Jeudi 8 août
A partir de Meghri le paysage change radicalement. Une famille de Rollier d’Europe est perchée sur les fils électriques. Face à nous se dressent avec austérité les montagnes de l’Iran toute proche. Le temps est à l’orage et les jeux de lumière sur les pentes arides des montagnes créent une ambiance très particulière. Au fond de la vallée coule l’Araxe bordée de vergers désignant la frontière entre les deux pays.
Nous profitons de la fin de journée pour faire un tour dans le wadi sec. L’ambiance est assez calme mais les obs sont de qualité : 2 Aigles royaux, 1 Aigle botté, 1 Epervier d’Europe, 2 Traquets de Perse, 1 Fauvette orphéane, Traquets oreillards … La pénombre envahit le wadi tandis qu’un groupe de Chèvres égagres descend des hauteurs. D’autres habitants plus discrets hantent les lieux : le porc-épic, trahi par la présence d’une épine, mais également la très rare Panthère de Perse que nous n’aurons malheureusement pas la chance d’observer. Nous mangeons et passons la nuit au pied du vallon alors qu’il commence à pleuvoir.
Vendredi 9 août
Le ciel reste encore assez sombre ce matin. Les monts iraniens sont plongés dans d’obscurs nuages qui ne tardent pas à passer la frontière. Alors que les premiers quelques rayons du soleil éclairent les versants du canyon, la vie semble renaître. Les Perdrix choukars descendent des hauteurs et les Sittelles de rochers poussent leurs cris depuis les falaises. Le couple d’Aigle royal, déjà observé la veille, passe derrière la cime. Dans les buissons, les passereaux s’activent : Fauvettes grisettes, Fauvettes orphéanes, Fauvettes babillardes, 2 Mésanges lugubres, 1 Hypolaïs d’Upcher. Dans les rochers, ce sont les Traquets oreillards et les Traquets de Perse qui entament leur chant faisant concurrence aux Monticoles bleus. Mais nous sommes en août et le moment d’effervescence ne dure pas très longtemps.
En fin de matinée, les nuages se dissipent. Quelques lézards sortent alors de leur cachette.
Une vielle dame, Nina, âgée de 77 ans, plantée devant le portail de son verger, nous invite à y entrer et nous fait faire le tour de son jardin. Nous goûtons de nombreuses figues et repartons avec un sac plein de fruits … nouvel exemple de la générosité arménienne. Elle désigne tour à tour les produits de son jardin mais nous refusons en riant. Avant de la quitter, elle pose devant l’objectif, s’enlève la casquette, se coiffe d’un geste de la main et ôte ses lunettes qu’elle remet bien vite pour vérifier le résultat sur l’écran. Elle semble satisfaite du résultat. Nous hésitons à la quitter et voyant notre gêne elle nous pousse hors de son jardin, alors que nous multiplions les remerciements. Elle reste devant son jardin nous faisant signe de la main alors que nous nous éloignons.
Nous quittons Meghri et retournons à Goris par la même route qu’à l’aller et passons notre première nuit à l’hôtel (Mina 30€ chambre + petit déj.)