Un bout de brousse près de Kaolack
Une piste vers le village de Dialo
Samedi 26 décembre (après-midi)
Une fois la matinée passée à observer les Elanions nauclers et les Faucons crécerellettes quitter le dortoir, nous décidons alors de partir faire un tour en brousse à la recherche de leurs zones d’alimentation. Mais sur la carte, pas vraiment de route dans la zone que nous souhaitons prospecter. En effet la route principale reliant Kaolack à Dakar est en pleine réfection. Les Bulldozers et les niveleuses sont en action tandis que sur la piste de délestage, les bus et les camions, roulant à vive allure, maintiennent en permanence un impressionnant nuage de poussière. Nous finissons alors par trouver un échappatoire avec une piste s’engageant vers le nord en direction du village de Dialo. Enfin nous sommes tranquilles et pouvons de nouveau nous servir de nos jumelles.
Un abreuvoir à bétail en guide d’oasis
Une première mare qui est en fait un abreuvoir pour le bétail offre une halte bienvenue. De nombreux petits oiseaux s’y concentrent. Perchés dans les arbres, ils attendent que les environs soient sûrs pour descendre prélever rapidement quelques gorgées d’eau avant de se réfugier à nouveau dans les buissons.
On y trouve également des Cordons bleus, différents de ceux d’Afrique australe avec leurs joues rouges, des Alectos à bec blancs, qui a cette époque de l’année ont le bec noir, et des Moineaux gris et dorés. Ces derniers sont particulièrement beaux, enfin surtout les mâles avec leurs belles parures jaunes or ! Mais les femelles sont beaucoup plus quelconques.
Quelques baobabs au milieu des cultures
Nous nous éloignons ensuite de quelques centaines de mètres du village, et le milieu devient un peu plus sauvage. De grands Baobabs, sont disséminés dans le paysage ainsi que d’autres essences exotiques. Par endroit, le sol porte les traces d’une culture récente, céréales ou arachide. Ce milieu attire des Rolliers d’Abyssinie et de nombreuses tourterelles.
A l’ombre des arbres
Afin de manger à l’abri de la chaleur, nous trouvons refuge sous un grand arbre au bord de la piste. Mais pas le temps de dévorer nos sandwichs, des cris inconnus nous tirent à l’extérieur pour rechercher son auteur. Profitant en effet des fleurs de notre arbre hôte, un Souimanga pygmée nous fascine avec son délicat plumage jaune et vert. Sans cesse en mouvement, il prospecte une à une les fleurs qui malheureusement pour nous se trouvent dans la partie haute de l’arbre … de plus le ciel s’est couvert, pas top pour les photos.
De passage rapide, une nouvelle espèce de guêpier fait également une halte dans ce même arbre. C’est un Guêpier d’Orient au beau plumage vert. Ces observations nous motivent alors à laisser la voiture et partir faire « un bout de brousse ». Bien que la mi-journée ne soit pas le bon créneau, il y a de l’activité dans les buissons et dans les arbres. Les Pouillots de Bonelli, espèce nicheuse chez nous en France semblent particulièrement apprécier en effet cet habitat. Leurs petits cris se font aisni régulièrement entendre de-ci delà. Plus discret, un Camaroptère à tête grise se déplace furtivement dans un buisson épineux. Mais il faudra de la patience pour arriver à l’avoir sur la carte mémoire !
Autre surprise paléarctique, un Circaète jean-le-blanc ne fait qu’un bref passage au dessus des grands Baobabs.
Une belle diversité d’oiseaux dans les zones agricoles
Quelques instants plus tard, ce sont des vautours africains qui empruntent le même trajet. Des cris sifflés au loin nous indiquent alors la direction à suivre. Nous tombons finalement sur un petit groupe de Calaos à bec rouge ayant trouvé refuge dans un arbre avec une importante frondaison. Il y a de la vie à découvrir dans cette brousse pour peu que l’on prenne le temps de l’explorer. De retour vers la voiture, nous sommes ainsi gratifiés de l’observation d’un Rollier varié.
