Randonner dans la vallée de Dana. En 1993 la réserve naturelle de Dana est classée en réserve de biosphère par l’UNESCO. On peut y rencontrer de nombreuses espèces comme le loup, le bouquetin mais également des oiseaux dont le fameux serin syriaque. C’est aussi un bon spot pour les rapaces. L’altitude de la réserve varie en 50 m au-dessous du niveau de la mer jusqu’à 1700m. Les écosystèmes sont variés et les paysages grandioses. Bref, une escale incontournable lors de votre voyage en Jordanie.
Route pour Dana
Alors que nous nous approchons de la vallée de Dana, les couleurs changent, des tons chauds du désert, nous passons au vert des cultures et des pâturages. Nous envisageons de commencer notre découverte de cette région par les sentiers accessibles librement au départ du Rumana Camp. Dès le départ de la piste qui permet de rejoindre le camp, les zones agricoles attirent des espèces que nous n’avions pas encore eu l’occasion de croiser. Un groupe de faucons crécerellettes chasse au-dessus des prairies tandis qu’une alouette calandre se pose au bord de la route.



Alors que nous continuons à descendre dans le canyon, les espaces cultivés cèdent la place à des milieux rocheux. Quelques traquets noirs et blancs, version orientale de notre traquet oreillard, se perchent au sommet des blocs.


Nous nous garons devant l’office de la réserve. Ici il est possible de réserver des sorties guidées et d’avoir toutes les informations sur le parc. Nous ne pouvons aller plus loin en voiture. Le reste de la piste se fait à pieds. Pour ceux qui ont réservé un logement au campement, on viendra vous chercher en pickup.
Localisation des bureaux de la réserve
Rummana Campsite trail
La balade est agréable. Nous observons nos premiers souimangas de Palestine. Un grand corbeau passe au-dessus de nos têtes en poussant un cri rauque.



Nous arrivons au camp où nous sommes accueillis par les propriétaires. Ils nous présentent les balades libres en partant d’ici : le campsite trail, une boucle d’1h30h au-dessus de la vallée, ou l’ascension de la montagne (3h). Nous optons pour la boucle qui traverse des milieux propices à l’observation des oiseaux. Les rufipennes de Tristram sont omniprésents et piaillent un peu partout. Les souimangas profitent des nombreuses fleurs qu’ils butinent comme des colibris.

La balade est agréable et les points de vue sur les formations rocheuses tous plus sublimes les uns que les autres. Nous prenons notre temps pour profiter au maximum de ce site d’exception. Les roches blanches forment des pitons innombrables se déroulant sous nos yeux comme une vaste forêt.







Ces milieux où alternent falaises, zones boisées et ouvertes sont favorables aux rapaces. Nous observons d’ailleurs tour à tour un faucon hobereau, faucon crécerelle, une buse féroce et un circaète.



Enfin, alors que nous arrivons sur le dernier point de vue, deux serins syriaques passent en vol se signalant au passage par leurs petits cris. Observation furtive, mais de qualité d’une espèce emblématique. La fin de la boucle se fait par la piste par laquelle nous sommes arrivés. Le long du chemin, des tuyaux alimentent en eau de jeunes arbres. C’est une aubaine pour les bruants ortolans qui se rassemblent. Nous finissons par regagner le campement. Dégustation de thé et retour au parking de la réserve à bord d’un pickup.
Oiseaux observés sur Rummana campsite trail
Liste des oiseaux
Circaète Jean-le-Blanc | Short-toed Eagle |
Epervier d’Europe | Eurasian Sparrowhawk |
Buse féroce | Long-legged Buzzard |
Tourterelle turque | Eurasian Collared-Dove |
Tourterelle maillée | Laughing Dove |
Coucou gris | Common Cuckoo |
Petit-duc scops | European Scops-Owl |
Guêpier d’Europe | European Bee-eater |
Faucon crécerellette | Lesser Kestrel |
Faucon crécerelle | Eurasian Kestrel |
Faucon hobereau | Eurasian Hobby |
Grand corbeau | Common Raven |
Alouette calandre | Greater Short-toed Lark |
Cochevis huppé | Crested Lark |
Hirondelle de rocher | Eurasian Crag-Martin |
Fauvette à tête noire | Blackcap |
Fauvette babillarde | Lesser Whitethroat |
Traquet noir et blanc | Black-eared Wheatear (Eastern) |
Rufipenne de Tristram | Tristram’s Starling |
Souimanga de Palestine | Palestine Sunbird |
Bruant ortolan | Ortolan Bunting |
Verdier d’Europe | European Greenfinch |
Serin syriaque | Syrian Serin |
Moineau domestique | House Sparrow |
Nuit au lodge
Nous remontons la piste et gagnons cette fois-ci l’ancien village de Dana. Nous avons réservé une nuit au Dana trail hotel, un écolodge surplombant la vallée. Arrivés au cœur du village, nous sommes arrêtés par un épicier qui nous dit de nous garer devant sa boutique et de profiter du coucher de soleil. Nous ne pouvons en effet pas descendre jusqu’au logement en voiture car la piste est impraticable. Il se charge d’appeler nos hôtes qui viendront nous chercher. Le village de Dana est en effet une petite communauté. Ici tout le monde se connaît. Le soleil finit par passer derrière les montagnes tandis que notre chauffeur arrive.

