Au milieu de la ville d’Eshowe, dans le Kwazulu Natal, la forêt relique de Dlinza, classée en réserve, est un refuge pour de nombreuses espèces forestières dont certaines remarquables … L’occasion pour nous de faire de nombreuses nouvelles observations.
Lundi 11 août 2014 Le Cap – Eshowe
La première partie de notre voyage dans le sud du pays se termine ce matin, nous avons en effet un vol qui nous attend pour nous emmener vers Durban et la région du Kwazulu Natal. Nous disposons d’une petite semaine pour découvrir quelques unes des réserves naturelles de cette région qui semble aussi très riche. Des noms évocateurs comme Hluhluwe-imfolozi, Ste-Lucie, Tembe Elephant park, Pongola, Mkuze … dur de faire un choix !
L’avion décolle à 9h15 du Cap et 1h15 de vol plus tard, nous atterrissons sur l’aéroport de Durban qui possède davantage une ambiance africaine. L’herbe autour des pistes est sèche, les arbres ont un port plus exotique, la température est plus chaude. Bref, un autre voyage commence ! Après une heure d’attente nous pouvons enfin récupérer notre voiture de location. Cette fois-ci ce n‘est pas une Toyota Corolla mais une Chevrolet cruze. Les voitures sont du même gabarit mais le confort de conduite n’est pas le même. On s’en contentera ! Nous prenons une nouvelle fois la N2, cette même route qui nous avait permis de relier Port Elizabeth au Cap. La N2 longe toute la côte sud-africaine de l’océan indien et c’est donc tout naturellement que nous l’empruntons à nouveau mais cette fois-ci direction le nord. Près de Durban, elle est payante, 4, 5, 10 puis 14,5 rand pour rejoindre la petite ville d’Eshowe qui sera notre première escale en pays Zoulou. Les paysages que nous traversons pour nous y rendre ne sont pas des plus sauvages. Longeant le bord des routes et quasiment jusqu’où la vue peut porter, c’est le vert des immensités de champs de Canne à sucre qui domine. Nous ne croiserons d’ailleurs que très peu d’oiseaux dans ces milieux monotones … de notable, deux Milans à bec jaune et une Cigogne épiscopale survolant un lambeau de forêt. Les deux sont une nouvelle espèce pour le voyage. Vers 13h30, avant d’atteindre Eshowe, nous décidons de nous arrêter dans le village côtier de Blytedale beach pour y faire quelques provisions. Le village semble mort, dévoué aux vacances et aux retraités. Pas de magasin mais un petit snack où nous y prenons un bon repas. Un filet de viande de 500g, des samossas, des boulettes de viandes … pour environ 184 rd. Durant le repas sur la terrasse, nous cochons de nouvelles espèces. Un Souimanga à poitrine rouge, des Tisserins gendarmes et des Hirondelles à tête rousse qui volent au dessus de nous.
Nous atteignons ensuite assez rapidement Eshowe qui est une petite ville vivante qui contraste avec les villes du sud plus occidentalisées.
