12 août 2015
Dernière journée complète dans ce mythique parc d’Etosha qui depuis 9 jours nous a réservé maintes surprises. Pas de grasse matinée aujourd’hui, pas plus que les autres jours d’ailleurs mais le bruit, dès 5 heures du matin, des accompagnateurs du camion de touristes qui nous ont envahi hier soir, cela fait un peu mal ! Bruits des casseroles, commentaires, bref, ils ne sont pas véritablement discrets ! Vers 6h30, nous sommes prêts. Première étape du jour, la désormais traditionnelle tournée de la Dik dik drive avec passage au point d’eau. Nous sommes encore une fois les premiers à parcourir la piste mais toujours pas de léopards ! Nous ne sommes toutefois pas bredouilles car les Dik dik nous font un festival tandis qu’un Aigle ravisseur, fièrement posé sur son arbre attend que l’atmosphère se réchauffe pour prendre son envol. Il faut dire que pour le moment, le thermomètre ne dépasse pas les 5°C. L’hiver à 1000m d’altitude est bien perceptible.
Passage au camp pour un peu de ravitaillement (le magasin et la station essence étant fermés à 6h30), surtout de l’eau et de l’essence. Enfin le vrai départ vers l’ouest, en direction d’Halali. A peine un kilomètre de parcouru que nous croisons un attroupement de voitures. Nous avons beau scruter la plaine, les buissons, les arbres, rien de particulier si ce n’est un groupe de Girafes. Bien que ce soient de magnifiques bêtes, elles ne sont pas habituellement responsables des embouteillages dans le parc. Nous suivons le train de véhicules qui se déplace lentement et enfin nous la voyons. Parallèle à la piste, dissimulée par intermittence par les buissons, une lionne solitaire avance. Ses côtes sont bien visibles, les muscles atrophiés, elle n’est pas en grande forme.
On regarde la carte pour essayer de deviner sa destination, et bingo, il y a un point d’eau à environ 800 m. D’autres véhicules ont aussi flairé l’affaire, ils prennent de l’avance pour aller se positionner. Premiers arrivés, premiers servis. Nous nous arrivons en 6ème position et trouvons une place qui se révèlera être aux premières loges. En attendant l’arrivée de la lionne, nous patientons en observant les oiseaux qui gravitent autour du point d’eau, notamment des passereaux qui viennent s’abreuver et d’autres qui s’activent dans les buissons. Principalement des Cordons bleus de l’Angola et des Astrilds à moustaches. En bordure de la roselière, un râle à bec jaune fait une apparition furtive.
La lionne arrive et se dirige immédiatement vers le bord du point d’eau où durant 1 minute, elle lape la surface.
D’un pas lent, elle s’éloigne, grimpe sur le talus voisin et s’allonge. Un Chacal la suit à distance respectable comme s’il pariait sur sa mort prochaine. 10 minutes plus tard, la lionne n’a toujours pas bougé, nous la quittons et poursuivons vers le prochain point d’eau. Une petite dizaine d’Outarde Kori le long de la piste et au point d’eau de Chudop, il y a du monde. Zèbres, Impalas, Outardes Kori et surtout trois Hyènes tachetées couchées au milieu des crottes des herbivores. L’une d’elles finit par se lever, c’est le signal pour les deux autres qui la suivent et toutes se réfugient derrière le couvert végétal.
Nous poursuivons notre route jusqu’à Kalkheuwel. Ici les oiseaux sont nombreux. Plus de 20 Touracos concolores se sont rassemblés sur les petits arbres bordant le point d’eau et semblent hésiter à descendre de leur perchoir pour boire. Des Serins à gorge noire se sont associés à des moineaux à tête grise et forment de belles troupes particulièrement inquiètes au passage d’un Éland du cap ou d’un Impalas.
Dans un groupe, nous parvenons à distinguer une Veuve ainsi qu’un Astrild à moustaches.
Malheureusement pour nous, ce n’est pas la saison de reproduction et les veuves n’arborent pas leur élégant plumage nuptial aux longues rectrices.
