Mardi 6 août
Au réveil, dans les prairies d’altitude où nous avons passé la nuit, nous observons une famille de Niverole alpine, mais la lumière est malheureusement encore trop faiblarde pour la photo.
L’ascension vers le col se poursuit au milieu de paysages de prairies de fauche alpine. Les hommes s’affairent aux champs ou conduisent les camions chargés de foin jusqu’à de rustiques baraquements.
Un arrêt au hasard d’une piste nous conduit au fil d’une balade à pieds au bord d’une rivière sauvage évoquant les paysages des hauts plateaux norvégiens. Au bord de la rivière, les passereaux s’activent : Bruants ortolans, Rousserolles verderolles, gorgebleues, Moineaux soulcies, linottes … très belle diversité qui nous occupera durant 3h !
Vers 11h30, nous arrivons à la passe de Sélim (2410m). Durant la pause repas sur le col, nous observons quelques rapaces : 1 Aigle royal, 1 Vautour percnoptère, 2 Buses féroces.
En redescendant le col, nous ne pouvions pas ne pas nous arrêter au mythique caravansérail de Sélim.Nous voilà transportés en un autre temps, celui du commerce de la soie. Marchands, chameaux et mulets traversaient jadis les monts Vardénis, chargés de denrées rares et précieuses. Le caravansérail de Sélim, l’un des mieux conservés au monde, fut édifié en 1332 par le prince Késar Orbélian.
Toujours en route pour le sud, le paysage se fait de plus en plus sec. Au bord de la route, quelques agriculteurs vendent leurs produits. Nous achetons 1kg d’abricots (ces fruits sont originaires d’Arménie) pour 200Dr (environ 50c d’euro). Un vrai délice !
Au pied du col, une petite route s’enfonce dans une vallée verdoyante au fond de profondes gorges arides. Le village de Shatin est un véritable oasis où chantent les loriots.
Un panneau indique un point d’observation sur les gorges. Nous nous engageons sur la route, tandis qu’un Épervier à pieds courts, le 1er du voyage, remonte les gorges une proie dans les serres. Le point d’observation se trouve dans une propriété très fleurie, des abricots sèchent au soleil sur une table. L’observatoire ombragé est un véritable refuge en cette chaude journée. Petit tour de jumelles sur les falaises abruptes de la rive opposée, nous ne tardons pas à trouver un premier groupe de chèvres égagres, femelles et leurs jeunes couchées à l’ombre des éboulis. Plus laprès-midi avance, plus elles s’activent. Un Vautour percnoptère longe les crêtes, plus loin, vers les sommets, ce sont deux Aigles royaux qui cerclent. Un Circaète vient se poser quelques instants sur le crête en face de nous avant de disparaître furtivement.
Nous sommes rejoints par Serge, le propriétaire de la maison. Équipe de ses jumelles Buschnell WWF, il surveille les potentiels braconniers. Le site est en effet protégé et abrite une population importante de chèvres. 60 individus sont présents sur ce seul cirque et sur l’ensemble des Monts Vardénis la population est estimée entre 600 et 700 têtes. Ce soir, nous en observerons une quarantaine, seulement des femelles et leurs jeunes, venant boire dans la rivière au pied des falaises à la tombée du soir.
Nous tentons de discuter avec Serge qui ne maîtrise que l’Arménien et le Russe … nous apprenons que les prédateurs sont présents sur le site. Quelques loups, mais surtout des ours, qui viennent parfois la nuit manger les abricots du jardin.
Nous passons la soirée 1 km après le village. La gorge est tranquille et alors que le soleil disparaît derrière les cimes un Engoulevent d’Europe se met à chanter. Une femelle ne tarde pas à lui répondre. Puis le concert des Petits-ducs scops commence.