Une redécouverte du plan de La Garde
Cela fait plusieurs années déjà que je prospecte le plan de La Garde. Cette vaste zone humide préservée, par chance, au milieu de l’urbanisme galopant du littoral varois. En effet, la plaine a dû son salut à son caractère inondable. Chaque année, après les pluie, les champs se transforment donc en marais. Ce qui faisait alors la caractéristique de cette zone, ce sont précisément ces prairies. Délaissées et boudées du grand public car ne correspondant pas à l’image que les non initiés se font de la nature, il a été décidé d’ “exploiter” la zone pour la conformer aux attentes que la société se fait d’un “espace vert”. Un vaste chantier a donc été mis en place avec déplacement des espèces sensibles et transformation radicale du paysage. Aujourd’hui, là où s’étendaient ces rares prairies, on trouve des sentier au milieu d’étangs et de roselières.
Cet aménagement présente certes des avantages. Le site est désormais accessible à tous. Les espèces y sont également nombreuses en raison de l’attrait des roselières. En revanche, il est dommage d’avoir à ce point transformé le site pour qu’il corresponde à l’idée que le grand public se fait d’un espace naturel, à savoir un étang et une roselière. Je trouve qu’il aurait plus intéressant de sensibiliser ce public à l’existence d’autres types d’espaces naturels.
Ci-dessous, une photo du plan de La Garde avant les travaux.
Nature et culture
Que l’on ne s’y méprenne pas. Ce que je regrette ce n’est pas le fait d’avoir modifié de façon artificielle ce milieu. En effet, je ne défend pas une conception de la nature non modifiée qui doit être protégée de toute action humaine. Tous les milieux naturels que nous connaissons sont le résultat d’une action de l’homme. Les prairies humides du plan de La Garde étaient déjà exploitées et devaient leur existence à l’activité agricole et au pastoralisme. Ainsi, de nombreuses espèces, comme la chevêche, sont liées à ces activités humaines. On peut juste s’interroger sur l’intérêt écologique d’avoir transformé des prairies humides en étangs. Faut-il privilégier un type de milieu ou le nombre d’espèces ? Ce sont des questions ouvertes auxquelles je n’ai pas de réponse. N’hésitez pas à partager votre avis en commentaire.
Ci-dessous, le plan de La Garde après les travaux.
Après quatre ans d’absence, c’est donc un nouveau plan que je découvre avec un nouveau cortèges d’espèces, parfois très intéressantes il faut l’avouer.
5 février
Voilà à peine un mois que je suis rentrée. Je reprends mes habitudes et refais un peu de terrain. C’est vrai que le nouveau plan de La Garde est pratique pour balader en poussette ! C’est encore l’hiver. Je fais le tour des étangs et finis par réussir à observer la barge à queue noire signalée depuis la veille. Il n’est pas commun d’observer cette espèce dans ce type de milieu. Elle préfère en effet les eaux salées ou saumâtres comme les salins d’Hyères.
D’autres espèces hivernantes sont présentes comme la bergeronnette des ruisseaux et une discrète gorgebleue à miroir. Dans les roseaux, les bruants des roseaux s’affairent. Le chant des bouscarle retentit de façon intense. Bien plus discret en revanche, il faut tendre l’oreille pour percevoir celui de la lusciniole à moustaches. Il n’est pas facile d’observer cet oiseaux qui se tient généralement assez bas dans les roseaux.
Les premières hirondelles au plan de La Garde
5 mars
Nous voilà en mars. C’est le départ de la migration annoncée par l’arrivée des premières hirondelles. En effet, ce matin, dans un groupe d’hirondelles de rocher, je repère une quinzaine hirondelles de fenêtre et trois hirondelles rustiques. Il est grand temps que les beaux jours arrivent ! Mais pour l’instant, le ciel est encore gris et maussade. Comme quoi, une hirondelle ne fait pas le printemps ! Les grands mélinets sont en fleur. Cela fait plaisir à voir. Les stations n’ont donc pas été affectées par les travaux.