Le piapiac africain
Nous reprenons la voiture pour nous enfoncer davantage dans ces paysages. A l’entrée d’un petit village, constitué de quelques cases, un Traquet brun est une nouvelle coche. Il chante depuis différents perchoirs, indifférent, alors que s’affaire une femme à quelques mètres de lui. En sortie du même village, sur quelques zébus errants, nous tombons alors sur deux grands oiseaux noirs au bec partiellement rouge. Mais ce n’est pas une espèce que nous avions remarquée sur le bouquin et il nous faut un peu de temps pour arriver à la l’identifier. En fait, c’est un corvidé et il répond au nom bizarre de Piapiac africain … Après vérification, ce nom provient de son cri grinçant, des séries de piac piac piac …
Heliosciure de Gambie.
Nouvel arrêt et prospection d’une portion de brousse avec des champs où les récoltes ont déjà eu lieu. Sur le tronc d’un arbre, un écureuil arboricole à queue annelée s’enfuit à notre approche. C’est un Heliosciure de Gambie. Avec un peu de patience, il pointe à nouveau le bout de son nez à l’entrée de sa cavité.
Les champs environnants semblent le terrain de prédilection pour des Vanneaux à tête noire. Ils sont en effet une douzaine à s’y alimenter et sont assez farouches. La encore, un peu de patience et ils se laissent finalement photographier.
Autour d’un point d’eau
Nous terminons finalement cette après midi près d’une nouvelle mare où se concentrent toutes les Tourterelles des environs. Maillées, vineuses, rieuses où d’Abyssinie, nous avons en effet le choix et le temps pour détailler les subtilités de taille et de plumage.
En quittant le site, deux Youyous du Sénégal nous survolent puis deux Perruches à collier. Cette visite en brousse a été très fructueuse et nous a permis de découvrir de nombreuses espèces typiquement sénégalaises.
Espèces d’oiseaux observés près de Kaolack
Espèces d’oiseaux observés près de Kaolack
Espèces d’oiseaux observés près de Kaolack
Grande Aigrette | Great Egret | Ardea alba | 1 |
Elanion naucler | Scissor-tailed Kite | Chelictinia riocourii | 3 |
Vautour africain | White-backed Vulture | Gyps africanus | 13 |
Circaète Jean-le-Blanc | Short-toed Eagle | Circaetus gallicus | 1 |
Vanneau à tête noire | Black-headed Lapwing | Vanellus tectus | 12 |
Pigeon roussard | Speckled Pigeon | Columba guinea | 2 |
Tourterelle rieuse | African Collared-Dove | Streptopelia roseogrisea | 30 |
Tourterelle pleureuse | Mourning Collared-Dove | Streptopelia decipiens | 13 |
Tourterelle vineuse | Vinaceous Dove | Streptopelia vinacea | 2 |
Tourterelle maillée | Laughing Dove | Streptopelia senegalensis | X |
Tourtelette d’Abyssinie | Black-billed Wood-Dove | Turtur abyssinicus | 2 |
Tourtelette masquée | Namaqua Dove | Oena capensis | X |
Coucal du Sénégal | Senegal Coucal | Centropus senegalensis | 3 |
Martinet des palmes | African Palm-Swift | Cypsiurus parvus | X |
Guêpier d’Orient | Green Bee-eater | Merops orientalis | 1 |
Rollier d’Abyssinie | Abyssinian Roller | Coracias abyssinicus | 5 |
Rollier varié | Rufous-crowned Roller | Coracias naevius | 1 |
Irrisor moqueur | Green Woodhoopoe | Phoeniculus purpureus | 3 |
Calao à bec rouge | Western Red-billed Hornbill | Tockus kempi | 11 |
Barbican de Vieillot | Vieillot’s Barbet | Lybius vieilloti | 1 |
Perruche à collier | Rose-ringed Parakeet | Psittacula krameri | 4 |
Perroquet youyou | Senegal Parrot | Poicephalus senegalus | 2 |
Pie-grièche à tête rousse | Woodchat Shrike | Lanius senator | 1 |
Piapiac | Piapiac | Ptilostomus afer | 4 |