Les gens ici sont dehors, beaucoup de petits magasins, un va et vient incessant qui déboussole un peu au départ … il nous faut un petit temps d’adaptation pour nous y habituer ! Eshowe est une ville connue car elle a donné naissance à de nombreux rois Zoulous et c’est aussi la ville de naissance de l’actuel président sud-africain. Mais ce n’est pas ce côté « people » qui nous a attiré ici. Ce qui nous intéresse nous, c’est le fait que cette ville est construite en bordure de la forêt de Dlinza. Une forêt sèche, relique, préservée au cours des temps par son caractère sacré. Aucun zoulou ne s’y aventure. La forêt a pu se développer naturellement sans emprise humaine. Ce reliquat de biodiversité nous permet de nous rendre compte, qu’ici aussi, en Afrique, les habitats naturels disparaissent. Les populations croissantes ont besoin de plus en plus d’espaces agricoles. Les forêts sont défrichées, brulées et transformées en champs de cannes à sucre. Notre guesthouse se trouve juste en bordure de la forêt qui est classée en réserve. De manière surprenante, nous la trouvons assez facilement et dès le portail passé, notre hôtesse nous accueille. Nous faisons connaissance, elle nous parle de la vie dans cette partie de l’Afrique du sud et alors que l’on tente de négocier l’accès à son ordinateur pour effectuer une sauvegarde de nos photos, ce sont deux Calaos trompettes qui se perchent dans les arbres du parc. Pas vraiment discrets, leurs cris lancinants sont très sonores et ressemblent à des trompettes. Ils profitent un temps des fruits au sommet des arbres puis continuent leurs vagabondages. Nous nous filons dans la forêt attenante pour la dernière heure de jour. Nous visitons un observatoire qui a été aménagé en bordure du chemin. Il donne sur un tout petit abreuvoir posé à même le sol de la forêt. Nous patientons quelques instants sans véritable conviction en se demandant quelle espèce pourrait venir s’abreuver ici. Après quelques instants, un bruit discret attire notre attention et nous sommes surpris de voir un Pigeon à masque blanc se faufiler entre la végétation pour venir boire à 2 mètres devant nous et disparaitre aussi furtivement en s’éloignant à petits pas. Comme il nous reste encore un peu de temps avant la nuit, nous nous engageons sur le sentier qui s’élève dans la canopée. L’ambiance est assez calme ce soir et depuis le haut de la tour d’observation, nous voyons passés 5 Calaos trompettes et 2 Ibis hagedashs qui viennent trouver refuge dans les grands arbres, pour y passer une nuit paisible. Pour nous aussi la nuit sera agréable.
12 août 2014
Nous prenons ce matin le temps de prendre un bon petit déjeuner et dès les premières lueurs du jour, nous filons explorer la forêt de Dlinza.
Dès les premiers pas, nous constatons que l’activité est plus intense qu’hier soir. Les calaos perchés dans la cime des arbres poussent leurs puissants cris.
Nous empruntons le sentier aérien tandis que derrière nous les rayons du soleil percent la canopée. Nous ne perdons pas de temps dans le sous-bois et grimpons au sommet de la tour d’observation d’où nous jouissons d’un magnifique point d’observation. La vue se dégage sur le vallon et nous pouvons enfin observer les oiseaux du toit de la forêt. Ici un groupe de Barbicans oreillards, là de braillards Choucadors à ventre noir qui assurent le spectacle.
Plus discret, un Echenilleur se faufile dans le feuillage pour échapper à notre vue tandis qu’un Martin-pêcheur géant passe en vol au dessus de nous. Juste derrière nous, un chant retenti. Il ne nous est pas inconnu mais il nous faut quelques secondes pour reconnaitre un Loriot à tête noire. Plus loin, un autre cri sonne aussi comme une réminiscence, un Hoo-hook … Hoo-hook … c’est un Touraco mais nous n’arrivons pas à le localiser précisément. Enfin nous finissons par apercevoir l’oiseau dans la frondaison d’un grand arbre. C’est bien un Touraco mais d’une nouvelle espèce. Un Touraco à huppe splendide aux magnifiques couleurs. Il finit par prendre son envol, déployant ses ailes rouges pour rejoindre un autre individu plus loin. Quelques minutes plus tard, il est de retour mais perché à l’ombre du feuillage d’un arbre. Il faut attendre quelques instants mais enfin il s’avance sur sa branche et sort à la lumière. Superbe obs !
Nous passons plus de deux heures sur cette tour d’observation d’où nous contactons de nombreuses espèces comme l’ibis chauve, le Souimanga à collier ou encore le rare Pigeon de Delegorgue.
