Depuis le petit village de Castérino, sur la route du col de Tende, il est possible d’effectuer une boucle en deux jours permettant de découvrir les richesses de la Vallée des Merveilles : sa faune, sa flore et enfin ses gravures ruspestres. Chamois, marmottes et bouquetins sont en effet facilement observables dans cette région protégée du Parc National du Mercantour. Il est également possible d’observer de nombreuses espèces d’oiseaux montagnards comme la Perdrix bartavelle, le Lagopède alpin ou encore l’Aigle royal. Ainsi à chaque saison ses charmes : des prairies fleuries au début de l’été aux lacs gelés à l’automne, le parcours est à découvrir et redécouvrir.
Itinéraire
1er jour : De Castérino au Refuge des Merveilles par la Baisse de Vallauretta
Depuis le petit village de Castérino le sentier s’élève tout d’abord à travers la forêt en direction du refuge de Fontanalbe. Sur cette partie de l’itinéraire les passereaux sont nombreux : Pinsons des arbres, Mésanges noires, Mésanges boréales, becs croisés … Révisez vos chants car ils savent parfois se faire très discrets.
Depuis le refuge la pente s’accentue et permet d’accéder soit à la baisse de Vallauretta, soit à la Baisse de Fontanalbe. Au mois de juillet, les fleurs au milieu du sous-bois sont alors un véritable feu d’artifice de couleurs.
La Baisse de Vallauretta
Pour rejoindre le refuge des Merveilles, il convient alors de prendre le sentier sur la gauche pour la Baisse de Vallauretta où il n’est pas rare de croiser chamois et bouquetin. Depuis la baisse, le panorama s’ouvre sur les monts italiens et les lacs jumeaux plus bas dans la vallée.
Depuis la baisse, le sentier descend doucement à travers les prairies en direction de la vallée. Deux chemins sont alors possibles pour rejoindre le refuge des Merveilles soit en suivant les crêtes ou soit en redescendant au fond de la vallée.
2ème jour : Du refuge des Merveilles à Castérino par la vallée de la Valmasque
Au départ du refuge, suivre le sentier en direction de la Baisse de la Valmasque. Vous traversez alors la fameuse “Vallée des Merveilles”, située au pied du Mont Bégo, réputée pour ces gravures rupestres mais aussi pour ses orages fréquents. Pour découvrir les gravures, il est préférable de suivre l’une des visites guidées car de nombreux sentiers sont fermés au public pour préserver les gravures.
Les gravures rupestres
Voici un reportage très intéressant sur ces fameuses gravures qui sont restées bien longtemps mystérieuses. Les dalles de schiste polies ont, en effet, au fil des âges, incité les hommes à y laisser des inscriptions. Au XXème siècle, les bergers de la vallée de Tende y inscrivent leur nom ou des images naïves. La superposition des différentes gravures permet ainsi de retracer leur chronologie. On retrouve également les blasons datant du XVIème et XVIIème, des gravures du moyen-âge ou encore de l’époque romaine. Mais des dessins encore plus anciens ornent les blocs rocheux de ce paysage chaotique : il s’agit de gravures de l’âge de bronze qui font de la vallée des merveilles une terre sacrée. Poignards, figures anthropomorphes, corniformes recèlent encore de nombreux secrets de cette culture ancestrale.
La paroi vitrifiée a été lustrée par le poli glaciaire. On y retrouve exclusivement des inscriptions de l’époque moderne (signatures de soldats italiens et de bergers), à l’exception seulement d’une inscription latine et de deux poignards de l’âge de bronze, visibles sur la photo.
Les inscriptions ne sont pas bien visibles sur la photo mais une figure anthropique est représentée sur la gauche, composée de formes cornues, avec un poignard au niveau du crâne. Cette gravure aurait alors une signification religieuse qui nous échappe encore aujourd’hui.
- Pour en savoir plus : Hominidés, la vallée des Merveilles
Montée à la baisse de la Valmasque
Au bout de la vallée, le chemin serpente en zigzag et permet d’atteindre finalement la Baisse de la Valmasque. Enfin, dernière véritable ascension du parcours, vous aurez bien mérité le point de vue ! Chocards et craves tournoient autour de vos têtes tandis que votre regard se porte sur la vallée et sa succession de lacs (si le temps le permet !).
Les rives du lac Basto
Le chemin redescend alors à travers les pierriers. Ouvrez l’oeil ! il n’est en effet pas rare de croiser un bouquetin sur les rives du lac Basto. Si les mâles restent souvent sur les hauteurs en pleine journée, il est en revanche possible d’observer les femelles et leurs jeunes s’alimentant dans les prairies à plus basse altitude.
Mais les prairies au bord du lac n’attirent pas seulement les bouquetins. Les chamois sont également nombreux à venir brouter ici. A la fin de l’été, femelles et jeunes se rassemblent alors aux alentours du lac et peuvent former d’importants groupes.
Au milieu des rochers se faufile furtivement une hermine, à la recherche de micro-mammifères. Mais n’oublions pas la Marmotte des Alpes, qui affectionne particulièrement ce type de milieu. Les adultes prennent un bain de soleil sur les rochers blancs tandis que les jeunes jouent au milieu des blocs. A l’approche d’un Aigle royal, tous regagnent alors leur terrier qui n’est jamais très loin, tandis qu’une sentinelle, dressée sur ses pattes arrières pousse son cri strident.
Côté oiseaux, nous retrouvons les espèces montagnardes classiques : Chocard à bec jaune, Accenteur alpin, Rougequeue noir et au bord des lac, le discret Cincle plongeur.
Bivouac
Le soir, il est possible de dresser sa tente dans l’enceinte du parc. Nous avions choisi de dormir près du lac, pour profiter de l’ambiance crépusculaire et espérant observer à nouveau les bouquetins au petit matin. Pensez à bien ranger votre nourriture ! Étourdis, nous avions laissé notre sac contenant notre pique-nique dans l’abside de la tente … En pleine nuit, nous sommes réveillés par un bruit tout proche et entendons un sac s’enfuir … le temps de sortir du duvet, nous retrouvons à quelques mètres de la tente le fameux sac … le saucisson d’Ardèche, la précision est importante, avait disparu … Nous nous sommes fait voler notre repas !!!
Direction la Valmasque
A partir du Basto, le sentier longe les trois lacs jusqu’au refuge de la Valmasque et ne présente plus de réelle difficulté (sauf lors des orages). Mais prenez le temps de vous arrêter au refuge de la Valmasque pour déguster leur délicieuse tarte aux myrtilles faite maison, cela va sans dire ! Juste question de reprendre des forces et de redescendre jusqu’à la route qui conduit à Castérino. Depuis la terrasse, vous pourrez alors observer les truites à travers les eaux limpides du lac.
Variante par le refuge de Nice
Depuis le lac Basto, vous pouvez également monter à la baisse de Basto pour gagner le refuge de Nice. Consultez mon article consacré à cette autre boucle dans la vallée des Merveilles par la vallée de la Gordolasque.
Variante par la Baisse de Fontanalbe
Il est également possible de couper l’itinéraire en passant par la Baisse de Fontanalbe qui permet de rejoindre directement le lac Basto sans passer par le Refuge des Merveilles. Certes, vous ratez en empruntant cet itinéraire la “Vallée des Merveilles” et les gravures mais les paysages que vous traverserez sont sauvages et splendides ! De plus il n’est pas rare d’y croiser les bouquetins