13 août 2017 : nouvelle sortie en compagnie de l’équipe de Découverte du Vivant. Le vent a soufflé fort ces derniers jours mais est tombé dans la nuit. La mer, cependant, n’a pas encore eu le temps de se calmer tout à fait et c’est avec un bon reste de houle que nous prenons le large. Malgré ces conditions, nous ne tardons pas à croiser nos premiers groupes de dauphins bleu et blanc, principalement des femelles et leur jeune. Assez furtifs, ils continuent leur route sans prêter attention à notre bateau. Ils sont particulièrement nombreux ce matin : sur l’ensemble de la journée nous en dénombrerons près de 250 ! En scrutant l’horizon aux jumelles, nous apercevons régulièrement des ailerons. Enfin, un groupe nous prête un peu d’intérêt et quelques individus viennent à l’étrave en effectuant quelques bons accompagnés par les cris d’exclamation des passagers. Ils nous accompagnent quelques instants avant de continuer leur route.
Toujours des ailerons au loin, mais nous continuons aussi vers le large en espérant apercevoir des souffleurs. Pas forcément facile avec cette houle toujours présente. Et pourtant … un souffle vite effacé par le vent trahit la présence d’un cétacé. Haut et droit, il doit appartenir à un Rorqual commun. Nous patientons, souffle à nouveau, pas de doute il s’agit bien d’une baleine.
Nous prenons la direction de l’animal que nous finissons par rejoindre. Il semble au repos, ne ressortant pas très loin de l’endroit où il avait disparu. Nous l’accompagnons durant quelques sondes avant de voir définitivement se fondre dans les profondeurs son imposant corps dont nous ne devinons qu’une infime partie. Le Rorqual commun est en effet le plus grand animal au monde après la baleine bleue et, malgré ses dimensions, il peut parfois se montrer très furtif, seuls ses évents émergeant au-dessus des flots.
Nous avons de la chance : petit à petit la houle s’atténue pour disparaître totalement. Nous avons droit à présent à une mer d’huile ! Conditions optimales pour repérer un autre animal qui lui aussi sait se faire très discret : la tortue. Nous pouvons en effet observer, lorsque les conditions sont favorables, des tortues caouannes. Cette tortue niche à l’est de la Méditerranée, mais on peut également observer, en particulier dans la zone où nous patrouillons, des individus originaires des Caraïbes qui, en suivant les courants, se retrouvent ici. Nous sommes tous attentifs, espérant apercevoir une carapace. Mais c’est une guifette noire qui nous indiquera le reptile tant espéré. Il arrive en effet que ces oiseaux, lors de leur migration, trouve refuge, le temps d’une pause, sur ces îlots improvisés.
L’oiseau s’éloigne à notre approche et nous finissons par apercevoir les écailles d’une tortue. Elles prend le soleil en surface, chaleur nécessaire à sa survie.
La mer est si lisse que nous parvenons à l’observer par transparence, devinant les poissons pilotes qui l’accompagnent.
Alors que nous la quittons, un deuxième individu fait son apparition tout près du bateau !
Il est temps de reprendre notre route vers Sanary. Nous croisons à nouveau des groupes de dauphins bleu et blanc. Notre dernière rencontre sera probablement la plus marquante de la journée. Il n’y a plus un souffle d’air. Aucune vaguelette ne vient troubler la tranquillité des eaux. La lumière déclinante de la journée éclaire les eaux limpides au larges du Cap Sicié. Paisiblement, quelques dauphins viennent à nous. La lumière est magique, éclairant les animaux par transparence, nous donnant l’illusion de nager avec eux. Par deux, entamant une danse, ils longent la proue du navire, perçant de temps à autre la surface pour reprendre leur respiration, tandis que glisse sur leur corps l’eau telle une chevelure étincelante. Moment d’une rare beauté. Je finirai donc sur une phrase de Wittgenstein : “Ce qui se montre ne se dit pas”.
