En cette fin septembre, les températures durant la journée sont encore très agréables voire chaudes. Dans la réserve de Crau, les coussouls regorgent encore de vie malgré déjà deux week-ends de chasse qui ont fait fuir les plus grosses espèces d’oiseaux telles que les outardes canepetières.

Au milieu d’une piste, c’est une autre forme de vie qui foisonne en cette fin de matinée avec de grosses fourmis qui déambulent en tous sens. La réserve est riche en insectes et les spécialistes y dénombrent 14 espèces différentes de fourmis dont 2 qui appartiennent au genre Messor. Ce genre est caractérisé par des dimensions impressionnantes  puisque les reines peuvent atteindre les 16 mm, une absence de trophallaxie (c’est à dire qu’il n’y a pas de régurgitation des aliments en vue de nourrir les autres membres de la communauté) et un régime alimentaire particulier : Elles parcourent les steppes de la Crau à la recherche de graines dont elles se nourrissent quasi-exclusivement ce qui leur vaut leur nom de fourmis moissonneuses.

Elles sont un maillon essentiel dans la dissémination de certaines espèces végétales cravennes qui dépendent uniquement du processus de myrmécochorie pour se maintenir ou coloniser de nouveaux habitats. C’est cette capacité qui a été utilisé en ingénierie écologique pour tenter de réhabiliter les 5 ha de coussouls contaminée en 2009 par 4 700 m3 de pétrole brut qui se sont déversés suite à la rupture d’un oléoduc. Une fois le sol dépollué et renouvelé, et afin de favoriser le retour des espèces végétales typiques du coussouls, plus de 200 reines de fourmis moissonneuses ont été déposées sous des galets. Elles vont y creuser une galerie et pondre pour donner naissance à des colonies qui pourront au bout de 3 ans atteindre les 25 000 individus.

C’est le même processus mais naturel qui se produit aujourd’hui sur cette piste. Tombant du ciel, les fourmis ailées, une fois au sol, tâtent le terrain. Si la première impression n’est  pas favorable et que le terrain ne leur convient pas, elles grimpent sur un galet et reprennent leur envol à la recherche d’une nouvelle piste d’atterrissage.

fourmi

Mais dans le ciel, elles sont attendues. Une 30aine de faucons profite de l’aubaine. Faucons crécerelles, crécerellettes et même un jeune kobez se sont donnés rendez-vous et font d’incessants va et viens, happant de leurs pattes tout ce qui passe à portée. Pour eux, c’est jour de festin.

Faucon crécerellette
Faucon crécerellette
Faucon crécerelle
Faucon crécerelle

Celles qui parviennent à échapper aux serres et trouvent un endroit favorable, entament une étrange danse. Elles se contorsionnent dans tous les sens, se frottent contre les cailloux, utilisent leurs pattes qu’elles passent par-dessus les ailes, et font pression afin qu’elles lâchent. Une à une, les ailes choient au sol. Une fois libérées et aptères, ces reines se mettent à prospecter les galets jusqu’à ce que qu’elles tombent sur « le » galet qui accueillera la future colonie.

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