Le complexe lagunaire de l’Etang de Canet-Saint-Nazaire est l’élément le plus méridional qui subsiste du grand ensemble lagunaire d’Occitanie. Séparé par un lido sableux, l’étang est relié à la mer seulement au niveau du Grau des Basses. Ainsi proche du terme de son évolution naturelle, il est caractérisé par la prépondérance de son apport d’eau douce provenant de son bassin versant. Classé en zone Natura 2000 le “complexe lagunaire de Canet-Saint-Nazaire” s’étend sur 1872 ha dont 1100 ha appartiennent au Conservatoire du littoral. La surface recouverte en eau représente 4,8 km2 et sa profondeur n’excède pas 1m.
16 avril 2017 : Migration sur l’étang de Canet-Saint-Nazaire
Lorsque souffle la tramontane, l’étang de Canet-en-Roussillon est un site très intéressant pour observer la migration prénuptiale des oiseaux traversant la chaîne pyrénéenne à travers les Albères. Poussés vers la mer, ils longent l’étang en volant alors à faible altitude. Les conditions étant alors favorables, nous consacrons un après-midi à la migration en commençant par le lieu-dit “La Closa” sur la commune d’Alénya.
Effectivement, les oiseaux sont nombreux à migrer. Les Bergeronnettes printanières, Pipits à gorge rousse et guêpiers font halte dans les prairies tandis que les rapaces filent au-dessus de nos têtes en flux quasi continu : Milans noirs, Balbuzards pêcheurs, Busards des roseaux … sans parler des nuées d’hirondelles et de martinets.
[su_spoiler title=”Oiseaux observés à Alénya le 16 avril 2017″ style=”fancy”]
| Pipit à gorge rousse | Anthus cervinus | 1 | |
| Tarier des prés | Saxicola rubetra | 3 | |
| Pie-grièche à tête rousse | Lanius senator | 1 | |
| Balbuzard pêcheur | Pandion haliaetus | 2 | |
| Milan noir | Milvus migrans | 32 | |
| Busard des roseaux | Circus aeruginosus | 8 | |
| Faucon crécerelle | Falco tinnunculus | 15 | |
| Faucon hobereau | Falco subbuteo | 1 | |
| Épervier d’Europe | Accipiter nisus | 6 | |
| Guêpier d’Europe | Merops apiaster | 20 | |
| Hirondelle de rivage | Riparia riparia | 40 | |
| Hirondelle rustique | Hirundo rustica | 450 | |
| Martinet noir | Apus apus | 350 | |
| Bergeronnette printanière | Motacilla flava | 40 | |
| Pipit des arbres | Anthus trivialis | 4 | |
[/su_spoiler]
Nous finissons par quitter cette zone pour gagner le camp de migration animé par le Groupe ornithologique du Roussillon. Je remercie vivement Anthony Chaillou et Sébastien Roques pour leur accueil ! Ce site de migration se situe sur une petite colline surplombant les prés humides du nord-ouest de l’étang.
Nous arrivons malheureusement un peu tard, juste après le passage d’un Busard pâle … Mais la migration est toujours aussi intense : des hirondelles et martinets en continu, des groupes de cigognes, à nouveau des balbuzards ainsi que de nombreux busards cendrés et de roseaux … bref une journée bien remplie !
17 avril 2017 : les prés de la ville
Le vent a fini par tomber. Ce sont les conditions idéales pour tenter d’observer un migrateur peu fréquent : le Phragmite aquatique. Au petit matin, direction les prés de la ville.
