Après avoir passé une semaine en Hongrie et avoir vécu de nombreuses péripéties dans les aéroports, un incendie s’étant déclaré dans celui de Rome … nous voilà à nouveau sur le route, cette fois-ci direction l’Espagne !
Arrivés en fin de matinée en Espagne en ce vendredi 08 mai, nous empruntons une petite route qui longe le massif des Albères. Malgré les heures chaudes, les oiseaux sont encore actifs. Un superbe mâle de Loriot chante depuis un arbre sec et se laisse observer, chose assez rare pour cette espèce au comportement si discret. La Pie-grièche à tête rousse, elle, fidèle à ses habitudes, reste perchée en évidence en haut d’un buisson. Une tache alaire blanche est nettement visible, il ne s’agit donc pas d’une badius. Les lézards ocellés sont aussi de sortie et semblent attirés par la route. Un gît écrasé tandis qu’un deuxième échappe de justesse à la mort en passant sous une voiture. Les Hypolais polyglottes sont bien arrivés et de nombreux chanteurs se font entendre le long de la route. Nous prenons le temps de nous arrêter le long d’un cours d’eau, ce qui nous permet de profiter du vol coloré d’une petite troupe de guêpiers tandis que sur les rochers près de la rivière, les Emydes lépreuses sont de sortie.
La colonie de crécerellette à proximité ne donne rien. Pas d’oiseaux visibles durant les 5 minutes que nous passons sur place. Au bout de la route, nous retombons sur le secteur de Vilaut où nous observons une petite trentaine d’espèces dont un Rollier. Le temps de pique-niquer à l’ombre de quelques arbres puis nous filons vers le village de Castello d’Empuriès où des Faucons kobez stationnent depuis quelques jours avec un maximum de 9 individus. Une petite demi-heure de recherche, agrémentée d’observation d’un Faucon pèlerin, d’une Cigogne noire nous font patienter avant de trouver deux mâles de kobez poursuivant un Faucon crécerelle. Quelques instants plus tard, les Faucons se retrouvent au dessus d’une prairie fraichement coupée et s’y installent pour de longues minutes en quête d’insectes. Le nombre de Faucons augmente et en détaillant les plumages, on constate que des Faucons crécerellettes se sont glissés dans le groupe. Derniers de cette liste, une femelle de kobez ainsi qu’un Rollier d’Europe feront un passage rapide.
Nous poursuivons nos prospections sur les marais près de la ville d’Empuriabrava où l’ambiance s’est sacrément assagie depuis notre dernier passage en avril dernier. Plus de Combattants variés, plus de Chevaliers aboyeurs, plus d’ibis, seuls 3 Chevaliers sylvains se baladent au milieu de la végétation palustre. Bref, nous ne restons pas longtemps en place et nous nous dirigeons vers les étangs d’Europa à la recherche des marouettes. Nous sommes accueillis par un petit groupe de Conures veuves, oiseaux exotiques acclimatés, qui se perchent sur les fils électriques.
Nous ne parvenons pas à retrouver la Marouette poussin qui a été observée la veille mais à la place, un superbe couple de Blongios nain nous fait un festival. Perché en évidence dans les roseaux, un mâle arbore un inhabituel bec rouge trahissant l’acmé des parades nuptiales. Il effectue plusieurs vols au dessus de la roselière mais revient à chaque fois se poser auprès de sa belle. La reproduction semble bien partie pour ce couple.
Alors que le ciel s’assombrit et juste avant qu’une petite pluie ne se mette à tomber, un groupe lâche de 16 Bondrées apivores accompagnées de 4 Milans noirs remonte vers le nord. Ces derniers sont vraiment des retardataires car en Provence, les couples sont déjà sur les nids depuis fin mars et en ce début mai, les jeunes ont déjà éclos. D’autres cris attirent notre attention, cette fois-ci ce sont des perruches à collier qui passent en vol le long de la Muga.
En arrivant sur les marais d’El Mata, la pluie synchro s’arrête. Petit tour d’horizon, cela semble calme. Deux Vanneaux huppés, un Chevalier arlequin, Trois Bihoreaux gris et un ibis falcinelle. Dans le ciel, un groupe d’un 20aine de Guifettes moustacs prend de l’altitude. Elles ont passé la journée à se nourrir sur les marais et à l’approche de la nuit, entame la suite de leur migration.
Une petite balade nocturne pour clore cette première journée espagnole se révèle fructueuse. Côté oiseaux, deux Engoulevents d’Europe et un Hibou grand-duc et chez les mammifères, du lapin de garenne et une Genette se faufilant entre les herbes dans une haie. Au final une journée comme on les aime !
Samedi 09 mai
Notre première véritable matinée espagnole, nous la passons sur Vilaüt avec comme très souvent de belles ambiances et des espèces intéressantes. Si l’euphorie de la migration du mois précédent s’est ici aussi tarie, il n’en reste pas moins que le site est attractif. Les Fauvettes passerinettes et les Pouillots fitis qui avaient faits notre bonheur ne sont à présent plus là. A la place, des Gobemouches noirs et du gris animent les buissons. Du passage dans les airs avec des Guêpiers, des Bondrées, des Milans noirs et Faucons crécerellettes. Dans les pâtures parsemées de chênes lièges, un chant que l’on reconnait bien maintenant s’élève. C’est une Fauvette orphée. Elle se dissimule dans la frondaison et nous ne parvenons à la voir que lorsqu’elle s’envole pour se réfugier dans un arbre à plus de 200m. Attitude typique de l’orphée qui lorsqu’elle se sent observée s’éloigne de plusieurs centaines de mètres contrairement aux autres fauvettes qui ne s’éloignent que de quelques dizaines de mètres tout au plus ! Le long du parcours, nous contactons une belle densité de Pies-grièches à tête rousse avec pas moins de 5 individus. Ces milieux de transition entre pâtures, prairies de fauche et cultures de céréales semblent particulièrement propices pour cette espèce.
