Mercredi 29 juillet. 5h. Le camp s’éveille. Tous les campeurs s’activent pour être prêts à l’heure. L’accès menant aux dunes n’étant possible qu’à partir de 5h45. A l‘heure prévue, la colonne de véhicules s’élancent dans la nuit. Dans les phares nous croisons des Oryx tels des fantômes blancs qui errent dans ces vastes étendues désolées. Nous roulons plus de 30 minutes avant de commencer à ralentir. Si le but de tous les touristes est de parvenir au sommet des dunes pour voir le soleil se lever sur le plus vieux désert du monde, quant à nous, dès les premières lueurs du jour, nous cherchons les Oryx. Nous en trouvons trois broutant au pied des dunes mais à plus d’un kilomètre. Notre objectif du jour : réaliser des photos de ce Bovidé au milieu des dunes orange du désert du Namib.
A travers l’appareil photo, ils ne sont pour le moment que de tous petits points.
Nous traversons la plaine caillouteuse qui nous sépare des dunes. Deux Outardes de Rüppell se nourrissent dans une portion herbeuse et à notre approche, elles s’éloignent en marchant. Ce n’est pas le cas de cette Outarde de Ludwig qui prend son envol et file se reposer bien loin vers l’ouest. Nous foulons enfin l’erg et plus de 55 millions d’années d’histoire de la vie sur Terre. Chacun des grains de sable qui s’affaisse sous nos pas a parcouru des distances colossales. Issus des massifs rocheux au centre du continent que l’érosion a arraché, ces grains de sables ont été transportés par le fleuve Orange puis pris en charge par le courant de Benguela qui les a ramenés vers le nord. Au fur et à mesure des millions d’années, c’est un vaste complexe dunaire de plus de 320 km de long sur 120 km de large qui s’est formé. Quasiment tous les types de dunes se retrouvent dans ce grand erg : voiles éoliens, nebkas, aklés, dunes paraboliques, dunes longitudinales, dunes transversales et dunes en étoiles qui sont celles atteignant les plus grandes hauteurs…300m … quasiment aussi hautes que la tour Eiffel !
Nous atteignons après plus de 30 minutes de marche l’emplacement des Oryx, mais eux ne sont plus là. Tout en broutant, ils ont continué leur chemin et se sont dispersés au pied des différentes dunes. Notre progression est plus lente, visiblement nous n’avons pas les mêmes adaptations aux milieux désertiques. Malgré nos chaussures high-tech, nous ne pouvons pas rivaliser avec les sabots évasés de ces antilopes qui leur permettent de se déplacer avec aisance sur ces substrats mous. L’un d’eux s’est arrêté dans la acheb, ces pâturages des milieux désertiques qui poussent de façon fugace après les rares pluies. Sans ces rares zones en herbes, il n’y aurait aucun herbivore ici. Ayant probablement pitié de nous, un Oryx pose dans la belle lumière du matin. Il garde une distance de sécurité mais dès que nous la franchissons, il s’élance dans un petit galop sur quelques dizaines des mètres. On sent qu’il adapte sa fuite au danger que l’on représente. Chaque effort dans ces milieux extrêmes fragilise l’animal, aussi arrête-t-il rapidement son galop pour se retourner vers nous. Plus de danger… il recommence à brouter. Nous nous avons la photo que nous voulions.
On peut à présent se consacrer au petit déjeuner, celui-ci sera pris au sommet d’une dune dans un cadre exceptionnel.
Un nouvel Oryx apparait, il descend le long de la dune voisine, nouvelle série de photos. Nous suivons cet individu, il rejoint la plaine et nous accompagne jusqu’à notre voiture.
Une bien belle matinée. Mais celle-ci n’est pas finie. Nous reprenons la voiture et poursuivons la route en effectuant de nombreux arrêts à la recherche cette fois ci des oiseaux. Des zones sableuses alternent avec des regs, quelques rares arbrisseaux de-ci delà …, cette variété de milieux est propice à une belle diversité d’oiseaux, notamment en Alouettes.
En scannant ces paysages, on découvre un faucon posé au sol mais les brumes de chaleur nous empêchent de l’identifier. C’est à ce moment là qu’un groupe de courvites survole notre faucon et se pose à bonne distance. Nous laissons de côté le rapace et avançons pour tenter d’identifier les courvites qui ne cessent de gambader dans les brumes. Deux espèces sont présentes ici. Le Burchell et le double banded. Nous parvenons enfin à une distance suffisante pour les identifier. Ce sont des Courvites de Burchell reconnaissables avec leur casque gris.
Nous revenons ensuite sur le faucon. Il s’agit d’une nouvelle espèce pour nous. Le Faucon à œil blanc. Une sorte de Faucon crécerelle au plumage sable et à l’œil … clair
Plus loin, nouvel arrêt, cette fois ci pour des outardes. Un groupe de Ludwig s’alimente dans les zones herbeuses, puis une à une, elles décollent et passent sur fond de dunes. Encore un magnifique spectacle !
Nous atteignons le bout de la route goudronnée où se situe un parking, point à partir duquel il est possible d’explorer les grandes dunes de Sossusvlei et le Dead Vlei. Malheureusement pour nous, il est tard et nous n’avons plus le temps. On se contentera d’observer autour du parking, la foule de Moineaux mélanures et de Corbeaux pie.
Nous refaisons la route mais en sens inverse avec quelques rapides arrêts, tantôt pour une Autruche, tantôt pour un Oryx et même un Secrétaire !
Repas dans le lit asséché d’une rivière puis quittons Sesriem en se disant qu’une matinée supplémentaire ici n’aurait pas été du luxe. Des alouettes telles l’endémique Alouette de Dunn nous ont échappé. Difficile de consacrer les bonnes heures du matin à la fois à la recherche des Oryx et aux petits oiseaux … Demain nous devons être à Walvis bay sur la côte atlantique et la piste menant à l’océan semble bien longue sur la carte! Le récit de la route sera pour un prochain post ! ;o)
Espèces d’oiseaux observés à Sossusvlei : Autruche (Ostrich) 9, Secrétaire (Secretary-bird), Autour chanteur 1 (Pale Chanting-Goshawk), Outarde de Ludwig 6 (Ludwig’s Bustard), Outarde de Ruppell 3 (Ruppell’s bustard), Courvite de Burchell 12 (Burchell’s Courser), Barbican pie 1 (Pied Barbet), Fauconnet pygmée 1 (Pygmy Falcon), Faucon à iris blanc 3 (Greater Kestrel), Pie-grièche fiscale 1 (Southern Fiscal), Corbeau pie 10 (Pied crow), Hirondelle isabelline (Rock martin) 1, Traquet familier (familiar chat) 1, Souimanga fuligneux (Dusky sunbid) 4, Moineau domestique (House Sparrow), Moineau mélanure (Cape Sparrow) 60, Républicain social (Social Weaver)
Mammifères : Babouin, Renard du Cap 1, oryx, springbok
Retrouvez l’intégralité de notre compte-rendu sur la Namibie