Traversée des lacs de Vens au Mont Ténibre
Traversée des lacs de Vens au Mont Ténibre : Mon itinéraire en 3 jours
- Jour 1 : De Pra au lac de Vens par le col du Fer. 10 km – Dénivelé positif : 1050m
- Jour 2 : Lac de Vens – Sentier de l’énergie – Refuge de Rabuons – Sommet du Ténibre. 18km – Dénivelé positif 1300m
- Jour 3 : Lac de Chaffour – Saint-Etienne de Tinée – 10km – Dénivelé négatif – 1600m
Ascent/Descent: | Distance: 38.71 km |
Organiser sa Traversée des lacs de Vens au Mont Ténibre
Où dormir ? Nous avons choisi l'option bivouac. L'avantage est l'autonomie au niveau parcours et horaires. L'inconvénient bien entendu le poids du sac ... Tente + sac de couchage + repas + réchaud + matos photo ... un sac de près de 15kg.
Cet itinéraire se prête particulièrement à dormir en refuge avec une nuit au refuge de Vens et une au refuge de Rabuons.
Bivouaquer dans le parc national du Mercantour : Il est possible de bivouaquer dans le parc national du Mercantour mais à certaines conditions :
- Etre à au moins 1h de route de tout axe routier
- Poser sa tente entre 19h et au plus tard 9h
Pour en savoir plus, consultez la réglementation du parc national du Mercantour

Jour 1 : Du Pra au lac de Vens par le col du Fer
Au départ du Pra

Nous quittons le hameau de Pra en début d’après-midi. Pour vous garer vous pourrez trouver un petit parking juste après le lieu-dit mais qui est vite pris d’assaut. Il y en a un autre avant d’arriver au point de départ du sentier. C’est là que nous avons trouvé une place. Nous commençons l’ascension dans une ambiance encore estivale et méditerranéenne. Les criquets aux ailes tantôt bleues tantôt rouges décollent devant nos pas. Mais petit à petit on atteint des paysages plus montagnards. Une biche nous surveille depuis les crêtes tandis que le brame retentit plus bas dans la forêt. Un groupe de chamois croise notre chemin au milieu d’une zone boisée. Les mésanges noires chantent et ne sont entrecoupées que par le cri puissant d’un pic vert.

Arrivée à la maison forestière nous prenons la direction du col du fer.

Le col du fer

Nous quittons ces espaces végétalisés pour gagner les milieux rocailleux si propres au parc national du Mercantour. Une longue montée nous conduit au col du fer alors que quelques groupes de pipits spioncelles et de traquets motteux se perchent en évidence sur les blocs rocheux. Nous voilà enfin au col pour profiter un peu du paysage survolé par un groupe de vautours fauves.



Les aiguilles et le lac de Tortisse
Nous poursuivons la route et abandonnons nos sacs au bord du chemin pour monter aux aiguilles de Tortisse. Un petit détour de 30 mn qui nous offre un point de vue magnifique sur le lac de Vens. Quelques chocards et craves tournoient autour de ces pitons abrupts en poussant leurs cris stridents.


Nous rejoignons le sentier principal et au détour d’un virage nous découvrons la magnifique arche qui a fait la réputation de ce parcours. Il faut dire que ce monument naturel façonné par le vent et le temps est vraiment impressionnant. Nous prenons le temps de faire une petite série de photos et continuons notre route. Je vous conseille vivement de passer par le col du fer pour gagner les lacs de Vens car la vue dominante est somptueuse. Nous descendons au milieu des pelouses jaunies par l’été pour gagner le refuge. Nous achetons un petit coca que nous dégusterons plus tard et cherchons un endroit pour placer notre tente.



Les lacs de Vens

Attention ne pas bivouaquer sur la zone de captage au-dessus du refuge. Il y a des endroits très sympas autour du lac. Nous nous calons alors près de l’eau tandis que le soleil décline illuminant les pentes recouvertes de myrtilliers rougeoyants. Quelques chamois descendent des hauteurs. L’ambiance est calme et nous profitons pleinement de notre première nuit en bivouac.

Jour 2 : Du lac de Vens au Ténibre par le sentier de l'énergie
Réveil au bord du lac de Vens

7h, le réveil sonne. Nous préparons un petit café tandis que les montagnes se reflètent dans les eaux calmes du lac. Des bêlements attirent mon attention. Un troupeau de moutons ici ? Pas du tout, il s’agit d’un petit groupe de mouflons, des femelles et leurs jeunes. Quelques chamois profitent également de ces heures matinales pour paître en toute tranquillité. L'un d'eux, intrigué par notre présence, s'approche près de notre bivouac.


Nous plions nos affaires et à 8h entamons notre chemin qui s’annonce long. Les mouflons prennent la même direction que nous et longent les crêtes.



Le sentier slalome entre cascades et lacs avant d’amorcer une montée dans un petit raidillon.

Un cassenoix semble mécontent de notre passage. Il se perche au sommet d’un arbre et pousse une série de cris rauques.

Nous arrivons au petit lac des Babarottes. C’est ici que nous abandonnons le groupe de mouflons et poursuivons la montée en lacets qui conduit à un petit plateau. Quelques traquets retardataires nous surveillent du coin de l’œil tandis que nous arrivons au col. C’est le moment de faire une pause et un nouveau café. Il est 10h, la chaleur commence à se faire sentir et les thermiques permettent aux rapaces de prendre leur envol. Un aigle royal passe à proximité suivi de quelques vautours.



