Pour débuter cette année 2020, je me lance dans un challenge photo. Merci à Jojo en herbe, blog de balades et de lectures, de m’avoir fait découvrir ce projet organisé par une autre blogueuse Du côté de chez Ma’.
#projet52dema

Le concept : une semaine / un thème. Le premier de l’année, Direction(s) m’a nécessairement inspiré … Me voilà de retour en métropole pour trois semaines, après avoir passé deux ans dans le nord de la Calédonie, en brousse comme on dit, à vadrouiller à travers le Pacifique. Replongée dans mon quotidien provençal, je ne peux que m’interroger sur la direction à donner à ma vie aujourd’hui. Dans un premier temps, le choix est déjà fait, c’est un retour sur le Caillou. Mais ensuite ? Les possibles tendent l’infini, pas facile de choisir quand on se trouve à la croisée des chemins, car choisir une direction c’est aussi donner un sens à sa vie. Comment trouver le “bon” chemin ?

Pas toujours facile de trouver la bonne direction (Tonga, août 2019)

Le risque est de se retrouver comme l’âne de Buridan se laissant mourir ne sachant que choisir entre son seau d’avoine ou d’eau. Il faut bien finir par se lancer dans une direction. En réalité, il n’y a pas de “bonne direction”, il n’y a que des choix et le sens de l’existence n’est rien d’autre que celui qu’on décide de lui donner. Impossible de définir à l’avance quelle direction prendra l’existence car la conscience intrinsèquement libre crée en permanence de nouveaux possibles. C’est bien ce que montre Bergson dans l’Evolution créatrice établissant ainsi une distinction entre les concepts de temps et de durée : le temps mécanique est soumis au déterminisme, il est la dimension du prévisible, tandis que la durée elle s’écoule dans un changement perpétuel. La durée réelle est la dimension de la vie et celle de la conscience. Notre conscience dure et change en permanence : “La vérité est qu’on change sans cesse, et que l’état lui-même est déjà du changement”.

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“Le vent se lève, il faut tenter de vivre” (Paul Valéry, Le Cimetière marin)

Assise sur ce bateau en regardant le phare Amédée, je me dis que là maintenant, c’est cette direction que je veux prendre. Mais impossible de savoir si j’arriverai à destination car d’ici là de nouveaux possibles seront apparus, aussi vastes que l’océan. A chacun donc de trouver son phare et d’essayer de garder le cap, tout en ayant conscience que d’autres destinations sont possibles. Penser qu’il n’y a qu’une direction et que nous n’avons pas le choix, c’est faire preuve de mauvaise foi. “L’homme est condamné à être libre” écrit Sartre dans L’Existentialisme est un humanisme, la seule limite à la liberté est la liberté elle-même et nous ne pouvons pas ne pas choisir.

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Croire que la route est nécessairement droite et toute tracée est illusoire

Je conclurai ce post sur une citation de François Julien extraite de “Vivre en existant” : “Entre ces deux grands termes rivaux, l’être et le vivre, exister est le verbe moderne qui fait lever un nouveau possible”. Il faut donc apprendre à créer de nouvelles directions pour “dés-adhérer” et éviter “l’enlisement”, c’est à cette condition que l’on cesse de vivre pour véritablement exister.

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Le phare Amédée dans le soleil couchant

Pour aller plus loin quelques conseils de lecture :

  • Sartre, L’existentialisme est un humanisme
  • Bergson, L’évolution créatrice
  • François Julien, Vivre en existant. Une nouvelle éthique.

2 Commentaires

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    Jojoenherbe
    Posted 10 janvier 2020

    Une première participation hautement philosophique! Que de jolies photos avec un méli-mélo de directions! Même si je sais que pour toi, à court terme, direction Japon 😉

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      Sophie
      Posted 10 janvier 2020

      Merci beaucoup Jojo 😉 oui direction Japon, une nouvelle belle aventure en pespective 🙂

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