Le Parc National de Shiretoko
L’éloignée et accidentée péninsule de Shiretoko est inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2005. Plusieurs massifs montagneux la traversent, dont le plus haut le Mont Rausu qui culmine à 1660m, un volcan actif, le Mont Io (1562m) et le Mont Shiretoko (1254m).
Mais ce qui fait la réputation de cette zone est la mer de glace qui s’y forme l’hiver. En effet la côte de la mer d’Okhotsk le long de la péninsule accueille la mer de glace la plus au sud de l’hémisphère nord. Malheureusement, les changements climatiques se font ici largement sentir : l’époque de formation de la glace recule d’année en année. Par conséquent, les époques de migrations des oiseaux sont modifiées.
Le Cap Shiretoko, situé à la pointe de la péninsule, est quant à lui une zone herbeuse contrairement au reste de la zone essentiellement constituée de forêts, de lacs, de zones humides et de ruisseaux de montagne. Les forêts accueillent de nombreuses essences d’arbres comme par exemple l’épicéa ezo (Picea jezoensis), le sapin des Sakhalin (Abies sachalinensis), le chêne japonais (Quercus mongolica) ou encore l’érable (Acer mono). Ces forêts constituent l’habitat privilégié de l’Ours brun (Ursus arctos) et du rare Grand-dud ce Blakiston (Ketoupa blakistoni).
La zone est également un spot important pour la biodiversité marine. On peut y observer par exemple plusieurs espèces de phoques ainsi que le lion de mer de Steller (Eumetopias jubatus), des dauphins ou même des orques en juin … ça donne envie de revenir non ?
Arrivée à Rausu
Dimanche 26 janvier
Nous sommes arrivées en début de soirée à Rausu, petit village de pêche sur la côte Est de la péninsule de Shiretoko. Nous nous installons dans un petit hôtel près du onsen public où nous allons nous délasser (Rausu Daiichi hotel). Pour le repas, ce sera yakitori, l’un des rares restos ouverts d’ailleurs. Ce furent peut-être d’ailleurs les meilleures brochettes du séjour ! Nous nous réveillons de bonne heure ce matin. Nous avions en effet réservé pour faire une sortie pour observer les pygargues, l’une des attractions du site. L’été en revanche, c’est l’observation des orques qui attire les touristes à partir du moins de juin.
Mais les chutes de neige ont été abondantes dans la nuit et il continue à neiger. Heureusement, la compagnie a maintenu la sortie. L’itinéraire est en revanche modifié. Nous ne longerons pas la côte mais resterons devant le port. Les pygargues sont en effet nombreux autour du port.
De plus, la mer de glace n’est pas encore formée. Il faut attendre désormais la mi-février pour la voir. Nous nous contenterons d’un tour de deux heures. Nous ne sommes pas nombreux sur le bateau : seulement 5 touristes plus l’équipage qui jette du poisson pour attirer les pygargues à proximité. L’intérêt est donc plus photographique que naturaliste. C’est en effet un bon plan pour faire de jolies images. Près d’une centaine d’oiseaux tournoient autour du bateau. Ils finissent par tous se poser sur la jetée une fois que le nourrissage est terminé. Si vous ne faîtes pas la sorties, vous pourrez tout à fait les observer depuis le port.
Observer les pygargues à Shiretoko
On peut observer deux espèces de pygargue à Hokkaido : le pygargue de Steller et le pygargue à queue blanche. Ces larges aigles migrent depuis leurs sites de reproduction situés à l’Est de la Russie pour passer l’hiver au Japon. Une petite partie de la population de pygargue à queue blanche est résidente à Hokkaido. Le nom Aïnu pour le Steller et le “l’Aigle Dieu” et pour le queue blanche est “Vieux et Grand”.
Pygargue de Steller – Steller’s Sea Eagle – Haliaeetus pelagicus
Avec une envergure pouvant aller jusqu’à 2m45, le Pygargue de Steller est le plus grand et le plus puissant des aigles. Il est facilement reconnaissable grâce à son bec jaune puissant, ses ailes en forme de pagaie et sa queue cunéiforme. Ses ailes sombres présentent de larges couvertures d’un blanc éclatant.
Pendant la saison de nidification, les pygargues de Steller se concentrent dans la presqu’île du Kamtchatka ou le long des côtes de la mer d’Okhotsk, en Sibérie Septentrionale. A partir du mois de novembre, ils descendent au sud, vers l’Oussouri, le nord de l’île de Sakhaline, le Japon et la Corée. Les pygargues de Steller restent à Hokkaido jusqu’au mois de février. Ils entament leur migration pour la Russie sur leurs sites de reproduction en mars. La couvaison débute entre la fin du mois d’avril et le début du mois de mai. L’éclosion a lieu entre la mi-mai et juin. L’envol a lieu à la fin du mois de juillet et la mi-août.
Le Pygargue à queue blanche – White-tailed sea eagle – Haliaeetus albicilla
Le pygargue à queue blanche peut atteindre 2m10 d’envergure. Sa queue, également cunéiforme, est moins longue que chez le pygargue de Steller. La queue des adultes est blanche. Le plumage est entièrement brun. La tête et la nuque sont plus claires chez les adultes. La tête des vieux individus devient blanche.
Le pygargue à queue blanche est également lié aux zones humides. Il vit sur les zones côtières, aux abords des grands lacs ou des rivières. Il est présent sur l’ensemble du Paléarctique : de l’Europe à la Russie en passant par le Groenland. En Europe, c’est en Allemagne, en Norvège et en Pologne que vous aurez le plus de chance de l’observer.
En novembre, les populations du nord de la Russie arrivent à Hokkaido où elles demeurent jusqu’à mars. C’est à ce moment que les oiseaux gagnent leurs sites de reproduction. Il existe un noyau de population nicheuse sur Hokkaido. Les pygargues construisent leur nid entre février et avril. Entre la mi-mars et le début du mois d’avril, la femelle entame la couvaison. Il faut attendre la fin du mois de juin jusqu’à début août pour voir les aiglons prendre leur envol.
Quelles menaces sur les pygargues à Hokkaido ?
De nombreuses menaces pèsent sur les pygargues à Hokkaido. Tout d’abord la destruction de leurs milieux par le développement agricole, ensuite l’empoisonnement par le biais des carcasses de cerfs abattus par les chasseurs et enfin les risques de collisions avec la circulation routière, les lignes électriques ou encore les éoliennes. Il devient également dépendant de la nourriture d’origine humaine.
Les mesures de conservation
Pour lutter contre ces différentes menaces, plusieurs mesure de conservation ont été mises en place.
Tout d’abord la protection des habitats et des sites de reproduction, ensuite la conservation des ressources alimentaires à l’été sauvage et enfin la lutte contre l’empoisonnement. L’empoisonnement au plomb des aigles se produit lorsque les oiseaux se nourrissent de carcasses de cerfs ou d’oiseaux aquatiques abattus à l’aide de munitions au plomb. Des programmes sont en place pour enquêter sur la mortalité causée par l’empoisonnement au plomb, pour soigner les aigles blessés et les retourner à l’état sauvage.