16 août 2014 : Traversée du Swaziland
Après avoir quitté le matin la réserve de M’kuze, nous décidons de traverser le Swaziland pour rejoindre le Parc National du Kruger, gain de temps et de kms pour quelques formalités douanières et 50 RD pour le visa. Le paysage est différent, moins de grandes cultures et plus de milieux de savanes au sud qui cèdent finalement la place à la canne à sucre au nord. De nouvelles espèces apparaissent dès la frontière : le Touraco concolore ou le Calao leucomèle qui deviendront très courants dans le Kruger. Notre carte n’est pas très précise mais les routes ne sont pas très nombreuses et nous ressortons du pays à 14h, les frontières n’étant ouvertes qu’entre 7h et 18h. Après de nouveaux tampons sur le passeport, nous sommes de retour en Afrique du Sud. Arrêt à Pic and Pay, supermarché local, pour faire quelques courses avant de passer 13 jours dans le Kruger : bidons d’eau, feuilletés, conserves … Nous roulons jusqu’à Malelane, point d’entrée dans le Parc. Petit tour sur le pont enjambant la Crocodile River et l’ambiance est plantée : les éléphants prennent leur bain au milieu des hippopotames et des crocodiles. Le soleil finit passer derrière l’horizon alors que des nuées de chauves-souris prennent leur envol. Nous passons la nuit dans un très agréable Bed and Breakfast non loin de là.
17 août : Malelane – Berg-en-dal
A 6h, les portes du Kruger s’ouvrent. Le ciel est encore nuageux mais, par chance, la pluie a cessé. Un rapide coup d’œil sur les hippos depuis le pont, formalités remplies et nous pénétrons dans le sanctuaire. Très vite, nous commençons à observer de nombreux oiseaux : ici un Rollier à longs brins, là un Calao leucomèle, celui-ci nous ne l’avions pas encore vu : un Crested barbet.
Nous faisons halte tous les 20m tandis que les autres visiteurs, ralentissant à notre niveau, s’interrogent sur nos observations. Non ce ne sont que des oiseaux, et ils filent. Pour nos débuts dans ce parc mythique, ce sont les oiseaux qui ont le plus attiré notre attention (ça ne durera pas très longtemps) comme si, après la pluie, tous s’activaient. Nous nous engageons sur la piste de droite : la Timfenheni loop. Au milieu des zones boisées s’ouvrent de petites clairières où les oiseaux se concentrent. Un couple de Vanneau caronculé parade, rejoint pas un troisième individu. Tous 3 se livrent à une danse à la chorégraphie particulière.
Partout des calaos, à bec jaune, rouge ou noir. Dans les arbres bordant une rivière à sec des cris sonnent comme un souvenir du quotidien … cela rappelle … les perruches … ou plutôt des perroquets ! Il s’agit du Brown-headed parrot, le perroquet à tête brune, petit perroquet vert et jaune qui vocalise depuis le sommet des arbres où malgré ses couleurs vives, il s’y camoufle parfaitement. La Crocodile river toute proche attire quelques oiseaux d’eau comme l’ombrette ou un groupe de Canard à bosse. Posé discrètement au milieu du bush, un petit oiseau attire notre attention : bec crochu, cire rouge, il s’agit de la forme sombre de l’autour gabar.
Il n’est pas le seul à fréquenter cette zone : beaucoup moins discret, un Pygargue vocifer profite d’une éclaircie pour pousser son cri en jetant sa tête en arrière.
Nous roulons jusqu’au gardenia hide où il est possible de descendre de la voiture. Petit tour rapide à l’observatoire donnant sur un point d’eau. Ambiance assez calme : un jeune croco se fait dorer au soleil tandis que 2 ouettes et 1 dendrocygne barbotent. Sur le parking, les francolins (Natal spurfowl et crested francolin) harcellent les touristes en espérant obtenir les miettes du pique-nique qu’ils partagent avec un Burchell’s starling, étourneau aux couleurs métalliques à la large et longue queue.
