Une soirée et une matinée consacrées au plateau de Valensole dans les Alpes de Haute Provence, une valeur sure en cette période de l’année. Le vent souffle assez fort malgré ce qu’avait annoncé la météo. Plusieurs objectifs en ligne de mire. Tour d’abord, la recherche du Bruant mélanocéphale, espèce qui a fréquenté le plateau et ses environs il y a quelques années, elle s’y est d’ailleurs aussi reproduite. Nous passons sur les différents secteurs sans contacter le moindre chanteur. Peut-être encore un petit peu tôt en saison car ce même jour, la première mention vient d’être faite sur les rivages camarguais. En revanche, les Bondrées commencent à se cantonner sur les versants du plateau recouverts de chênaies. Dans les zones de culture, l’ambiance est vraiment très calme. Les champs de blés ne sont pas très attractifs, seules quelques hirondelles rustiques luttent contre le vent pour remonter vers le nord. Au-dessus d’un champ de luzerne en fleurs, deux immatures de Busards des roseaux scannent la moindre surface à la recherche d’un imprudent micromammifère, accompagnés un bref instant par un Milan noir.


C’est dans un fond de vallon abrité que nous faisons nos plus belles observations de cette fin de soirée. Un Hypolaïs polyglotte lance son chant mélodieux depuis le cœur d’un buisson sans que nous ne parvenions à le voir. Le Bruant ortolan, dont les premiers individus sont arrivés sur le plateau depuis un mois maintenant n’est pas très en voix. Tout juste lance-t-il son cri de contact depuis le sommet d’un amandier. Les piquets d’une longue clôture sont propices pour les Pies-grièches locales, à savoir les méridionales dont un couple s’affaire à chasser avec ardeur. Nous croiserons aussi un couple de Pie-grièche écorcheur, nicheur occasionnel en ces lieux mais préférant les coteaux plus en altitude des montagnes environnantes. Dernière surprise du jour, notre premier Rollier de l’année qui restera à contre-jour.


Dimanche matin. Le vent ne s’est toujours pas calmé. Entre 40 et 50 km/h selon les rafales et une nette sensation de froid dès que l’on met le nez dehors. Des nuages sur l’horizon retardent l’action chauffante du soleil. Au hasard des pistes, nous tombons sur une prairie de luzernes. Des cris d’Œdicnèmes criards nous incitent à faire un stop. Nous découvrons un premier couple poursuivi par un deuxième. Les oiseaux s’envolent puis se reposent à distance respectable afin d’éviter les conflits de voisinage. Un premier Faucon fait un passage, c’est un Crécerelle mais celui plus loin à contre-jour nous parait bien sombre. La longue-vue aidera à sa détermination, il s’agit d’un mâle de Faucon Kobez. Il chasse au fond du champ et ne se pose que sur une lointaine clôture inaccessible. Un deuxième individu vient le rejoindre. Nous poursuivons la piste et passons à proximité de deux femelles et d’un mâle de Kobez posés au sol. Ils ont certainement dormi dans cette prairie et ne semblent pas très enclin à partir en chasse. Encore une fois, les oiseaux sont à contre-jour, il n’y a rien à en tirer d’un point de vue photographique. Ce sera donc uniquement pour le « plaisir des yeux ».

Un arrêt près d’un vieux champ de lavande est un choix judicieux afin de rechercher les Fauvettes à lunettes et les Bruants ortolans. Deux chanteurs de Fauvettes sont présents ainsi que deux chanteurs de Bruants. Bien actifs, les oiseaux se perchent en évidence, de longs moments pour les bruants et quelques secondes tout au plus pour des fauvettes sans cesse en mouvement. Le soleil inonde le champ de sa chaleur et fait apparaitre les premières brumes … les photos ne seront pas de grande qualité !




Nous refaisons la même piste mais en sens inverse pour cette fois avoir la lumière dans le dos. En chasse au-dessus des luzernes, deux femelles de Faucons Kobez s’en donnent à cœur joie. Après quelques instants, elles viennent se poser sur le bord de la piste à 20 m devant nous ! Ce ne sont pas les Faucons crécerelles qui nous font de tels cadeaux. Nous les observons longuement, faisons des photos, quelques petits films jusqu’à ce que deux véhicules passent sur la piste et les fassent décoller. Elles se reposent une centaine de mètres plus loin, toujours au bord de la piste qui semble les attirer. Nouvelle séance observation et photos avec ce coup-ci un perchoir différent puisque l’une d’elles s’est posée sur un squelette de lavande. Les oiseaux finissent par décoller et tracent vers le nord, en direction de la prairie où ils ont dormi. Nous les recontactons sur ce secteur lorsque nous y arrivons à notre tour. Elles chassent seules, les mâles ne sont plus là. Nous finissons par les perdre sur l’autre versant de la prairie alors qu’un renard au loin traque les campagnols.





