Un fou brun aux îles de Lérins

Samedi 2 avril. Une petite alerte sur le téléphone …. En cette période de migration, il faut en effet avouer que ces notifications sont nombreuses. Après le traquet noir et blanc à Nice, dont je parlerai dans un prochain article, cette fois-ci il s’agit d’un fou brun aperçu en vol entre les îles de Lérins. Oiseau particulièrement rare en France, naît donc l’envie d’aller jeter un œil. Certes, c’est une espèce que j’ai eu la chance d’observer à plusieurs reprises dans le Pacifique, mais c’est l’occasion de rallonger la liste France. Mais avec ces oiseaux marins, difficile de savoir s’il sera encore là demain. Mais, ayant planifié d’autres projets, je laisse passer le dimanche.

Nombreux autres ornithos profitent alors du week-end pour se rendre sur place, et ils ont bien eu raison. Le fou brun est toujours présent et se laisse admirer une bonne partie de la journée, se posant sur le même îlot rocheux en face de la petite île de Saint-Honorat entre deux parties de pêche. Je ne peux alors décidément pas laisser passer cette opportunité. Demain j’irai ! Je réserve à l’avance mon billet question de me motiver, je prépare également sacs et appareil photo. Tout est finalement prêt.

En route pour les Alpes maritimes !

Lundi matin, direction Cannes. La nuit a été froide, très froide, la plus froide d’avril depuis des décennies. Les sommets enneigés des préalpes peuvent en témoigner. J’embarque sur le bateau de 10h avec d’autres ornithos. La traversée et très rapide mais assez longue pour que la tension commence à monter. L’oiseau sera-t-il toujours là ?? A peine débarqués, nous croisons la première fournée d’observateurs du matin qui nous rassurent. Il est toujours posé sur son rocher.

Nous accélérons alors le pas pour rejoindre la pointe nord de l’île. Les lunettes sont déjà pointées vers la star, je jette un coup d’œil. Il est en effet paisiblement installé. Nous prenons alors le temps de l’observer un bon moment. Son ventre brun permet effectivement de montrer qu’il s’agit d’un individu immature. Il finit enfin par prendre son envol pour partir en pêche. Mais ce n’est pas facile au milieu de tous ces goélands qui le harcèlent. Il revient finalement à son poste.

Un peu loin et à contre jour, je ne parviens malheureusement pas à faire une photo correcte. Je finalement me contenter d’une photo souvenir. Et non, je ne sais toujours pas faire de digiscopie !

Le fou brun

Le fou brun est un sulidé qui vit dans les eaux côtières et sur les îlots des zones tropicales des océans Atlantique et Pacifique. Il se répartit ainsi en 4 sous-espèces :

  1. Sula leucogaster brewsteri : Côtes du Pacifique des Etats-Unis et du Mexique
  2. Sula leucogaster etesiaca : Côtes du Pacifique de l’Amérique centrale et de la Colombie
  3. Sula leucogaster leucogaster : Caraïbes et îles de l’Atlantique
  4. Sula leucogaster plotus : Mer rouge jusqu’au Pacifique occidental et central
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Par JMK — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=75032038

Le fou brun adulte se reconnaît facilement à son plumage bicolore. La têt et le cou brun chocolat contrastent en effet avec sa poitrine et le dessous des ailes blancs. Les individus immatures, comme celui de Nice, sont quant à eux entièrement sombres.

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Fou brun, Tonga

Les observations de fou brun en Europe

En Europe, le fou brun est un oiseau occasionnel rare. Il a cependant été observé en Italie, en France, en Angleterre et même jusqu’en Suède. Mais c’est en Espagne à l’automne que les observations sont les plus nombreuses. En effet, les individus se dispersent après la saison de reproduction et certains remontent vers le nord. Les immatures quant à eux peuvent parcourir beaucoup plus de distance. Ainsi, 8 individus ont été observés entre 1983 et 2011, 5 entre 2016 et 2021.

Balade sur Saint-Honorat

Cette petite virée coche a ainsi été l’occasion de découvrir cette petite île de Saint-Honorat. D’autres espèces peuvent y sont présentes comme le cormoran huppé de Méditerranée. En période de migration on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Ainsi, le lendemain de mon passage, c’est une fauvette des Balkans qui sera observée non loin du fou.

Saint-Honorat est aussi un petit bijou culturel. L’île compte en effet sept chapelles. La plus connue est celle de la Trinité située à la pointe Est de l’île.

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Le monastère de Saint-Honorat

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