Pouillot de Bonelli | Western Bonelli’s Warbler | Phylloscopus bonelli | 4 |
Camaroptère à tête grise | Green-backed Camaroptera | Camaroptera brachyura | 4 |
Prinia modeste | Tawny-flanked Prinia | Prinia subflava | 4 |
Fauvette passerinnette | Subalpine Warbler | Sylvia cantillans | 1 |
Rougequeue à front blanc | Common Redstart | Phoenicurus phoenicurus | 1 |
Traquet brun | Northern Anteater-Chat | Myrmecocichla aethiops | 1 |
Choucador à oreillons bleus | Greater Blue-eared Glossy-Starling | Lamprotornis chalybaeus | 10 |
Choucador à longue-queue | Long-tailed Glossy-Starling | Lamprotornis caudatus | 10 |
Choucador à ventre roux | Chestnut-bellied Starling | Lamprotornis pulcher | 4 |
Souimanga pygmée | Pygmy Sunbird | Hedydipna platura | 3 |
Moineau gris | Northern Gray-headed Sparrow | Passer griseus | 17 |
Moineau doré | Sudan Golden Sparrow | Passer luteus | 90 |
Alecto à bec blanc | White-billed Buffalo-Weaver | Bubalornis albirostris | 60 |
Sporopipe quadrillé | Speckle-fronted Weaver | Sporopipes frontalis | 1 |
Travailleur à bec rouge | Red-billed Quelea | Quelea quelea | 10 |
Cordonbleu à joues rouges | Red-cheeked Cordonbleu | Uraeginthus bengalus | 13 |
Amarante du Sénégal | Red-billed Firefinch | Lagonosticta senegala | 2 |
Amadine cou-coupé | Cut-throat | Amadina fasciata | 12 |
Et le busard cendré ?
Ça en est finit de Kaolack, notre deuxième grande étape dans ce voyage au Sénégal. Le site a tenu ses promesses nous avons passé d’excellents moments à observer cette concentration phénoménale de Faucons crécerellettes et davantage encore celle des Elanions nauclers. Nos prospections dans les paysages de brousse environnants se sont révélées propices à la découverte des espèces indigènes. Seul regret, nous n’avons pas réussi à trouver du temps pour rechercher une autre espèce de rapace paléarctique qui vient hiverner en Sénégal.
La migration du busard cendré
Habitant les milieux ouverts tels les champs de céréales et les prairies, le Busard cendré quitte l’Europe dès le mois de juillet pour les adultes tandis que les jeunes de l’année s’observent jusqu’en septembre. Durant deux mois, ces jeunes adoptent un comportement erratique les entrainant parfois à plus de 1000 km de leur territoire de naissance. Il n’y a pas de direction définie, les oiseaux se déplaçant de site en site en fonction de la richesse en proie.
Des oiseaux venant du sud remontent vers le nord et c’est ainsi qu’en plaine de Crau par exemple, durant le mois d’août, on observe des juvéniles en provenance des garrigues du Languedoc côtoyant des oiseaux venant de Vendée ou d’Allemagne. Il est admis que cette longue période pré-migratoire permet aux oiseaux de repérer et de juger de futurs sites potentiels de nidification. Le Busard cendré migre sur un large front, capable parfois de parcourir d’une traite de longues distances. Un mâle néerlandais a volé depuis son territoire de reproduction jusqu’au nord de l’Espagne soit environ 1500 km et montré que l’espèce pouvait migrer de nuit.
Le busard cendré au Sénégal
Au Sénégal, l’espèce a profité de l’action humaine où l’usage des feux de brousse a permis l’ouverture des milieux. Durant l’hiver, les Busards cendrés se rassemblent en dortoir de quelques individus, affectionnant les zones d’herbes hautes leur permettant de se dissimuler. Parfois, comme c’est le cas dans les environs de Kaolack, des rassemblements plus importants sont constatés avec des effectifs atteignant le millier d’individus. Nous n’aurons réussi à voir qu’un seul oiseau en trois jours sur le secteur …