voyage nature en Albanie lagune de Karavasta. Le récit d’un voyage entre traditions rurales albanaises, paysages côtiers préservés et observation d’oiseaux rares, dans la magnifique lagune de Karavasta, l’un des joyaux naturels de la Méditerranée.
- Entre traditions rurales et nature préservée
- Le parc national de Divjakë-Karavasta
- Cap sur la lagune de Karavasta
- Une balade en barque au cœur de la lagune
- Le cormoran pygmée, discret habitant de la lagune de Karavasta
- L’écomusée de la lagune et la star locale : le pélican frisé
- Le pélican frisé, géant majestueux de la lagune de Karavasta
- Une plage vivante, entre beauté et fragilité
- Fin de journée sur les routes albanaises
- Conseils pratiques pour visiter la lagune de Karavasta
- En résumé
Entre traditions rurales et nature préservée
Le jour se lève à peine lorsque notre avion touche le sol de Tirana, capitale de l’Albanie. Dans la lumière pâle du petit matin, le parking des voitures de location semble en effervescence. Les loueurs s’affairent, échangent les clés, déplacent les véhicules : un ballet parfaitement désordonné qui donne le ton.
Alors que nous patientons, j’entends un cochevis chanter quelque part derrière les murs de l’aéroport. Un chant discret mais symbolique, témoin d’un pays encore profondément ancré dans ses traditions agricoles.
Bientôt, nous prenons la route vers la côte adriatique. En quittant la capitale, le paysage change rapidement : champs cultivés, petits troupeaux de moutons, bergers à pied ou à dos d’âne. L’Albanie se dévoile, authentique et sincère, entre mer et montagne.
Le parc national de Divjakë-Karavasta

Situé sur la côte adriatique, à deux heures au sud-ouest de Tirana, le parc national de Divjakë-Karavasta est l’un des joyaux naturels de l’Albanie. Ce vaste écosystème de lagunes, forêts de pins et dunes de sable abrite une biodiversité remarquable, typique des zones humides méditerranéennes. Véritable sanctuaire pour les ornithologues, le parc est surtout connu pour accueillir la plus grande colonie de pélicans frisés des Balkans. Ces oiseaux majestueux, reconnaissables à leur plumage argenté et à leur bec orangé, y trouvent refuge pour nicher et se nourrir. Observer un pélican frisé en vol au-dessus des eaux calmes de la lagune est sans doute l’un des plus beaux spectacles que puisse offrir la nature albanaise.
Cap sur la lagune de Karavasta
Deux heures plus tard, la lagune de Karavasta apparaît au détour d’une piste sablonneuse. Classée parc national, c’est l’une des plus vastes zones humides d’Albanie et un véritable paradis pour les amateurs d’oiseaux et de nature sauvage.

Nous garons la voiture près d’une cabane en bois d’où partent les excursions en barque. Un groupe organisé a déjà embarqué, nous patientons. Le temps d’une balade le long du canal, sous une chaleur déjà bien installée, j’observe les premières silhouettes : grandes aigrettes, aigrettes garzettes, hérons cendrés, cormorans pygmées. Une belle introduction à ce sanctuaire naturel.

Une balade en barque au cœur de la lagune

Quand vient notre tour, nous embarquons à bord d’une petite barque traditionnelle. Le capitaine file d’abord à vive allure à travers un dédale de chenaux bordés de roseaux. Très vite, il comprend notre envie d’observer et ralentit, nous laissant profiter du silence et de la vie.

Les oiseaux d’eau se succèdent, certains posant quelques secondes pour la photo, d’autres disparaissant aussitôt dans les reflets argentés. C’est ainsi que j’immortalise un cormoran pygmée, minuscule silhouette sombre sur fond de lumière.



La balade dure en tout un peu plus de 30mn. Nous accostons sur un îlot coiffé d’un petit observatoire. Rien d’exceptionnel à voir, mais le cadre invite à la contemplation. Ici, tout semble encore à taille humaine.

Le cormoran pygmée, discret habitant de la lagune de Karavasta
Parmi les oiseaux emblématiques que l’on peut observer dans la lagune de Karavasta, le cormoran pygmée (Microcarbo pygmaeus) se distingue par sa petite taille et son allure vive. Mesurant à peine 50 centimètres pour une envergure d’environ 80 cm, il est le plus petit représentant de la famille des cormorans en Europe.
Son plumage sombre, aux reflets verdâtres, et sa gorge claire lui donnent une élégance sobre, tandis que ses yeux d’un vert émeraude attirent immanquablement le regard à la jumelle.
Un oiseau des zones humides d’Europe et d’Asie
L’aire de répartition du cormoran pygmée s’étend principalement en Europe du Sud-Est, dans les Balkans, ainsi qu’en Turquie, dans le Caucase, et jusqu’en Asie centrale.
On le rencontre aussi sporadiquement dans le sud de la France, en Italie, en Grèce, en Macédoine du Nord, en Bulgarie, et bien sûr en Albanie, où la lagune de Karavasta abrite l’une des colonies les plus stables du pays.
Il affectionne particulièrement les zones humides peu profondes, les lagunes, les deltas et les lacs bordés de roselières, où il trouve poissons et crustacés en abondance.
Un symbole de biodiversité préservée
Espèce longtemps menacée par la destruction des milieux humides et la pollution, le cormoran pygmée bénéficie aujourd’hui de mesures de protection dans de nombreux pays. En Albanie, il trouve refuge dans le parc national de Divjakë-Karavasta, où les efforts de conservation portent leurs fruits : les effectifs se maintiennent, signe encourageant pour la faune aquatique locale.
Observer ce petit cormoran au vol rapide, souvent perché sur un tronc émergé, ailes déployées pour sécher au soleil, reste un moment privilégié pour tout passionné d’ornithologie.
L’écomusée de la lagune et la star locale : le pélican frisé