L’activité finit par se calmer et nous regagnons la terre ferme pour suivre le Mkonka trail qui dessine une boucle dans la forêt. Très discret et fuyant la lumière, un joli mâle de Tchitrec d’Afrique aux longues rectrices externes moucheronne dans le sous-bois. C’est ma deuxième rencontre avec cette espèce exotique, la première ayant eu lieu il y a quelques années dans les oasis de la région du Dhofar, dans le sud du Sultanat d’Oman où l’espèce se reproduit. Que de distance parcourue pour cette espèce qui vient passer l’hiver en Afrique du sud. Fidèle à son habitude, il profite des premières heures du jour pour se nourrir, toujours en mouvement, il laisse de temps en temps l’observateur entrevoir son élégant plumage avant de s’éclipser.
De nouveaux cris et de nouvelles espèces. Cette forêt est vraiment très riche ! Un Drongo de Ludwig, un Indicateur de Wahlberg et d’autres passereaux chassent activement. Le chemin serpente à présent dans un sous-bois plus clair permettant d’observer une Grive tachetée. Cette espèce recherche sa nourriture au sol en remuant sans arrêt les feuilles qui le recouvrent.
Peu farouche mais étonnamment discret, tel un véritable fantôme qui se déplace sans faire bruisser les feuilles ou faire craquer les branches au sol, un Céphalophe bleu, une des plus petites antilopes sud africaine traverse devant nous comme si nous n’étions pas là. Nous pouvons détailler son pelage et son « visage » aux allures porcines. Pas très élégant ! Nous l’observons un long moment, parfois à portée de la main. Il n’est pas non plus vraiment farouche et semble aussi intrigué que nous. Une petite série de portrait, des petits films et il disparait dans l’entrelacs de branchage toujours sans le moindre bruit.
Nous terminons la boucle et revenons à l’entrée de la réserve. Le petit bureau est à présent ouvert et les gens de l’accueil sont surpris de voir deux personnes sortir de la forêt. Nous apprenons que l’entrée est à présent payante (ce que n’indiquait pas notre guide), nous payons les 40 rd/pers et en profitons pour squatter l’ordinateur pour sauvegarder une partie de nos photos.
Il est déjà 12h30, le temps est vite passé à prospecter la forêt. Nous récupérons notre voiture à l’Eshowe guesthouse, faisons une halte au magasin PIck and pay voisin pour le ravitaillement puis prenons la route en direction de Mtunzini. Dès que l’on trouve un endroit tranquille près de la route, on s’arrête pour le pique-nique. Nous croiserons un autochtone, mâchouillant sa canne à sucre qui longe la route pour rejoindre le prochain hameau dissimulé dans les collines derrière nous.
Espèces observées : Barbican oreillard – White-eared Barbet 4, Bulbul importun – Sombre Greenbul 3, Bulbul tricolore – Dark-capped Bulbul 1, Calao trompette – Trumpeter Hornbill 9, Choucador à ventre noir – Black-bellied Starlin 3, Cigogne épiscopale – Woolly-necked Stork 1, Cubla boule-de-neige – Black-backed Puffback 1, Drongo de Ludwig – Square-tailed Drongo 2, Échenilleur gris – Grey Cuckooshrike 2, Épervier menu – Rufous-breasted Sparrowhaw 1, Grive tachetée – Spotted Ground Thrush 1, Hirondelle hérissée – Black Saw-wing 3, Ibis du Cap – Southern Bald Ibis 1, Indicateur de Wahlberg – Brown-backed Honeybird 3, Loriot d’Europe – Eurasian Golden Oriole 3, Martinet des palmes – African Palm Swift 3, Martin-pêcheur géant – Giant Kingfishe 1, Merle olivâtre – Olive Thrush 1, Pigeon à masque blanc – Lemon Dove 1, Pigeon de Delegorgue – Eastern Bronze-naped Pigeon 1, Pririt du Cap – Cape Batis 2, Rufipenne morio – Red-winged Starlin 9, Souimanga à collier – Collared Sunbird 3, Tchitrec d’Afrique – African Paradise Flycatcher 1, Tisserin bicolore – Dark-backed Weaver 1, Touraco à huppe splendide – Purple-crested Turaco 5, Zostérops du Cap – Cape White-eye 2
Mammifères : Céphalophe bleu 1
