un maximum fixé à 18 000 individus ! Les associations locales se sont alors mobilisées pour s’opposer au projet rappelant que, malgré les chiffres, la population de roussettes reste fragile. En cas de sécheresse ou de nouveau cyclone, elle pourrait en grande partie disparaître. Aussi l’espèce est-elle considérée comme vulnérable. Le même problème s’est posé à Rodrigues, et, sur cette île, pas de plan d’abattage : des filets de protection ont été installés autour des fruits. Tout ce débat ne va pas sans rappeler les tensions liées au retour du loup en France et malheureusement, on constate que la première réaction est toujours la même, l’élimination, alors que des mesures de gestion et de protection pourraient être mises en place pour faciliter la cohabitation. Certes elles demandent plus d’efforts sur le court terme, mais sur une échéance plus longue, les effets sont nettement positifs. Outre son rôle emblématique en tant que symbole des dernières espèces endémiques de Maurice, la Roussette noire joue un rôle essentiel dans le maintien de l’écosystème mauricien en favorisant la pollinisation des plantes endémiques dont elles se nourrit. A l’instar des oiseaux, elle est considérée comme un bio-indicateur, signe de bonne santé d’un écosystème.
La Roussette noire peut être observée partout sur l’île, mais c’est probablement dans les Gorges de Rivière noire classées en Parc national, qu’il est possible de les rencontrer en grands effectifs. Par leurs cris, elles ne passent d’ailleurs pas inaperçues !
Nous nous sommes rendus deux soirs sur le site. La première fois, plutôt en repérage, la lumière n’était en effet pas vraiment propice à la photo.
Nous avons cependant fait quelques essais dans des ambiances grises ce qui permet de jouer avec les effets d’ombres chinoises.
Un autre essai, une “photo floue”, nous sommes preneurs de vos commentaires ! On doit avouer, que, persos, nous ne sommes pas fans …
Mais, le lendemain, nous avons eu droit à un magnifique soleil et des ambiances rougeoyantes !
Le soleil décline, frôle l’horizon et finit par disparaître, moment idéal pour réaliser quelques images dans le contre-jour. Une magnifique séance que nous ne sommes pas prêts d’oublier !
3 Commentaires
Franck
Pas fan non plus du tout de la photo floue 🙂
Par contre les contre-jours sont absolument splendides et comme toujours avec vous on apprend plein de choses dans cet article.
Clioche
Je suis admirative devant de tels clichés ! Je vis à Maurice depuis seulement quelques mois et ces mamiferes titillent vraiment ma curiosité… Mais je suis bien trop trouillarde pour m’aventurer, seule, dans les Gorges de Rivière Noire! Merci pour cet article très intéressant.
Bachmann
Très belles photos de cette roussette que j’aie eu l’occasion de voir et en grand nombre à Grande Rivière Sud Est. Et même en vol de nuit près de notre hôtel. Et j’ai appris plein de choses grâce à votre article.