Réserve biologique des Monts d’Azur : un laboratoire du réensauvagement. Au cœur du parc naturel régional des Monts d’Azur, la réserve biologique du Haut Thorenc accueille dans un espace préservé de 700ha de grands mammifères. La plupart a disparu de France depuis bien longtemps. L’objectif de ce projet est double. Sensibiliser et étudier les effets de la présence de ces herbivores sur un milieu naturel en vue de les réintroduire.

Localisation

L’histoire de la réserve biologique des Monts d’Azur

C’est en 2003 que Patrice Longour et sa femme Alena se lancent dans ce projet un peu fou de créer ce laboratoire du réensauvagement à ciel ouvert. Face au déclin de la biodiversité, et en particulier des mammifères européens, ils décident d’accueillir dans cet espace de 700ha de grands herbivores. L’objectif est double : sensibiliser et étudier.

Sensibiliser en organisant des visites guidées sur le terrains et en accueillant le grand public sur le site. C’est aussi une façon de promouvoir l’écotourisme comme contre-modèle du tourisme de masse. Ici, on articule les enjeux écologiques et économiques.

Etudier : de nombreuses études sont menées sur l’impact des grands herbivores sur leur milieu. Comment ces espèces interagissent entre elles ? Quels sont les impacts sur la forêt et plus généralement sur la biodiversité ? Voila de nombreuses questions auxquelles des réponses commencent à être données.

A terme, le but serait de réintroduire ces animaux dans les espaces naturels. Une idée qui pourrait être séduisante à de nombreux égards.

Visiter la réserve biologique des Monts d’Azur

Pour sensibiliser le public à tous ces enjeux, plusieurs types de sorties sont proposées. L’excursion en calèche est accessible aux plus jeunes, l’idéal pour une balade en famille. Pour ma part, j’ai choisi la visite guidée à pieds autorisée à partir de 5 ans. Des visites thématiques permettent également de s’adapter à la saison. C’est le cas du safari brâme.

Des logements permettent d’accueillir ceux qui souhaiteraient être immergés au cœur de la réserve.

En savoir plus sur la réserve : Site de la réserve biologique des Monts d’Azur

Les espèces présentes dans la réserve

Le cheval de Przewalski
Réserve biologique des Monts d’Azur : un laboratoire du réensauvagement

Le cheval de Przewalski (Equus przewalskii) a été découvert en Mongolie en 1879. Ce cheval sauvage, appelé Takh par les Mongols, a rapidement disparu à l’état sauvage. La cause tient en partie aux prélèvements d’individus destinés aux parcs zoologiques.
A partir des années 1990 des programmes de réintroduction de l’espèce à l’état sauvage ou en semi-liberté ont vu le jour. Les premiers individus sont ainsi réintroduits en Mongolie en 1992.

Le cheval de Przewalski avec sa robe isabelle, son ventre blanc et sa longue raie de mulet sombre, a vraiment des allures préhistoriques. Les récentes études ont montré que cette espèce de cheval sauvage n’était pas un cheval originaire de Mongolie. Il était présent dans l’ensemble de l’Europe avant d’être repoussé dans les zones les plus retirées d’Asie centrale.

Où voir le cheval de Przewalski en France ? Un autre troupeau est présent sur le causse Méjean en Lozère.

Le bison d’Europe
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Un herbivore menacé de disparition

Avec un poids avoisinant la tonne, une hauteur au garrot d’1,80m, mesurant 3m de long, les mâles du Bison d’Europe sont vraiment impressionnants ! Il s’agit du plus gros mammifère terrestre d’Europe. Les femelles, quant à elles, ne pèsent “qu'”entre 300 et 600 kg. Il s’agit là du plus gros mammifère terrestre d’Europe.

Présent dans la grande majorité de l’Europe jusqu’au Moyen-Age, ce géant a bien failli disparaître à l’image de son cousin l’auroch. Son habitat détruit, largement chassé, il disparut de France au VIIIème siècle, puis de Suisse au XIème et d’Allemagne et de Roumanie au XVIIème. Il ne survivait plus qu’en Pologne, mais le dernier fut tué dans la forêt de Bialowieza en 1919. Il ne subsistait alors que 54 individus en parc zoologique.