Il n’y a plus qu’à descendre pour rejoindre le sentier de l’énergie qui marque la limite du cœur du parc national. Comme l’indique le panneau, la nature a tout autant besoin d’attention au-delà de cette frontière artificielle.
Le sentier de l'Energie
Le sentier de l’énergie est un ouvrage d’art de 8km. C'est en 1926 que la Compagnie électrique du littoral méditerranéen lande le projet "Grand Bancairon". Le but était de produire 120 000 ch d'électricité par la construction de grands réservoirs et d'une centrale hydroélectrique. Le sentier fut construit pour faciliter les travaux qui finalement n'aboutirent pas. Seule la centrale du Bancairon vit le jour.



Serpentant à flan de falaises, il offre une vue imprenable sur la vallée de la Tinée. A notre droite la pente boisée, à gauche des falaises abruptes. Nous marchons ainsi jusqu’au plan de Ténibre et mangeons près de la cabane au milieu d’une belle prairie. Quelques marmottes gambadent et alarment au passage de quelques randonneurs. La marche sur cette partie du sentier est aisée et rapide et nous pensions pouvoir poursuivre à cette allure jusqu’au refuge de Rabions. Malheureusement, des éboulements sur l’itinéraire nous contraignent à faire un détour par le lac du fer. Une ascension de 250m dont nous nous serions bien passés !
Nous redescendons pour rejoindre à nouveau le sentier de l’énergie dans un cadre complètement ahurissant. Cette portion du parcours est vraiment sublime ! Des pointes rocheuses acérées plongent en direction de la vallée. Le sentier continue de longer la paroi passant de temps à autre dans de petits tunnels. Quelques hirondelles de rochers sillonnent la zone.


Le refuge de Rabuons

Le sentier grimpe jusqu’à la centrale puis au refuge de Rabuons où nous faisons une halte désaltérante. Le panorama depuis le refuge est sublime, dominant ce grand lac glaciaire lové au milieu de pics acérés et inhospitaliers. J’adore ces paysages austères et cette ambiance minérale qui semble en permanence nous provoquer. Ici commence l’aventure.

Nous hésitons. Il est déjà plus de 15h. Attaquerons-nous maintenant l’ascension du Ténibre ? Ou demain matin ? Nous prenons quelques conseils au refuge. Certes l’après-midi est avancé mais demain la météo risque de tourner. Nous nous lançons donc sur le sentier du sommet. Il faut environ 2h30 pour monter depuis le refuge.

Le mont Ténibre
Le sentier suit le lac principal avant de gagner le lac Chaffour. C’est ici que nous dormirons. Nous laissons toutes nos affaires pour n’embarquer que l’essentiel : eau, barre de céréales et matériel photo.

Nous entamons l’ascension au milieu des blocs rocheux, refuge d’une hermine qui accourt à notre approche comme si elle désirait jouer à cache-cache.

Le sentier traverse un vaste pierrier au milieu duquel il s’évanouit. Il faut viser l’autre côté de la pente pour avancer au milieu de ce chaos mouvant. Ces milieux austères sont le refuge de la rare saxifrage à fleurs nombreuses. Endémique à cette partie du Mercantour, cette fleur fut l'emblème du parc national à sa création.
Des bruits de chute de pierres attirent mon attention. Je lève la tête. C’est un groupe de bouquetins, des femelles et leurs jeunes, qui traverse la zone en sens inverse. Mieux vaut être vigilent, et je ne m’attarde pas.

Mais ils ne sont pas seuls. Au loin, au niveau du pas de Rabuons, deux grandes cornes se détachent. C’est un mâle qui profite de cette dernière zone ensoleillée. Je finis par le rejoindre, le temps de faire quelques images. J’espérais observer des lagopèdes dans cette zone, mais ce ne sera pas pour aujourd’hui.

Il manque encore un dernier 150m de dénivelé pour atteindre le sommet du Ténibre à 3031m. La montée est raide dans la caillasse et quand on croit qu’on est arrivé il reste encore quelques pas pour rejoindre la croix. La vue sur les crêtes déchiquetées dans le soleil couchant est une belle récompense pour cette longue journée de marche. Le regard porte de la vallée de la Tinée aux sommets italiens.


Nous redescendons tranquillement au milieu des bouquetins jusqu’au lac Chaffour où nous montons notre bivouac.
Jour 3 : Retour à Saint-Etienne de Tinée
Nous nous réveillons à l’aube. Une longue descente nous attend. Nous revenons sur nos pas en direction du refuge. La météo a bien tourné durant la nuit et c’est sous un ciel bien menaçant que nous attaquons cette dernière journée de marche. Cette ambiance sombre intensifie le caractère austère de ce paysage minéral. Un petit air du Mordor !

Nous rejoignons le sentier de l’énergie sur une petite portion. Un groupe de mouflons décampe à notre passage et disparaît bien vite dans les escarpements.

A la bifurcation de la balise 103 nous prenons la direction de Saint-Etienne de Tinée. Il n’y a plus qu’à descendre au milieu de la forêt. Au loin un cerf brame tandis que les mésanges s’activent dans les mélèzes. Quelques bec-croisés des sapins, un pic épeiche, bref les espèces forestières. La descente est longue, 1500 de dénivelé négatif … Enfin je préfère les descendre que les monter. Il nous faut un peu plus de 2h depuis la balise pour gagner le village.

Pour le retour à notre voiture, nous misons sur le stop. Le hameau de Pra est en effet à 10km … Par chance, une voiture s’arrête rapidement. Merci à eux !