Le passage des marouettes
19 mars
Petit tour matinal au plan de La Garde, toujours sous un ciel bien menaçant ! Cette fois-ci ce sont les stations de jacinthes romaines qui sont en fleurs. Cette espèce fait e effet partie de la végétation emblématique du site. Elle est liée aux milieux ouverts. Elles est donc menacée par la fermetures des milieux et la déprise agricole.
Qui dit migration et mois de mars dit marouette. C’est bien ce petit râlidé que nous, ornithos, cherchons de mars à mai en bordure de roselières. Ces grands migrateurs sont en effet toujours discrets. C’est un véritable challenge de les trouver. Ce matin, la quête est couronnée de succès. Je finis par apercevoir de façon furtive une femelle de marouette poussin. Je ne parviendrai pas malheureusement à faire de meilleure photo.
22 mars
La migration suis son cours au Plan de La Garde et les beaux jours arrivent. Avec eux également les brumes des chaleur ! On ne peut pas tout avoir. Près de la seule petite vasière restante, je croise 3 petits gravelots qui se mettent à courir sur le gazon au bord de la piste.
Profitant des thermiques, un circaète s’élève en tournoyant pour continuer son voyage vers le nord. C’est le premier que je vois de la saison. Ce rapace se nourrit exclusivement de reptiles. Il est donc migrateur et ne regagne la France que lorsque les températures deviennent favorables pour ses proies à écailles.
D’autres migrateurs, en revanche, choisissent le plan de La Garde comme une halte de repos. Ils peuvent rester ici quelques jours. C’est le cas par exemple de ce petit groupe d’échasses blanches.
Parmi les oiseaux en halte aujourd’hui, un canard souchet mâle.
Les bergeronnettes de ruisseau ont quitté le site depuis un moment déjà. Mais elles sont remplacées par les bergeronnettes printanières qui ne passent pas inaperçu avec leur joli plumage jaune.
Enfin, la chasse aux marouettes finit par payer à nouveau. Cette fois-ci c’est un mal qui vient se mettre à découvert. Ce soir en faisant le tour du site, je compterai au moins trois individus différents ! Le site est décidément très propice à cette espèce !
25 mars
Il est vraiment agréable de pouvoir faire un tour dans un espace naturel où il y a autant de vie qu’au plan après le boulot. Je récupère Manua à la nounou et hop nous voilà en balade ! Les journées commencent à rallonger et la température est parfaite ! Je croise des amis de longue date, eux aussi venus chercher les marouettes. Mais elle ne se montrera pas ce soir. En revanche, nous avons droit à la toilette d’une lusciniole, assez en évidence pour cette espèce plutôt discrète.
Manua aime être au grand air et s’émerveille de tout. Il adore regarder les oiseaux bouger et toucher les brins d’herbe. C’est un véritable bonheur de le contempler, les yeux grands ouverts et pétillants ! Ce soir, c’est une foulque qui aura attiré son attention !
Depuis quelques jours, les vents du sud ont chargé le ciel du sable du Sahara. Des ambiances étranges et des couchers de soleil rougeoyant !
28 mars
La veille, une marouette de Baillon, la plus rare, a été observée. Nous sommes donc nombreux ornithos à vadrouiller sur la zone aujourd’hui. C’est surtout l’occasion de bien rigoler et de discuter. La marouette ne sera pas retrouvée. Mais nous serons récompensés de nos efforts par de nombreuses observations marquant l’arrivée de nouveaux migrateurs.
A peine arrivés au parking, nous sommes survolés par un héron pourpré ainsi qu’un groupe de martinets à ventre blanc. La journée commence plutôt bien. Les roselières accueillent un nouveau passereau de passage : le phragmite des joncs. Ils sont plusieurs individus à pousser leur chant énergique mêlé d’imitations. Les groupes de sarcelle d’été sont toujours présentes. Parmi elles s’est glissé un retardataire : une sarcelle d’hiver.
Nous faisons le tour du grand bassin pour prendre la direction des jardins solidaires. Dans la végétation se dissimule un joli papillon : la diane. Cette espèce qui pond exclusivement sur l’aristoloche est inféodée aux zones humides. Une huppe passe rapidement en vol. Le printemps est vraiment là ! En fin de matinée, je quitte la zone. Il fait trop chaud pour le petit. On mangera tranquillement à la maison.
