Observer les grizzlis depuis Telegraph Cove, voilà l’une des excursions incontournables depuis Telegraph Cove. A bord d’une embarcation avec un maximum de 11 passager. L’excursion prévoit, en fonction des observations, de monter jusqu’aux glaciers de Castle Creek et de Klinaklini, au fond du Knight Inlet, l’un des principaux fjords de Colombie Britannique.
Le grizzli, un animal mythique
Quelques éléments d’écologie du grizzli.
Le grizzli (Ursus arctos horribilis) est un animal de la famille des ursidés considéré comme une sous-espèce de l’ours brun. Il peut mesurer jusqu’à 1m30 au garrot. Sa particularité tient à sa capacité à se tenir sur ses deux pattes arrières assez longtemps, ce qui lui donne une allure assez imposante. Leur poids peut varier entre 190kg à 350kg pour les mâles et entre 125kg et 200kg pour les femelles.
Durant la période hivernale, les grizzlis entrent dans une période de torpeur. Ce n’est pas exactement la même chose que l’hibernation. Cette période, pendant laquelle leur métabolisme fonctionne au ralenti, dure entre 2 à 7 mois en fonction des régions et s’explique essentiellement par le manque de nourriture. Les animaux perdent alors entre 15 et 30% de leur masse corporelle. Ils utilisent des cavités naturelles comme des grottes ou le creux des arbres.
Le grizzli est un animal omnivore, c’est-à-dire qu’il se nourrit aussi bien de végétaux que de viande ou poisson. Son régime alimentaire évolue au cours de l’année en fonction des ressources et de leurs besoins nutritifs. A la sortie de l’hibernation, c’est une espèce de sauge, lyngbye’s sedge (Carex lyngbyei), qui constitue l’essentiel de son alimentation (environ 70%). Les ours peuvent alors en manger 50kg par jour. Durant la période des baies, les ours entrent en hyperphagie et peuvent ingurgiter 200 000 baies en une journée ! Lorsque les baies se font rares, l’estran offre de quoi se rassasier. C’est le cas ici durant le mois d’août. Les ours se rendent sur les criques et soulèvent les rochers à la recherche des crabes, moules et palourdes qu’il mange sans prendre le temps de les ouvrir.
Répartition des grizzlis en Colombie Britannique
La zone que nous explorons aujourd’hui se situe au coeur de la great bear rain forest : la forêt littorale humide. Elle couvre environ 6,4 millions d’hectares.
Comment distinguer l’ours noir du grizzli ?
Contrairement à ce que nous aurions tendance à penser, ce n’est pas la couleur de la fourrure qui constitue le critère distinctif entre ces deux espèces. Le pelage de l’ours noir est très variable, certains spécimens présentent même une forme blanche comme l’ours kermode. Outre la taille, la bosse bien visible sur le dos du grizzli permet de l’identifier lorsqu’il se tient de profil. Le dos de l’ours noir semble quant à lui assez droit. De face, ce sont les oreilles qu’il faut regarder : celles de l’ours de noir, petites et rondes, dépassent nettement au-dessus de la tête. Enfin les griffes longues et acérées du grizzli sont très visibles.
Une journée avec Tide Rip
Lundi 5 août
Nous avons beaucoup hésité à faire cette excursion. Mais difficile de résister à l’appel de la forêt. Quelle chance aurai-je encore d’observer des grizzlis, cet animal mythique, dans leur milieu naturel ? Parfois il faut savoir saisir l’occasion et comme nous les avons ratés à Bella Coola, nous n’aurons plus beaucoup d’opportunités. C’est décidé, nous embarquons de bon matin avec Tide Rip Quand je dis de bon matin, c’est à 6h30, RDV devant l’office. Le petit déjeuner nous attend, café, céréales, muffins … les équipes sont réparties sur 3 bateaux de maximum 13 passagers en comptant la guide naturaliste et la pilote. Notre bateau porte donc bien le nom de grizzli girl !