Dana trail hotel est tenu par une famille implantée depuis plusieurs générations à Dana. Autrefois berges, ils vivent maintenant du tourisme. Ils ont ainsi créé cet écolodge dans une éthique de tourisme durable et de mise en valeur de leurs traditions. La chambre est superbe avec une vue grandiose sur la vallée. Nous prenons notre repas sur place servi dans une tente commune et c’est aussi ici que nous prendrons notre petite déjeuner. L’ambiance est très agréable et l’équipe très sympathique. Ils se chargent également d’organiser les randonnées guidées dans le parc. Le RDV est fixé au lendemain matin avec un berger de la réserve. Alors que nous regagnons notre chambre, un petit-duc scops se met à chanter.
Dana Shaq Alreesh Trail
Après un copieux petit-déj nous retrouvons notre guide qui nous embarque dans sa voiture jusqu’au point de départ. C’est parti pour une balade de 4h au cœur de cette réserve de biosphère.
(tarif 60JOD pour deux adultes repas compris)

Observer les oiseaux le long du Dana Shaq Alreesh Trail
La réserve de Dana est réputée pour l’observation des oiseaux. D’ailleurs, dès le départ, une pie-grièche tête rousse chante au sommet d’un arbuste comme pour nous souhaiter la bienvenue.

Nous suivons pas à pas notre guide, âgé d’une cinquante d’années, qui gambade tel un cabri au milieu de ce paysage grandiose comme il le fait depuis son enfance. Nous gagnons assez rapidement un plateau rocheux dominant une forêt de blocs rocheux, véritable labyrinthe à nos yeux.

C’est ici que les choses se compliquent ! Il est en effet indispensable de prendre un guide pour découvrir ces contrées sauvages, mais ça, je vous l’explique un peu plus bas. Nous longeons des siq, canyons étroits qui se faufilent au pied des pitons rocheux. Les fauvettes babillardes sont omniprésentes dans les buissons qui tentent de trouver leur place dans cet univers minéral.

Quelques souimangas de Palestine se perchent à proximité en évidence comme s’ils étaient étonnés de notre présence ici. Mais je suis attirée par les cris d’un autre groupe d’oiseaux : pas de doute, il s’agit du serin syriaque, espèce emblématique de la réserve. Je parviens à observer 3 oiseaux dans un arbre. L’un d’eux se perche au sommet et entonne son chant. Notre guide est impressionné par l’appareil et semble approuver les images que je lui montre sur l’écran du boîtier. A partir de là, il s’arrête à chaque oiseau pour me les montrer en attendant que je fasse une image.


Le serin syriaque


Le serin syriaque est une espèce de fringile qui niche dans les zones d’altitude ouvertes parsemées de pins et de cyprès. Les populations d’Israël, du Liban et de Syrie sont migratrices et passent l’hiver dans des zones semi-arides comme le désert du Sinaï. En revanche les oiseaux de Jordanie sont seulement erratiques et restent à proximité de leurs sites de reproduction tout au long de l’année.

Dana, au pays des bergers
Les roches changent de couleur et passent du blanc à l’ocre, véritable dégradé de tons chauds contrastant avec le bleu du ciel.


Nous marchons jusqu’au bord du ravin dominant la vallée de Dana. Au loin, se détache la silhouette du Dana trail hotel qui se fond dans le paysage. Une buse féroce file au-dessus de nos têtes tandis que les brumes de chaleur se font plus intenses.



Nous revenons sur nos pas et passons devant des abris aménagés dans les creux des rochers. C’est ici que je venais passer la nuit avec mon oncle, nous explique notre guide. On gardait les troupeaux. Et les loups ? Difficile de les voir, des fantômes de la nuit qu’il a croisé à l’occasion au petit matin. D’ailleurs, il nous montre des traces laissées dans le sol.

A table !
Nous finissons par gagner une zone dégagée. C’est ici que nous prendrons notre casse-croûte. Notre guide sort de son sac une poêle, des tomates, de l’oignons et du pain. Après avoir trouvé un coin à l’abri du vent pour faire un feu.

Pendant ce temps j’arpente la zone. Quelques serins font une brève apparition tandis qu’un traquet noir et blanc se perche sur un rocher. Le chant d’une huppe retentit. Quelques passereaux se tiennent à l’ombre dans les buissons. Parmi eux un joli mâle de gobemouche à collier. Si certains tentent de fuir les rayons du soleil, ce n’est pas le cas de cet agame qui en profite pleinement.




C’est l’heure de passer à table et nous nous installons tous les trois autour de ces tomates et oignons revenus que nous dégustons avec un thé. Un régal de manger dans ce cadre ! Quant au pain restant, on le laisse pour le renard, tradition locale qui souligne que nous devons partager avec la nature.
La balade touche à sa fin et nous entamons la remontée vers la voiture. Une famille de cratéropes écaillés se réfugie à l’abri d’un bosquet à notre passage.