Étape suivante, le monastère de San Père de Rhodès que nous avons découvert lors de notre précédent voyage. Lors de l’ascension par la route à partir du village de Vilajuiga, nous sommes surpris du nombre de contact avec la Fauvette orphée qui semble omniprésente. Pas moins de 8 chanteurs en quelques kilomètres.
Dans un petit bosquet de Pins sylvestres, les cris d’un Torcol fourmilier nous intriguent. Nous patientons quelques minutes avant de trouver d’où ils proviennent. Perché à l’entrée d’une cavité d’où seule sa tête dépasse un mâle lance régulièrement sa série de Kin kin kin. Il est alors rejoint par un deuxième individu… une femelle… probablement.
Autour du Monastère, de l’Hirondelle rousseline, des Martinets pâles et à ventre blanc s’activent en volant en tout sens. Plus rare est cette observation d’un couple d’Aigles de Bonelli dont l’un des individus transporte une grosse proie dans ses serres. Au monastère même, découverte d’un nid de Fauvette orphée à moins de 5m de la piste qu’emprunte le flot de touristes qui viennent visiter le site. L’oiseau n’est pas farouche et chante à découvert … Pourquoi a-t-on autant de mal à prouver de la reproduction en Provence alors qu’ici sans chercher l’on découvre assez facilement les nids des fauvettes ou des hirondelles rousselines ?
Retour en fin d’après midi sur l’étang d’Europa, histoire de rajouter quelques coches pour le séjour. Héron crabier, Nettes rousses, Oedicnèmes criards et autres Perruches à collier.
Dimanche 10 août
Dernier jour du we que nous consacrons au Parc du Cap de Créus. Nous y avons à présent nos petites habitudes et c’est toujours un plaisir que de s’y balader.
S’il y a un mois nous avions été quelque peu déçus, faute à peu d’oiseaux et surtout à une très faible activité des chanteurs de Fauvettes en particulier, nous sommes à présent en pleine période nuptiale des oiseaux locaux auxquels viennent se rajouter de multiples migrateurs. Que demander de plus ! Pas le temps de se lancer dans la balade que déjà l’on repère un grand rapace faisant du surplace au sommet de la colline juste à notre gauche. Ce n’est pas un circaète, qui patrouille à l’occasion aussi dans ces lieux, mais un magnifique Aigle royal. Sa tête proéminente est puissante et sa nuque dorée, illuminée par les rayons du soleil de ce petit matin. Ses battements d’ailes sont lents, trahissant une imposante envergure, le maintienne à quelques mètres au dessus du sol. Il scrute le paysage un long moment à la recherche d’une proie puis se laisse glisser et disparait dans le vallon voisin ! La matinée commence fort !
Dès le début de la balade, les Fauvettes à lunettes se montrent particulièrement démonstratives, avec de nombreux chants qui émanent du maquis et des vols de parades. Un affut de quelques minutes permet de ramener une photo correcte de cette gracile fauvette.
Des Fauvettes mélanocéphales, des Bruants proyers et des Fauvettes pitchous complètent le fond sonore. Nous pénétrons à présent dans un talweg humide où s’est développée une végétation arborescente aux feuilles fraichement écloses. De nouvelles espèces font leur apparition comme ces Gobemouches noirs et ce Gobemouche gris, ces Pouillots fitis et siffleur ainsi qu’un chant qui nous interpelle. Un air de Fauvette à tête noire mais avec des notes et des roulés que l’on ne connait pas chez cette dernière. On pense à une Fauvette des jardins, ce que l’on parviendra à confirmer lorsqu’elle apparaitra dans la partie haute de l’arbre. Le chemin se poursuit pour atteindre une zone de pelouse où se sont réfugiées une flopée de Linottes mélodieuses ainsi qu’un couple de Traquet motteux en halte migratoire. La ruine voisine sert de perchoir à un mâle de Monticole bleu mais celui-ci reste silencieux. La température a grimpé depuis ce matin et le chaud soleil est maintenant propice aux lézards. Une recherche le long des murets donne rapidement un résultat. Un gros mâle d’ocellé recharge ses batteries. Au passage d’un jogger, il se réfugie sous une grosse lauze avant de ressortir sitôt le danger écarté.
Nous terminons la balade en rejoignant les habitats rocheux qui accueillent habituellement les Traquets oreillards. Notre ascension est accompagnée par les chants des Fauvettes orphées et des Bruants ortolans tandis que deux femelles de Faucons kobez tracent plein nord. Parvenus au sommet, une femelle d’oreillards nous attend et ce n’est que 15 minutes plus tard que nous parvenons à trouver le mâle. Le couple est assez actif et défend âprement son territoire et ses perchoirs en chassant le moindre Gobemouche qui oserait s’y poser.
Le retour vers la voiture est plus calme. Nous prenons le temps d’observer un couple de Cochevis de Thékla qui sera notre 122ème espèce du voyage.
Nous quittons les terres espagnoles et allons nous embourber dans les embouteillages sur les autoroutes françaises. Visiblement, nous n’étions pas les seuls français à effectuer une virée en Espagne en ce long we !