La marouette ponctuée
Retour sur le plan en fin d’après-midi. On commence juste à prendre la direction des étangs que l’on tombe déjà sur une marouette dans la roubine qui longe la piste. Il s’agit cette fois-ci de la marouette ponctuée. Comme souvent, le passage est furtif et je n’ai pas le temps de prendre de photos. Les deux espèces de marouettes semblent bien s’être partagé les milieux du plan : les roubines pour les ponctuées, les roselières au bord des étangs pour les poussins ! A chaque balade sa surprise ! Un martinet noir, seul, passe en vol. Encore une choche poussette ! C’est avec le chant d’une chouette chevêche que se termine la journée. Vraiment, j’adore ces ambiances !
La migration des passereaux
8 avril
C’est au tour des passereaux de migrer. Je prends le temps de chercher dans les petits buissons à l’entrée du plan. Le chant d’un pouillot fitis s’élève. Mais je ne parviendrai pas à l’observer. Je le cherche aux jumelles et finit par tomber sur un mâle de tarier des prés. Les martinets noirs sont à présent nombreux à tournoyer à la recherche d’insectes au-dessus des étangs. Ils ne tarderont pas à s’installer pour la reproduction. Côté canards, les sarcelles d’été ont à présent déserté le site. Mais aujourd’hui, c’est un mâle de fuligule milouin qui fait une halte. Je n’ai pas beaucoup de temps et dois partir au boulot. Je prends juste le temps de photographier une pie-grièche à tête rousse avant de partir !
Enfin la marouette de Baillon
15 avril
Le 14 avril, une marouette de Baillon est observée sur l’un des étang au sud est du plan. Je n’ai malheureusement pas l’occasion de m’y rendre. Je tente ma chance le lendemain. Il est déjà tard dans la journée et le soleil commence à tendre vers l’horizon. D’autres observateurs sont déjà postés. Cela me facilitera la tache, car avec Manua, ce n’est pas toujours très facile de garder les yeux dans les jumelles ! Elle s’est montrée très active dans la journée. Mais à présent, elle est cachée dans la roselière. Il n’y a plus qu’à espérer qu’elle sorte.
Bingo ! Elle passe furtivement le long de la berge. Je ne parviendrai donc pas à faire de belle image. Mais ce n’est pas bien grave ! Voici une espèce certes peu commune. Elle est cependant observée tous les ans sur les côtes méditerranéennes lors de sa migration. Je n’avais pourtant jamais eu l’occasion de tomber dessus ! Comme quoi, tout arrive à qui sait attendre.
Les beaux jours arrivent au Plan de La Garde
16 avril
Nous avons droit à un magnifique week-end de Pâques. Le vent est totalement tombé et le soleil est au beau fixe. Les migrateurs continuent leur voyage avec de nouvelles arrivées. Quelques guêpiers passent haut dans le ciel, se signalant par leurs cris. Au loin c’est un coucou gris qui file. Je tente un passage sur le site où hier baladait la marouette. Mais il fait très chaud. Je préfère donc m’abriter à l’ombre de la frênaie avec la poussette. Ce sont les chants de mes premiers rossignols de l’année, les premiers depuis 4 ans en fait, qui s’élèvent des buissons. Quelques papillons virevoltent au-dessus de la végétation. Parmi eux, j’aperçois une diane. Elles sont assez nombreuses dans cette zone du parc.
26 avril
La saison de migration semble déjà bien entamée. Je profite alors d’une belle matinée pour faire ma dernière prospection. Il faudra alors venir vraiment tôt pour profiter des bons créneaux. Pas forcément adapté pour le petit. Je commence, comme souvent, par la passerelle qui traverse la roselière. Les chants saccadés des rousserolles turdoïdes fraichement arrivées retentit. Il est vraiment facile de les distinguer tant leur chant est puissant. Les hirondelles sont vraiment très nombreuses ce matin, en particulier des rustiques et des hirondelles de rivage. Elles se posent en grappes dans les roselières. En effet, elles adorent ce genre de milieux pour la migration. C’est d’ailleurs pour ça qu’Aristote croyait qu’elles s’y enterraient pour passer l’hiver. Il est encore tôt et les martinets noirs eux aussi volent assez bas. J’en profite pour tenter quelques photos. Pas simple !