Un plan de réintroduction en Pologne

Seuls 7 individus non hybridés de la sous-espèce Bison bonasus bonasus, 4 mâles et 3 femelles, ont été utilisés pour reconstituer la population de la forêt de Bialowieza. Les premiers individus y ont été réintroduits en 1952. L’opération est couronnée de ce succès. En effet la population de Bialowieza a été estimée lors des derniers comptages à 596 individus côté polonais et 512 côté biélorusse. En savoir plus sur le bison en Pologne n’hésitez pas à lire mon article Sur la trace des bisons de Bialowieza.

D’autres programmes de réintroduction ont été menés en Pologne, comme dans les Carpates. Les troupeaux sont issus d’une lignée mixte Bb bonasus X Bb caucasicus, ainsi que dans d’autres pays européens (Roumanie, Biélorussie, Ukraine … et même en Allemagne). En France, il n’est possible d’observer le Bison d’Europe qu’en semi-liberté dans des parcs. C’est le cas de la réserve du Haut-Thorenc (Alpes-maritimes) ou à Sainte-Eulalie (Lozère).

Les bisons de la réserve des monts d’Azur

Le troupeau de bisons d’Europe de la Réserve des Monts d’Azur comprend une cinquantaine d’animaux dont les trois-quarts sont nés sur la Réserve. En 2005 et en 2006, Wanda Olech, coordinatrice du Programme Européen d’Elevage du bison d’Europe, choisit soigneusement les animaux en Pologne.

Le cerf élaphe

Animal emblématique, l’observation du cerf élaphe n’est pas toujours aisée. S’il semble aujourd’hui inféodé au milieu forestier, cela n’a pas toujours été le cas. En effet, les cerfs fréquentaient autrefois les vastes prairies. Mais les activités humaines, le développement de l’agriculture intensive et la chasse l’ont petit à petit cantonné dans les forêts.

La période du brame, est probablement le meilleur moment pour observer celui qui est devenu le roi de la forêt.

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L’élan

Voilà le plus grand des cervidés actuels. Il en existe deux sous-espèces, l’une américaine, l’autre européenne. En Europe, l’élan est présent en Scandinavie. Au Moyen-Age, il était cependant présent dans les forêt d’Europe de l’ouest, tout comme l’auroch. Ce-dernier est aujourd’hui éteint. Inféodé aux zones aquatiques, il est bon nageur et broute volontiers sous l’eau.

L’élan est un nouvel arrivant dans la réserve. Seules 3 femelles sont présentes depuis 2019. Nous sommes donc chanceux d’avoir pu en observer une.

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Le sanglier

Souvent considéré comme nuisible, le sanglier a pourtant son rôle à jouer dans les écosystèmes. Le sanglier est en quelque sorte le jardinier sauvage des forêts. En retournant le sol avec son groin il laboure les sols. Cette action mécanique entraîne plusieurs conséquences favorables à la dynamique des sols comme l’aération, la perméabilisation ou encore la dissémination du pollen.

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Le réensauvagement : notre conception de la nature en question

Le rôle des grands herbivores

La Réserve démontre ainsi l’importance de la présence des grands herbivores sauvages dans les écosystèmes français et européens.
Elle a été la première à permettre à nos espèces ancestrales de partager à nouveau un même territoire. Puis la première à réintroduire ces espèces dans des réserves naturelles en Europe.

Le bison joue un rôle essentiel dans cet équilibre. Espèce “parapluie”, il ouvre les milieux et crée des clairières. Ces-dernières profitent à de nombreuses espèces aussi bien végétales qu’animales. Il participe également à la dispersion des graines. Les chercheurs de la réserve ont ainsi pu montrer une augmentation du nombre d’espèces de plantes mais également des oiseaux.

Les clairières profitent également aux autres mammifères, cerfs, chevreuils, lièvres, qui accentuent ainsi le travail déjà effectué par les bisons.

Question d’éthique

On peut cependant s’interroger sur la légitimité d’introduire des espèces disparues de nos espaces naturels depuis des siècles, voire des millénaires. Quelles espèces favoriser ? Si l’on ne regarde que l’impact positif, pourquoi ne pas introduire des aurochs reconstitués ? Il y a un petit côté Jurassic park … Il est délicat de savoir où situer la limite. C’est d’ailleurs le problème de la délimitation entre nature et culture. Cette frontière est finalement placée de façon très aléatoire.

Au-delà des problèmes de cohabitation avec l’homme ou d’ordre économique, c’est notre conception de la nature qui est interrogée ici. Quelle nature voulons-nous demain ? Voilà la question cruciale que pose le projet de réensauvagement.

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