Un départ sous de bons auspices
La brume à nouveau enrobe le paysage d’un léger voile mystique. A peine sorti du port, l’expédition commence. C’est un imposant mâle orque du type transient qui donne le signal. Peut-être suivait-il ce marsouin de Dall que nous avons aperçu depuis le quai. Telegraph Cove décidément nous porte chance. Le bateau est à l’arrêt. Le lourd silence n’est rompu que par le souffle puissant de l’animal qui trace tranquillement sa route. Il est temps de prendre la nôtre car 2 heures de navigation nous séparent de notre point d’arrivée. Les innombrables ilots semblent se détacher dans la brume comme dans une aquarelle chinoise tandis que nous traçons sur les eaux calmes du chenal la seule entaille visible à perte de vue.
Pour en savoir plus sur les orques en Colombie Britannique, n’hésitez pas à consulter mon article Où voir les orques en Colombie Britannique.
Nos premiers grizzlis
La tension est à son comble. Aucun des passagers n’a jamais vu de grizzli, quoique tous aient déjà vu un ours noir. Heureusement, nous avons fait notre première observation la veille au soir ! Bien que nous ne soyons jamais assurés de voir un animal sur une sortie, et je suis bien placée pour le savoir, les guides semblent plutôt optimistes quant à nos chances d’apercevoir le plantigrade aujourd’hui. En effet, la zone prospectée est fréquentée par de nombreux grizzlis qui viennent s’alimenter sur les plages à la recherche des crabes. Mais en ce moment, ils apprécient beaucoup les baies et peuvent rester sous le couvert de la rain forest. Mais elles ont raison d’être optimistes : au bout d’une heure à peine nous faisons notre première observation : une femelle et ses deux petits juvéniles.
Les jeunes naissent durant la période de torpeur hivernale et finissent leur croissance à l’extérieur du ventre de leur mère. A la fin de l’hiver, ils sont ainsi prêts à sortir de leur tanière. Pendant leurs 18 premiers mois ils sont allaités et peuvent rester avec leur mère jusqu’à leur troisième ou quatrième année. Ce sont essentiellement les femelles et les jeunes que l’on peut observer ici, s’alimentant sur les plages. Les mâles se tiennent plus en retrait de la forêt, nous n’en verrons d’ailleurs pas un de la journée.
Deux ours noirs
Après les avoir observés un bon moment, nous reprenons la navigation et apercevons deux ours noirs dans deux criques différentes. On peut nettement voir leurs oreilles dressées au-dessus de la tête. Bien plus farouches, ils déguerpissent à l’approche du bateau.
Une deuxième femelle et ses petits suivis de près par la jeune Goldilocks
Nouvelle crique, nouveaux ours, et cette fois-ci une observation assez originale. Une mère et ses deux juvéniles sont suivie de près par une jeune ourse reconnaissable à son pelage doré. Il s’agit de Goldilocks, une femelle de 3 ans. Il est assez rare qu’une femelle accompagnée de jeune tolère la présence d’un autre ours à proximité. Cela explique que cette scène soit assez rare.
Goldi se tient à l’écart et s’alimente dans son coin. Soulevant les rochers à la recherche de crabes. Mais la seconde femelle ne cesse de la surveiller du coin de l’œil.
Goldi se tient à l’écart et s’alimente dans son coin. Soulevant les rochers à la recherche de crabes. Mais la seconde femelle ne cesse de la surveiller du coin de l’œil. C’est bientôt l’heure du bain et notre blondinette se met à l’eau, cherchant à manger les algues, comme sa mère Cedar le lui avait enseigné. Les grizzlis ne semblent pas du effrayée par l’eau ! Au contraire, elle nage très bien et s’amuse dans l’eau. Un superbe spectacle.
Elle finit par rejoindre la terre ferme, mais, imprudente, semble s’approcher d’un peu trop près de la petite famille. L’un des jeunes, se met alors à la pourchasser suivi de près par sa mère. Intimidée, Goldi reprend ses distances et la situation s’apaise.