Le Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola), migrateur trans-saharien, est le passereau le plus menacé d’extinction en Europe continentale et est classé comme “vulnérable” sur la liste rouge de l’UICN. Il niche dans l’Est de l’Europe, essentiellement en Pologne, Biélorussie et Ukraine. Contrairement au Phragmite des joncs, le Phragmite aquatique est particulièrement exigeant. Il affectionne les prairies humides à petites hélophites faiblement inondées avec une végétation entre 50 cm et 1m, et ce durant la totalité de son cycle écologique. Le France semble jouer un rôle important durant sa période migratoire, ce qui a justifié la mise en place d’un Plan National d’action à partir de 2010 animé par l’association Bretagne vivante et faisant suite à un programme life européen consacré à cette espèce. Durant la migration post-nuptiale entre août et septembre, la France semble accueillir 100% de la population mondiale en halte migratoire, en particulier le long de la façade atlantique. La fragmentation et la modification de nos zones humides constitue donc une menace importante pour cette espèce. Il est donc essentiel de mettre en place une gestion adéquate pour maintenir les conditions propices à l’accueil de ce phragmite. (1). Des contacts et captures sur le littoral méditerranéen entre avril et mai ont également permis de mettre en évidence la présence régulière du Phragmite aquatique lors du passage pré-nuptial (2).
[wc_fa icon=”book” margin_left=”” margin_right=””][/wc_fa] Bibliographie
- Oiseaux.net Pour une présentation générale de l’espèce
- DREAL Pays de la Loire : Présentation du PNA depuis 2010
- Conservation du Phragmite aquatique en Bretagne (janvier 2004 – vril 2009) Condensé du Life. (1)
- Jiguet F., Dehorter O., Gonin J., Latraube F., Le Nevé A. & Provost P. (2012) – Connaissance de la migration du Phragmite aquatique en France : méthodologie de suivi scientifique et réglementation ; version de juillet 2012. CRBPO, Bretagne Vivante – SEPNB, LPO. (2)
La scirpaie des prés de la ville constitue un milieu particulièrement favorable au Phragmite aquatique lors de la migration prénuptiale.
En 2012, une campagne de baguage avait d’ailleurs pu mettre en évidence la présence de plusieurs individus en halte migratoire. Mais cette méthode, occasionnant trop dérangement sur d’autres espèces nicheuses du site a été abandonnée (2). Certes discret, le Phragmite aquatique chante cependant spontanément à cette période de l’année au lever du jour, il est donc possible de le contacter et de l’observer. La météo ce matin-là est très favorable, et le chant caractéristique ne tarde pas à s’élever de la végétation. L’oiseau finit par se montrer à découvert. Quelle chance de pouvoir observer cet oiseau dans de telles conditions !
Attention cependant à ne pas le confondre avec le Phragmite des joncs, également présent sur la zone. On se fait parfois quelques frayeurs ! Le Phragmite aquatique se distingue du Phragmite des joncs notamment grâce à sa bande médiane jaune sur la calotte, des bretelles de la même couleur sur le dos et des stries fines sur la gorge et les flancs.
Après cette observation matinale, petit tour sur d’autres sites le long de l’étang dans d’autres types de milieux.
Nous finissons la matinée par la zone du lido. Un Goéland d’Audouin signalé le matin même est toujours présent mais il ne tardera pas à prendre son envol pour gagner le large.
2 Commentaires
HUGUENIN
Un site de toute beauté pour observer et photographier les oiseaux mais il est particulièrement déplorable de constater que des personnes laissent leur animal de compagnie (chiens) en totale liberté non tenus en laisse gambader dans les roseaux et les incitent même a aller se baigner et chasser les canards (entre autres).
Il faudrait pour le bien de ce site et la protection des oiseaux interdire impérativement les personnes se promener avec leur chien non tenu en laisse voir même leur dresser un procès verbal. A quand peut on espérer de telles restrictions?
Brahim Douet
Bonjour,
C”est plus que déplorable ! c’est de “L’assassinat !”. J’aime tous les animaux, même les chiens et les chats, mais de nos jours, l’être dit humain se complaît à vouloir à tout prix détruire la nature à tous les niveaux ! La Terre, “notre Terre”, se révolte et se venge de te temps en temps, mais cela ne suffit pas pour faire comprendre à ces “inconscients !”, qu’un jour, si ce n’est contre eux mais contre leurs enfants ou petits enfants, que “nôtre Terre” fera payer très cher la destruction d’aujourd’hui.
Déplorable et malheureux, il faut mettre de nos jours un “gendarme !” derrière chaque individu!!!