Dimanche 02 août : Un oiseau se met à chanter alors que le jour ne s’est pas encore levé, Malheureusement pour nous, dès que les premières lueurs se laissent deviner, il devient muet et nous ne parviendrons pas à l’observer. La brume est encore épaisse ce matin et le paysage toujours aussi désolé. Petit café pour se réchauffer puis nous reprenons la piste. Pas le temps d’aller bien loin que nous tombons sur la porte d’entrée du parc national de la Skeleton Coast. Toutefois, il est encore trop tôt, celle-ci n’ouvrant qu’à 7h30. Nous jetons un coup d’œil aux alentours mais il n’y a pas âme qui vive. Nous profitons de ces quelques minutes pour écrire les cartes postales. Comme nous ne souhaitons que transiter à travers le parc, nous ne payons pas de droits d’entrée. A peine la gate passée, une silhouette d’Oryx s’éloignant dans la brume se dessine à une centaine de mètres.
Nous effectuons quelques arrêts au bord de mer mais nous n’avons toujours pas de visibilité. La plage est jonchée de squelettes principalement d’otaries mais aussi de baleines ! Ce sont elles qui sont à l’origine du nom de cette côte, à l’époque où elles étaient chassées par l’homme.
L’ambiance est assez calme jusqu’à ce que l’on arrive à la lagune de Huab. C’est ici que les oiseaux se sont rassemblés. Flamants nains, Avocettes, Bécasseaux cocorlis… profitent de cette oasis entre mer et sable. Sur la plage, un groupe de Sternes pierregarins s’est joint à un reposoir de Sternes huppés. Il est très plaisaint de voir de la vie !
Nous sommes déçus lorsque nous arrivons à la seconde embouchure notée sur la carte car elle n’est même pas accessible. Seul un Chacal se balade à proximité sur le sable noir de cette portion de désert.
Alors que nous laissons à notre gauche la piste menant à Torra bay, nous nous enfonçons vers l’intérieur des terres. Le soleil fait enfin son apparition dévoilant un paysage lunaire. Peu de vie autour de nous, seulement de la roche et du sable. La température aussi évolue très soudainement. SI nous avions froid jusqu’à maintenant, l’apparition du soleil s’accompagne d’un vent chaud et de brumes de chaleur. Nous tombons les couches et nous nous retrouvons en tee-shirt. L’influence océanique s’arrête brutalement à quelques kilomètres à l’intérieur. D’étranges plantes attirent notre attention. Une sorte de courte souche avec deux grandes feuilles rubanées qui se désagrègent vers les extrémités. Il s’agit de la Welwitschia mirabilis, une plante endémique des plateaux semi-arides du Damaraland.
D’un point de vue phylogénétique, c’est une espèce appartenant au groupe des Gnétophytes, intermédiaires entre les Gymnospermes et les Angiospermes. Dans ce groupe, on trouve les Ephedras, une plante que l’on rencontre en Provence et à partir de laquelle on tire un alcaloïde, l’éphédrine, utilisée en médecine. Quant aux Welwitschia, nous nous questionnons sur les adaptations que ces grandes plantes ont du développer pour survivre dans un milieu aussi hostile. Les plus grands individus atteignent des âges canoniques de plus de 2000 ans ! Rien que ça ! La croissance de cette plante est lente mais continu. Les racines sont relativement courtes, environ 75 cm ce qui laisse peu de place pour un rôle prépondérant dans la l’alimentation en eau. Comme pour beaucoup d’espèces du désert du Namib, le brouillard est le principal pourvoyeur d’eau. Grâce aux pores des feuilles qui s’ouvrent le matin, la rosée pénètre dans la plante. Ensuite, lorsque la température de l’air augmente, les pores se referment pour conserver l’eau. La plante est donc capable de vivre dans un environnement qui ne voit pas la moindre goutte de pluie durant plusieurs années.
Nous observons différents spécimens de taille variable, certains possèdent des fleurs et d’autres des fruits. Il y a des pieds mâles et d’autres femelles, ce qui se détermine grâce à la taille des cônes. A l’approche de la gate de sortie, une double clôture fait son apparition. Trois Oryx semblent surpris de se retrouver bloqués ici.
Nous passons, non sans remplir quelques paperasses, la gate puis trouvons un peu d’ombre dans l’oued voisin. La température dépasse les 30°c et un pique nique à l’ombre est appréciable. Le paysage redevient montagneux et une autre plante aux feuilles succulentes de type Aloe nous incite à nous arrêter pour quelques photos. Il s’agit d’Aloe asperifolia. Encore une plante originale de ce désert.
Chaque sommet de côte est l’occasion de découvrir de nouveaux paysages tous plus beaux les uns que les autres. La roche rouge domine à présent et au fur et à mesure des kilomètres, la végétation devient de plus en plus présente. Les arrêts se multiplient pour garder une trace de ces ambiances du Damaraland.