Premier bain ?
Nous poursuivons notre route et croisons une nouvelle femelle avec ses deux petits oursons. Elle aussi semble beaucoup aimer l’eau et incite ses petits à la rejoindre. Ce serait une première pour eux ! Mais visiblement ils ne sont pas très motivés, et malgré ses tentatives, ils resteront sur le bord.
Bella et son jeune
Nous faisons une dernière observation : la femelle Bella et son petit. Pas de photo cette fois-ci, ils se tiennent à l’ombre et à contre-jour. Nous profitons du moment et mesurons notre chance : il est rare de voir autant d’ours en une sortie, qui plus est avec de jolies scènes de vie. Nous mangeons non loin le repas fourni par l’équipage, ce sera notre pique-nique le plus équilibré du séjour. Une petite pause au soleil au milieu du fjord en plein cœur de la great bear rain forest … il y a des instants magiques qu’il faut savoir savourer.
L’attaque des orques
Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Alors que nous faisons demi-tour pour reprendre la direction de Telegraph Cove, nous apercevons au loin de nombreuses gerbes et remous. C’est un groupe de 5 orques qui semble prendre en chasse des lagénorhynques. Ces derniers parviennent à prendre leur distance tandis que les orques se mettent à longer la côte. Nous nous contenterons d’observations lointaines pour ne pas déranger le pod.
Un groupe de lagénorhynques très joueurs
Les lagénorhynques quant à eux prennent notre direction et se mettent à sauter dans les vagues à l’arrière. Ils se montrent particulièrement joueurs et nous accompagnent un bon moment
En compagnie des baleines à bosse
Nous prenons également le temps d’observer 4 baleines à bosse pêchant le long de la côte.
Les baleines à bosse s’alimente durant l’été dans la zones subarctique et entament ensuite une migration pour rejoindre leurs sites de reproductions dans les eaux subtropicales autour d’Hawaii et le Golfe du Mexique.
Bilan de la sortie
On peut dire que le bilan de la sortie est très positif ! C’est vrai que nous avons eu particulièrement beaucoup de chance, mais je pense que cette excursion est vraiment incontournable lors de votre voyage en Colombie Britannique. Au final nous avons observé
- 4 groupes de grizzlis : [1F + 2j] ; [1F + 2j + Goldi] ; [1F + 2j] ; [1F + 1J]
- 2 ours noirs
- 1 orque transient + 5 orques
- 4 baleines à bosse
- 1 marsouin de Dall
- Groupe de lagénorhynques à flancs blancs
Informations pratiques
Je vous conseille de réserver votre excursion bien à l’avance (dès que vous avez réservé et organisé votre trip). Nous ne l’avions pas fait et il ne restait pas de disponibilités. Nous avons eu de la chance que d’autres personnes se rajoutent ce qui a permis à la compagnie de mettre un autre bateau à disposition. Avec du recul, je me dis que cela aurait été vraiment dommage de ne pas faire cette sortie !
Les départs sont assurés à partir de 4 personnes et le nombre maximum de visiteurs est de 11 par bateau.
Une fois que vous avez réservé, vous devez vérifier la veille de votre expédition si la sortie est maintenue. Le RDV est fixé à 6h30 à l’office. Pour des raisons de sécurité, l’excursion n’est pas accessible aux femmes enceintes, aux personnes ayant des problèmes de dos et aux enfants de moins de 10 ans.
Quand observer les grizzlis à Telegraph Cove ? Les sorties sont organisées de 10 mai à fin septembre.
Tarif : 350€/personne
Voici le lien pour réserver votre sortie : Tide Rip
Pour en savoir plus sur quoi faire à Telegraph Cove et où dormir, rendez-vous sur mon article Que faire à Telegraph Cove.
- Les repas sont fournis mais la journée est longue, alors vous pouvez prendre de quoi grignoter et une bouteille d’eau.
- Des vêtements chauds
- Coupe-vent
- Casquette
- Crème solaire
- Jumelles