La matinée avance et l’ambiance se calme. Nous croisons un couple de Secrétaires à la recherche de serpents ou de lézards le long de la piste menant au point d’eau de Ngobib. Ils sont bien les seuls à être encore actifs.
Au point d’eau, une résurgence naturelle au milieu de la forêt de Mopane, une petite troupe de Zèbres cherche la fraicheur en s’abritant sous le feuillage de quelques grands arbres.
Nous rejoignons le point d’eau suivant, celui d’Okerfontein où trois Eléphants prennent un bain. Nos estomacs crient famine, c’est l’heure de manger suivi d’une bonne sieste réparatrice. En guise de réveil, les pas d’un Eléphant passant à moins de 10 mètre de la voiture …
Il fait chaud, une alternative s’offre à nous, attendre près du point d’eau ou reprendre la piste. On se décide, on démarre le moteur, c’est reparti pour une balade … et nous avons eu raison. A droite de la piste, à environ 200 m se dessine la fine silhouette d’un animal haut sur pattes. Il avance dans notre direction, s’arrête, scrute les environs. C’est un Guépard. Enfin ! Il aura fallu attendre notre 17ème jour en Namibie dont 9 jours dans Etosha pour croiser cette espèce mythique. Il change de direction, sans nous jeter le moindre regard, toujours indifférent à notre présence, il avance de quelques dizaines de mètres puis observe longuement les environs. Il traverse la piste 50 m devant nous puis s’éloigne lentement. Nous l’observons durant plus de 30 minutes avant que sa tête ne disparaisse définitivement derrière les hautes herbes.
On pointe sur la carte son emplacement et sa direction, il y a bien une piste mais compte tenu de sa vitesse de déplacement et ses changements fréquents de direction, il y a peu de chance que nous le retrouvions. Peu importe, nous avons notre guépard et quelle obs ! Tout simplement une rencontre géniale ! La Namibie est le bastion de cette espèce avec des effectifs avoisinants les 2500 individus pour une population mondiale estimée à environ 6700. Les parcs et les réserves namibiens paradoxalement ne sont pas des sanctuaires pour le Guépard. L’espèce y est relativement peu présente et c’est plutôt sur le territoire des grandes fermes privées que se situent la majorité des individus. Il semble qu’ils y trouvent davantage de tranquillité, notamment l’absence de prédateurs alors que dans les parcs, les populations de Lions et d’Hyènes sont des facteurs limitants.
C’est l’esprit plus léger que nous poursuivons la piste, observant quelques oiseaux par ici, en photographiant d’autres par là dont un magnifique mâle de Cordonbleu grenadin.
En cherchant davantage, on découvre un petit groupe de Sporoppipes squameux s’affairant dans les herbes blanchies du bord de la piste.
Nous sommes loin du camp, l’heure avance, il est temps de faire demi-tour quand, dans l’ombre au pied d’un buisson, se dessine à nouveau la silhouette d ‘un Guépard. Un deuxième individu. A peine le temps de l’observer quelques secondes qu’il s’affale dans les herbes. Nous patientons plus de 10 minutes en vain, il ne nous se montrera plus, seule sa queue dont il se sert pour chasser les mouches fera de brèves apparitions.
40 km pour retourner au camp avec un arrêt au point d’eau de la Lionne rachitique de ce matin. Mais elle n’y est plus. Nous découvrons une Rynchée peinte s’alimentant à découvert mais il n’y a plus de lumière pour la photo. Rapide crochet par le point d’eau de la Dik dik drive où un groupe d’éléphants s’abreuve alors que le soleil frôle l’horizon. Il est temps pour nous de rentrer.
1 Comment
Ph Poiré
bravo pour votre site !
Après 2003 je retourne en avril en Namibie…ce site est déjà le début du rêve !! Avec vos photos et commentaires vous avez mis la barre bien haute 🙂 !!
En espérant que la sécheresse n est pas trop mis à mal ce pays déjà bien désertique !
et merci !!