Lundi 9 mai
J’embarque à nouveau à bord de la Croix du Sud V avec l’équipe de Découverte du Vivant. Cette fois-ci, la sortie n’est pas organisée pour le grand public. Mais il s’agit d’un projet de sensibilisation destiné aux écoles primaires. Je trouve vraiment ça génial que l’on montre aux enfants la beauté et la richesse de notre Méditerranée. Nous voilà donc partis avec une bande de bambins enchantés de prendre le large.
Les puffins ce sont rassemblés en d’importants radeaux dans la baie de Sanary. On dénombre pas moins de 500 oiseaux. Il s’agit essentiellement de puffins yelkouans. Ce sont les plus petits, le dessus de leur plumage est entièrement sombre et le ventre blanc. Ils décollent au passage du bateau pour se reposer un peu plus loin. La mer est particulièrement calme. Ils attendent que le vent se lève pour prendre le large et jouer avec les thermiques.
Parmi eux ont distingue des oiseaux plus grands et plus clairs. Il s’agit du Puffin de Scopoli. Nicheur méditerranéen, il peut hiverner jusque dans l’Atlantique.
Encore des baleines
Nous sortons de la baie et prenons le large. Nous avons de la chance : les conditions sont parfaites et la mer toujours aussi calme. Nous ne tardons d’ailleurs pas à repérer des souffles au loin. Les rorquals ne sont pas en retard cette année !
Je suis toujours épatée de voir à quel point ces animaux, pourtant gigantesques, peuvent passer inaperçus. En effet, le rorqual commun est le deuxième plus grand animal au monde après la baleine bleue. Bien que les individus de la population méditerranéenne sont généralement plus petits, ils peuvent néanmoins atteindre 22 m ! Parfaitement profilé pour la nage rapide, on ne voit qu’une toute petite partie de l’animal en surface. De plus, ils sortent très rarement la caudale lors de la sonde. Autant dire qu’ils ne sont pas très démonstratifs.
C’est donc principalement grâce à leur souffle que l’on repère les rorquals. Le souffle est droit sur l’eau, contrairement à celui des cachalots qui est en diagonale et buissonnant. On peut aussi voir le dos au loin briller. Lorsqu’il sonde, le rorqual arque son dos qui est apparaît alors nettement.
On peut identifier individuellement les rorquals communs grâce à leur aileron. En effet, leur forme et leurs encoches diffèrent d’un individu à l’autre.
Au final nous aurons la chance de croiser deux groupes de deux baleines sous les yeux émerveillés des enfants.
Un dauphin commun
Mais les stars incontestées restent les dauphins. A proximité des deux premières baleines, nous croisons un groupe de près d’une centaine de dauphins bleu et blanc. Ils arrivent en bondissant au bateau accompagnés par les “ha ! ho ! waou !” des enfants. Un vrai spectacle qu’ils ne sont pas prêts d’oublier.
Parmi tous ces dauphins, l’un d’eux se distingue par ses flancs jaunes. Il s’agit d’un jeune dauphin commun. Cette espèce, certes commune sur les côtes atlantiques, il n’en va pas de même sur nos côtes provençales. C’est donc toujours une agréable surprise. Il semble rechercher la compagnie d’un dauphin bleu et blanc auquel il ne cesse de se coller.
Tortue en vue
On peut dire que la sortie est déjà bien remplie. Objectif émerveillement atteint ! Et pourtant, la mer nous réserve encore quelques surprises. Nous croisons la route d’une tortue caouanne. Et oui, on peut aussi observer des tortues marines au large de Toulon ! Il s’agit de la tortue caouanne. Rappelez-vous, je vous en ai déjà parlé dans mes comptes-rendus sur la Calédonie (=> Reconnaître les tortues marines). Sur le caillou, on l’appelle d’ailleurs la tortue grosse tête.
La tortue caouanne se reproduit en Méditerranée, en particulier en Grèce. Il y a eu aussi de façon occasionnelle des pontes dans le Var. Mais les individus que nous observons lors des sorties sont généralement des tortues qui viennent des Antilles et qui ont traversé l’Atlantique.
La mer est toujours aussi calme. Nous pouvons l’admirer par transparence. Une ambiance un peu irréelle et magique !
Le chasseur de méduses
La tortue n’est pas la seule à se nourrir des méduses. Le poisson lune en est également un grand amateur. Il sort alors la tête hors de l’eau, bouche ouverte, pour gober les vélelles. Ces petits voiliers forment parfois de vastes radeaux qui viennent s’échouer sur nos plages. Mais rassurez vous, contrairement aux pélagies, elles sont inoffensives.
Nous finissons par reprendre la direction du port. Au loin, quelques dauphins bondissent. Mais il est l’heure et nous avons déjà bien profité des beautés de la nature. J’avais oublié à quel point j’aimais la Méditerranée.