En traversant la ville de Betty’s bay, des panneaux représentant des oiseaux attirent notre attention. Nous les suivons et bientôt nous arrivons dans une petite crique au milieu de la ville où s’est installée une colonie de « Penguins ». Des pingouins en Afrique ! Tout ornithologue sait que ce n’est pas le cas …
En français ce ne sont pas des pingouins mais des Manchots. Les Manchots sont des oiseaux marins qui vivent dans l’hémisphère sud et ne volent pas, ils utilisent leurs ailes comme des nageoires.
Pour trouver des pingouins, il faut aller dans l’hémisphère nord où jadis vivaient deux espèces, le Grand Pingouin (Pinguinus impennis), dont le dernier spécimen a été tué par l’homme en 1844 et le Pingouin torda (Alca torda – Razorbill en anglais) que l’on trouve encore de nos jours et qui niche dans l’Atlantique Nord. Ce dernier est tout à fait capable de voler !
On attribue cette confusion dans les esprits aux documentaires du Commandant Cousteau qui donnait le nom de Pingouins aux Manchots, probablement par traduction littérale du nom anglais « Penguins ».
Nous découvrons donc une colonie de Manchots du Cap (Spheniscus demersus), espèce inféodée à l’Afrique australe et dont l’aire de répartition se limite à la Namibie et à l’Afrique du sud. Actuellement l’espèce se reproduit sur trois sites continentaux, dont Betty’s bay et Simon’s town et 24 iles. Sept de ces iles accueillent à elles seules 80 % de la population mondiale de cette espèce. Les effectifs de ces populations sont en constante diminution sous l’action de pression humaine. Si l’espèce est à présent protégée, la plus grande menace est celle des marées noires. La Péninsule du Cap est un axe majeur de liaison maritime entre les pays producteurs de pétrole et les pays consommateurs. Des pétroliers transportant plus de 500 000 tonnes de brut croisent quotidiennement au large du Cap, une zone réputée pour ses tempêtes impressionnantes. Ainsi en juin 2000, le vraquier Treasure s’échoue près de l’ile de Robben, libérant plus de 1000 tonnes de fioul lourd à proximité d’une colonie hébergeant 35% de la population de cette espèce. Quelques jours plus tard, c’est la colonie de l’ile de Dassen, forte de 56 000 individus qui est menacée. Cette colonie est déplacée et les oiseaux mazoutés de l’ile de Robben sont transportés par hélicoptère à 800 km de là, dans la réserve de Cap Récife à Port Elizabeth où un centre de nettoyage et de sauvegarde de l’espèce a été mis en place. 19 000 manchots y seront accueillis et traités puis relâchés. Les plus rapides mettront 19 jours pour parcourir les 800 km en sens inverse et retrouver leur colonie.