Depuis le parking, un sentier sur pilotis serpente dans la forêt de pins pour rejoindre l’écomusée. Quinze minutes de marche suffisent (ou quelques minutes en voiture). À l’intérieur, une exposition simple mais passionnante raconte la vie de la lagune, sa faune et sa flore.
On y découvre surtout la star locale : le pélican frisé, majestueux oiseau emblématique du delta.

L’entrée est gratuite, mais la montée dans la tour d’observation est payante (15 € par personne). Nous renonçons, un peu refroidis par le prix, et partons observer l’individu recueilli et soigné au centre. Une belle rencontre, surtout pour les enfants.
Le pélican frisé, géant majestueux de la lagune de Karavasta
Symbole incontesté du parc national de Divjakë-Karavasta, le pélican frisé (Pelecanus crispus) est l’un des oiseaux les plus spectaculaires d’Europe. Avec ses ailes de plus de trois mètres d’envergure et son plumage argenté, il domine les ciels de la lagune lorsqu’il prend son envol. Son nom vient de la couronne de plumes frisées qui orne sa tête, et de son impressionnant bec orangé, orné d’une grande poche extensible utilisée pour pêcher.
Un habitant rare des zones humides méditerranéennes
Le pélican frisé fréquente les grandes zones humides, lagunes et deltas du sud-est de l’Europe et de l’Asie centrale.
Son aire de répartition s’étend des Balkans (Albanie, Grèce, Bulgarie, Macédoine du Nord) jusqu’aux rives de la mer Noire, du Caucase et de la mer Caspienne, puis vers l’est jusqu’en Mongolie et en Chine.
La lagune de Karavasta abrite la plus importante colonie de pélicans frisées de toute la péninsule balkanique, faisant de ce site un sanctuaire vital pour l’espèce.
Reproduction : un rituel printanier impressionnant
La période de reproduction du pélican frisé s’étend de février à mai, selon les conditions climatiques.
Les couples construisent de larges nids en roseaux, herbes et branchages, souvent sur des îlots isolés pour éviter les prédateurs.
La femelle pond généralement 2 à 3 œufs, couvés par les deux parents pendant environ un mois. Les jeunes s’envolent après dix à onze semaines, sous la surveillance attentive du groupe.
C’est à cette saison que la lagune de Karavasta s’anime : le plumage des adultes se pare de reflets argentés et la poche du bec vire à l’orange vif — un spectacle inoubliable pour qui a la chance de l’observer.
Un géant fragile à protéger
Malgré son envergure impressionnante, le pélican frisé demeure vulnérable. La destruction des zones humides, la pollution et les dérangements humains menacent encore ses colonies de nidification.
En Albanie, des programmes de conservation ont été mis en place pour protéger ses nids et limiter l’accès motorisé aux zones sensibles du parc. Grâce à ces efforts, la population de pélicans de Karavasta montre des signes de stabilité, une réussite saluée par les ornithologues européens.
Une plage vivante, entre beauté et fragilité
De retour sur la route, nous gagnons le bord de mer. Les familles albanaises profitent du dimanche pour déjeuner en terrasse. Les rires se mêlent au bruit des vagues. La plage est belle, mais parsemée de déchets que le vent et la mer ont ramenés.
Une grande dune de sable ferme partiellement la lagune : un piège naturel où les pêcheurs installent leurs filets. Des sternes caspiennes plongent avec précision, tandis que les mouettes rieuses s’alignent sur les îlots.



Nous aurions aimé longer la lagune en voiture par la piste littorale, mais celle-ci s’avère impraticable. Nous faisons donc le tour complet pour atteindre la partie sud. Toujours pas de pélicans en vue… La saison n’est sans doute pas la meilleure. On nous explique qu’il faut venir au printemps ou en hiver pour les observer en grand nombre.
Fin de journée sur les routes albanaises
Le soleil décline lorsque nous reprenons la route vers Berrat, joyau classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Fatigués mais heureux, nous gardons en tête les images de cette journée : les reflets argentés des chenaux, le vol des cormorans, et la promesse d’une Albanie encore préservée, où la nature dicte encore sa loi.
Conseils pratiques pour visiter la lagune de Karavasta
- Accès : environ 2 h 30 de route depuis Tirana
- Activités : balade en barque, observation des oiseaux, visite de l’écomusée
- Meilleure période : printemps et hiver pour voir les pélicans frisées
- Prix : entrée gratuite à l’écomusée, tour d’observation payante (15 €)
- Prévoir : jumelles, appareil photo, chapeau et eau
En résumé
La lagune de Karavasta est une étape incontournable pour tout voyageur amoureux de nature et d’authenticité. Entre écotourisme, observation ornithologique et paysages méditerranéens, ce site révèle une autre facette de l’Albanie : sauvage, généreuse et pleine de promesses.