La lagune de Lindéralique, coincée entre d’abruptes falaises karstiques d’un noir profond et la chaîne verdoyante, est l’un des plus beaux endroits de la Caldéonie. Pour la découvrir, plusieurs moyens s’offrent à vous. Vous pouvez tout d’abord simplement prendre de le temps de faire une pause à l’aire aménagée au bord de la route principale qui relie Touho à Hienghène. Ici il est d’ailleurs possible de louer des kayaks. L’hôtel Koulnoue propose également des sorties en pirogues. N’hésitez pas à consulter mon article sur cette excursion ! Enfin vous pouvez prendre de la hauteur en empruntant le sentier qui grimpe au sommet Ga Wiwaék. C’est cette balade que je vous présente ici. J’ai choisi de coupler les sentiers 19 et 21 permettant ainsi d’avoir à la fois un beau point de vue sur la poule couveuse et sur la lagune. Je pars donc de l’aire aménagée de la poule couveuse où il est facile de se garer.

Point de départ : Aire aménagée de la poule couveuse
Temps : 2h

La poule couveuse

Le sentier s’élève tranquillement en direction du sommet au milieu d’une savane dégradée. Les siffleurs itchongs ainsi que les méliphages à oreillons gris sont omniprésents et leurs chants sonores s’élèvent de toute part malgré la chaleur de ce début d’après-midi.

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Méliphage à oreillons gris
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Méliphage à oreillons gris

Je laisse sur ma gauche le sentier qui descend en direction de la tribu de Lindéralique. Ce sera le sentier du retour, pour continuer à monter en direction du pylône. La vue se dégage progressivement sur le lagon où émergent quelques îlots lointains. Un Milan siffleur passe haut dans le ciel, se signalant seulement par son cri perçant.

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En route pour le sommet.
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Sentier de Ga Wivaek

L’ascension n’est pas très raide et je ne mets pas beaucoup de temps pour arriver au sommet Ga Wivaek qui domine à 309m. On y jouit d’une vue panoramique sur le lagon, de la poule jusqu’à la lagune de Lindéralique. Cette petite balade vaut donc vraiment le détour, au moins pour arriver à ce point de vue. On prend alors vraiment conscience de la beauté de ce site et de son caractère sauvage. A part quelques tribus, pas de constructions humaines à perte de vue. La chaîne et l’océan. Cette vision d’une nature si préservée est devenue une habitude alors que j’habite en province nord depuis presque 3 ans. Mais c’est en postant ces photos et en lisant les commentaires de mes amis de métropole que je me rends compte de cette chance de pouvoir vivre dans ces zones reculées, voire oubliées du monde, où l’homme sait encore vivre en harmonie avec la nature. Une vie qui est devenue mon quotidien au point de me faire oublier qu’il ne s’agit aujourd’hui plus que d’une rare exception. Alors je m’assois et je contemple le cadre, tandis qu’une nuée de salanganes tournoie au-dessus de ma tête.

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Vue depuis le sommet Ga Wivaek

Si vous n’étiez montés que pour le point de vue, il est toujours temps de faire demi-tour ou de rejoindre le village de Hienghène par le sentier des crêtes. Pour ma part, je bascule sur le parcours du sentier n°21 en direction de la tribu de Lindéralique par le creek. Le sentier redescend alors au milieu d’une forêt de niaoulis tandis que le soleil décline dans mon dos.

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Savane à niaoulis

J’arrive à une nouvelle bifurcation : à droite on descend à la tribu et à la route, autre point de départ possible. Je prends donc à gauche en direction du parking de la poule. La végétation se transforme à nouveau en un milieu de transition dégradé où se développent les lantaniers. Cette espèce originaire des Antilles ou d’Amérique centrale fait en effet partie des 100 pires espèces envahissantes selon l’IUCN. Cependant un cri, attire mon attention … Ne serait-ce pas … Si si je la vois se percher en évidence, rejoint rapidement par un deuxième individu : la mégalure calédonienne. Cet oiseau plutôt rare et peu observé est finalement très peu connue. L’observation est magnifique ! Malheureusement, ne voulant pas me charger je n’avais pas pris mon matos photo animalière … Je reprends mon chemin heureuse de cette rencontre inattendue mais un peu frustrée malgré tout ! Je finis par arriver au creek où viennent s’abreuver les méliphages avant de remonter le raidillon jusqu’au sentier de départ. La boucle est bouclée. Il n’y a plus qu’à redescendre au parking.

Un peu déçue de ne pas avoir pu faire d’images des mégalures, le lendemain après-midi je remets ça. Me voilà remontant mon sentier et descendant directement vers la zone de l’observation. Mais j’aurais beau chercher, m’arrêter en faisant de longs points d’écoute, pas de contact. Le kairos était déjà passé. En revanche, je fais décoller un diamant psittaculaire qui s’était camouflé dans la végétation au bord du chemin. Il a la bonne idée de se poster devant moi et de me regarder quelques instants. Cette fois-ci je suis prête et le matos en main !

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Diamant psittaculaire

La journée avance et je reprends la direction du retour et redescends à la voiture. La lumière devient plus propice pour la photo. J’en profite donc pour faire quelques images de siffleur itchong et d’un groupe de pigeons à collier blanc.

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Siffleur itchong mâle
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Siffleur itchong femelle
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Pigeon à collier blanc

Il est vraiment temps pour moi de rentrer, j’ai encore deux heures de route pour rejoindre Kone. Mais … Pratiquement arrivée à la voiture j’entends à nouveau le TRRRR … dans les buissons … Pas possible ! A nouveau une mégalure calédonienne vient se balader en bordure de la végétation. Enfin, elle est dans la boîte ! Certes ce n’est pas la photo parfaite. Les brumes de chaleur ne facilitent pas la tâche ! Mais je ne bouderai pas mon plaisir ! J’en tire plusieurs leçons : 1) ne jamais balader sans son matos (mais ça je le savais déjà 😉 ) 2) Persévérer 3) Tant que la balade n’est pas finie il y a toujours de l’espoir !

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Mégalure calédonienne
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Mégalure calédonienne

Liste des espèces observées

Astrild ondulé (Estrilda astrild) Espèce introduite
Corbeau calédonien (Corvus moneduloides) Endémique
Diamant psittaculaire (Erythrura psittacea) Endémique
Échenilleur calédonien (Coracina caledonica)
Échenilleur pie (Lalage leucopyga)
Gérygone mélanésienne (Gerygone flavolateralis)
Langrayen à ventre blanc (Artamus leucorynchus)
Martin-chasseur sacré (Todirhamphus sanctus) 1
Mégalure calédonienne (Megalurulus mariei) Endémique Données insuffisantes (2 le premier jour, un autre individu le second)
Méliphage à oreillons gris (Lichmera incana)
Milan siffleur (Haliastur sphenurus)
Monarque mélanésien (Myiagra caledonica)
Pigeon à gorge blanche (Columba vitiensis)
Polochion moine (Philemon diemenensis) Endémique
Rhipidure à collier (Rhipidura albiscapa)
Salangane à croupion blanc (Aerodramus spodiopygius)
Siffleur itchong (Pachycephala rufiventris)
Stourne calédonien (Aplonis striata) Endémique
Zostérops à dos gris (Zosterops lateralis)
Zostérops à dos vert (Zosterops xanthochrous) Endémique

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