Un oiseau décolle devant mes pieds, il devait donc se tenir dans les roseaux contre la passerelle. Quelle chance ! C’est un blongios nain ! Il se pose en bordure d’un petit îlot. Je prends ainsi le temps de l’observer aux jumelles. J’apprécie ce rare moment. C’est en effet une espèce assez discrète qu’il n’est pas facile de voir.
Je lève alors les yeux, un groupe d’ibis facinelle survole la zone. Ils semblent chercher un endroit pour se poser. Ils tournoient un moment avant de finalement prendre la direction du nord. La matinée commence plutôt bien.
Sur le plan d’eau, de nouveau canard ont fait leur apparition ce matin. Il s’agit d’un couple de nettes rousses.
Des passereaux en quête d’insectes
Je finis alors mon tour par les zones de prairies parsemées de buissons. Il n’est pas très tard et les passereaux sont encore bien actifs et plutôt coopératifs ! Un tarier des prés, affamé ne cesse de chasser les insectes qu’il repère depuis son perchoir.
Sur le buisson voisin, c’est une cisticole des joncs qui l’imite.
Dans la même zone, je tombe également sur une pie-grièche à tête rousse. Il s’agit en effet cette fois-ci de la sous-espèce qui niche sur les îles méditerranéennes : la sous-espèce badius. Elle se reconnaît, entre autres, par l’absence de tache blanche sur l’aile. Je l’observe un long moment. Une observation de qualité pour un oiseau que j’affectionne particulièrement.
Un autre oiseau remarquable attire alors mon attention : le guêpier d’Europe. En effet, un petit groupe passe en criant au-dessus de moi. Finalement ils se posent au loin dans un arbre mort. Mais les brumes de chaleur commencent à apparaître. Il est donc temps de rentrer. Je rajouterai malgré tout une dernière espèce à la liste de migrateurs : un traquet motteux observé au loin posté sur un piquet.
Espèces observées au plan de La Garde
- Canard colvert
- Canard souchet
- Sarcelle d’été
- Sarcelle d’hiver
- Nette rousse
- Fuligule milouin
- Grèbe castagneux
- Grand Cormoran
- Blongios nain
- Héron cendré
- Héron pourpré
- Aigrette garzette
- Ibis falcinelle
- Circaète Jean-le-Blanc
- Busard des roseaux
- Epervier d’Europe
- Buse variable
- Râle d’eau
- Marouette poussin
- Marouette de Baillon
- Marouette ponctuée
- Gallinule poule d’eau
- Foulque macroule
- Echasse blanche
- Petit gravelot
- Chevalier culblanc
- Chevalier sylvain
- Chevalier gambette
- Barge à queue noire
- Mouette rieuse
- Goéland leucophée
- Pigeon ramier
- Tourterelle turque
- Coucou gris
- Chevêche d’Europe
- Martinet à ventre blanc
- Martinet noir
- Guêpier d’Europe
- Huppe fasciée
- Pic vert
- Faucon crécerelle
- Pie-grièche à tête rousse
- Pie bavarde
- Choucas des tours
- Corneille noire
- Grand corbeau
- Hirondelle de rivage
- Hirondelle de rocher
- Hirondelle rustique
- Hirondelle de fenêtre
- Mésange charbonnière
- Mésange bleue
- Mésange à longue-queue
- Bouscarle de Cetti
- Pouillot fitis
- Pouillot véloce
- Lusciniole à moustaches
- Phragmite des joncs
- Rousserolle turdoïde
- Cisticole des joncs
- Fauvette à tête noire
- Fauvette mélanocéphale
- Rougegorge familier
- Rossignol philomèle
- Rougequeue noir
- Tarier des prés
- Tarier pâtre
- Traquet motteux
- Merle noir
- Etourneau sansonnet
- Bergeronnette printanière
- Bergeronnette des ruisseaux
- Bergeronnette grise
- Pipit des arbres
- Bruant des roseaux
- Pinson des arbres
- Verdier d’Europe
- Chardonneret élégant
- Serin cini
- Moineau domestique
de migration au plan de La Garde. De nombreuses espèces d’oiseaux au passage ce printemps