Nous regagnons la route. Au loin un rapace cercle. Sa silhouette est imposante et je pense directement à un aigle. N’ayant pas de jumelles, je prends une photo. Il s’agit d’un jeune aigle des steppes, reconnaissable à sa large bande blanche sous les ailes. Une bien belle observation pour clôturer cette balade inoubliable.

Notre guide nous raccompagne à la voiture où nous attend l’épicier. Nous nous asseyons avec lui en dégustant un smoothie maison. Il nous explique qu’aujourd’hui est un jour spécial en Jordanie : la fête du drapeau. Mais d’autres touristes arrivent. Il est temps pour nous de quitter Dana. Direction Petra !
Espèces observées sur le Shaq Alreesh Trail

Liste des oiseaux
Aigle des steppes | Steppe Eagle |
Buse féroce | Long-legged Buzzard |
Tourterelle maillée | Laughing Dove |
Coucou gris | Common Cuckoo |
Huppe fasciée | Eurasian Hoopoe |
Faucon crécerelle | Eurasian Kestrel |
Pie-grièche à tête rousse | Woodchat Shrike |
Grand corbeau | Common Raven |
Alouette lulu | Wood Lark |
Hirondelle de rocher | Eurasian Crag-Martin |
Bulbul d’Arabie | White-spectacled Bulbul |
Fauvette à tête noire | Blackcap |
Fauvette babillarde | Lesser Whitethroat |
Cratérope écaillé | Arabian Babbler |
Gobemouche à collier | Collared Flycatcher |
Traquet noir et blanc | Black-eared Wheatear (Eastern) |
Rufipenne de Tristram | Tristram’s Starling |
Souimanga de Palestine | Palestine Sunbird |
Serin syriaque | Syrian Serin |
Informations pratiques
Voici tous mes conseils pour organiser votre séjour dans la vallée de Dana en Jordanie.
Combien de temps passer à Dana ?
Nous n’avons passé que deux demi-journées dans la réserve ce qui nous a permis de faire deux belles balades. Mais le site est grand et mériterait qu’on y passe plus de temps. Je conseille donc d’y passer deux nuits et deux journées pleines pour vraiment profiter des ambiances et des lumières particulièrement belles le soir et au petit matin/
Quelle est la meilleure période pour visiter Dana ?
Comme de nombreux endroits, la meilleure période pour randonner dans la vallée de Dana est le printemps. La météo y est plus favorable qu’en hiver et vous éviterez les fortes chaleurs estivales. C’est aussi à ce moment que vous verrez les fleurs et les oiseaux. Quelques migrateurs seront encore de passage et vous pourrez observer les oiseaux nicheurs. Visez donc entre mars et la fin avril.
Où dormir à Dana ?
Plusieurs logements sont disponibles dans la région de Dana. Je vous en conseillerai 2 :
- Campement Rummana : au coeur de la réserve et au départ de nombreuses randonnées libres d’accès, vous ne pouvez que tomber sous le charme de ce site
- Dana Trail Hotel : celui où j’ai passé la nuit. Une équipe au top et un cadre magnifique au-dessus de la vallée de Dana. Les repas sont excellents et la chambre magnifique. Il s’agit d’un écolodge qui a tout mis en place pour respecter l’environnement et limiter son impact.
Comment organiser sa randonnée à Dana
Vous pouvez organiser votre randonnée une fois sur place en vous rendant au bureau du parc. Mais si vous souhaitez la préparer à l’avance pour éviter de perdre du temps une fois sur place, organisez-vous avec votre hébergement qui pourra soit vous mettre en contact avec un guide soit l’organiser pour vous. Par exemple, l’équipe de Dana Trail Hotel où nous avions réservé via booking nous a proposé avant notre arrivée différentes formules de randos possibles.
Faut-il un guide pour randonner à Dana ?
Vous avez deux types de randonnées possibles dans Dana : des sentiers accessibles librement, en particulier au départ du campement de Rummana, et des randonnées guidées.
Je vous conseille vivement de prendre un guide pour visiter la reserve de dana
Certes, vous pouvez trouver sur le net des tracés qui vous permettront d’aller seuls dans la réserve. Nous avons ainsi croisé plusieurs personnes sans guide lors de notre balade qui nous ont suivi comme des poissons pilote. Mais je vous le déconseille à la fois pour des raisons pratiques, mais surtout éthiques.

Pour des raisons pratiques : les sentiers ne sont pas du tout balisés et le milieu assez chaotique et les sentiers parfois difficiles d’accès. Il est beaucoup plus simple de se laisser guider et plus sécurisant de ne pas être seul.
Mais surtout pour des raisons éthiques. La déprise agricole et pastorale a conduit les bergers à se reconvertir dans l’écotourisme. Choisir une visite guidée c’est aussi participer à la vie locale et à la protection de ces milieux exceptionnels. Vous aurez de plus beaucoup de choses à apprendre sur la vie dans la réserve et ses écosystèmes. Je vous encourage vivement à opter pour la rando guidée.
J’espère que tous ces conseils vous seront utiles. N’hésitez pas à poser des questions ou à partager vos impressions en commentaire !