Nous continuons la boucle. Une matinée bien remplie car en moins de 20 km nous avons contacté une vingtaine de nouvelles espèces ! L’activité se calme en début d’après-midi. Nous finissons par tomber sur un groupe d’éléphants. Malgré leur taille, il n’est pas toujours facile de les distinguer au milieu des buissons. Plus loin, au bord d’une rivière, un groupe de guêpiers à front blanc se livre à une partie de chasse. Nous avons droit à une éclaircie et l’un deux se perche sur une branche à proximité de la voiture, un insecte dans le bec, laissant admirer ses splendides couleurs.
Nous finissons par rejoindre la piste principale que nous quittons rapidement pour emprunter la Matjulu loop.
La piste, plus caillouteuse, grimpe au milieu de sommets granitiques à la végétation éparse : le bushveld de montagne où poussent 4 espèces de combrécées (combretum apiculatum, collinum, hereroense et zeyheri), le dombeya rotundifolia, le kirkia wilmsii et le ficus glumosa. Un Bateleur des savanes, rapaces emblématiques des grands espaces africains, est perché près de la route. Plus loin, sur le versant opposé, un éléphant solitaire suit son chemin. Les mammifères semblent plus nombreux dans cette zone et nous croisons bon nombre d’impalas, koudous et zèbres.
Partout, les indices trahissent la présence des pachydermes : sol retourné, crottes, arbres cassés … nous finissons par croiser un groupe de 6 individus dont 1 jeune nouveau-né. A notre passage, un individu dresse la tête en écartant les oreilles, intimidant … nous continuons sans chercher à les déranger …
La route dessine des lacets au milieu de paysages sauvages. Nous croisons peu de voitures jusqu’à ce que nous tombions sur un rassemblement … Dressé sur une branche, à une dizaine de mètres de la piste, le big five le plus difficile à voir : le Léopard ! Enorme ! L’individu semble assez massif, un mâle, probablement. Il finit par s’allonger de tout son long, sans prêter plus d’attention aux objectifs tournés vers lui. Plus intrigué par ce qui se passe de l’autre côté, il daigne de temps à autre, tourner la tête vers nous. Installant confortablement sa tête sur un reposoir, il fait mine de piquer un somme, se redresse à nouveau, posant délicatement son imposante patte sur ce qui jadis lui servait d’oreiller. Nous l’observons un long moment, savourant ces rares instants magiques.
Mais l’heure avance et nous prenons la direction du camp qui n’est plus très loin. Nous arrivons à Berg-en-dal un peu avant 18h et nous nous inscrivons pour la night drive du soir. Le ciel est toujours couvert mais pas de pluie. Le départ est prévu pour 20h ce qui nous laisse le temps de prendre notre repas et nous voilà prêts à repartir ! Nous ne sommes que 4 personnes à participer à la sortie ce soir. Le guide me confie un projecteur et me voilà, balayant le paysage plongé dans l’obscurité, d’un faisceau de lumière que je suis patiemment du regard. De même que les yeux, lors d’une sortie en mer, scrutent l’horizon dans l’espoir d’apercevoir un souffle, ici, c’est la réflexion de la lumière dans les yeux des animaux que nous cherchons. Nous ne tardons d’ailleurs pas à trouver ces petites lumières … un groupe d’impalas … nous ne nous arrêtons pas, ce sont les nocturnes que nous cherchons. Nous croisons la route d’une hyène, courant le long de la piste. Plus loin, deux petits yeux brillent dans les fourrés : une Mangouste à queue blanche, la plus grande que nous puissions croiser ici. Contrairement aux autres mangoustes, celle-ci est exclusivement nocturne. Dans un arbre, une autre espèce d’yeux : de gros spots oranges sautant dans tous les sens comme des balles de ping-pong : le bushbaby appelé ainsi en raison de ses cris rappelant celui d’un nourrisson : le Galago moholi. Nous n’avons pas le temps de nous ennuyer, ici les yeux d’une genette, là une jeune hyène au bord de la piste, un hippo, là, un lièvre des rochers … Après un peu plus de 2h de recherche nous voilà de retour au camp et nous nous endormons avec les cris d’une chouette effraie et du Petit-duc africain.