Samedi 1er août Plus de 100 km d’une piste assez roulante nous attendent. Les paysages qui défilent sont de plus en plus arides et désolés. Quelques rares oiseaux s’y hasardent. Après deux heures de route, nous arrivons au nord de Swakopmund. Nous bifurquons vers la droite et suivons la route du sel (pas celle de l’Almanare à Hyères ;o). De nombreux accès permettent de se rapprocher de l’océan. Nous prenons l’un deux et après deux cents mètres, nous surplombons l’océan. Nous prenons le temps de pique-niquer non sans se couvrir avec une petite couche. L’air marin est frais et une forme de nébulosité limite l’échauffement par le soleil. Malgré plus d’une heure à scruter l’océan, celui-ci est vide. Pas d’oiseaux et pas le moindre souffle de cétacé. Sur la plage en contrebas, de rares gravelots courent sur la grève en suivant le mouvement des rouleaux venant s’échouer. A la recherche du moindre petit animalcule, ils sont contraints de slalomer entre les longs cordons d’écume verte qui envahissent la plage. Encore une fois, cela ne donne pas envie de mettre un pied dans l’eau ! La route nous mène à présent vers Cape Cross. Pendant quelques années, cette avancée rocheuse a été le point le plus austral connu des occidentaux.
A la fin de l’été 1485, Diogo Cao quitte le Portugal pour sa deuxième expédition vers les terres africaines. Durant plus d’un an, lui et son équipage ont navigué toujours plus au sud, longeant les côtes de l’Angola et découvrant les côtes inhospitalières de la Namibie. L’expédition se termine à l’actuelle Walvis bay, mais c’est un peu plus au nord, à l’endroit dénommé Cabo de padrao que l’équipage pose le pied. Pour marquer l’emplacement, un padrao, une croix en pierre emmenée depuis le Portugal, est érigée. Il faudra attendre 1488 pour que Bartolomeo Dias dépasse le Cabo de Padrao (Cap Cross) et poursuive l’expédition plus au sud. Il prouvera l’existence d’un passage entre les deux océans, l’Atlantique et l’Indien.
A l’approche du cap, la nébulosité ambiante se transforme en un front de brouillard. Les entrées maritimes se font plus denses, le vent se lève et la température du fond de l’air chute. Il faut ressortir les grosses vestes ! Un panneau signale le site de Cape Cross que l’on atteint au bout d’une piste longue de quelques kilomètres. Nous payons l’entrée (170 dollars pour deux) et accédons à la colonie d’otaries installée ici. Sur les côtes namibiennes il existe 25 colonies de ces pinnipèdes et celle de Cap Cross est l’une des plus importantes. Plusieurs milliers d’otaries se prélassent sur le sable froid et humide. Ce sont justement ces conditions météos hostiles, liées à la présence du courant de Benguela, qui expliquent que l’on trouve des Otaries sur le contient africain. Elles aiment le froid ! Pour nourrir ces redoutables prédateurs, Les eaux poissonneuses namibiennes offrent un garde-manger où les otaries, puisent à volonté. Si jusque dans les années 1960, la proie principale était le Pilchard de Californie, la surpêche d’origine humaine a entrainé une chute drastique des stocks. Aujourd’hui, parmi les 50 espèces de poissons proies inventoriées, les principales sont le Gobie pélagique et le Poisson-lanterne.
Un ponton permet de s’approcher au plus près et de surplomber les amoncellements d’Otaries. Le brouillard nappe le site et l’on distingue à peine les vagues de l’océan qui se fracassent sur les rochers, pourtant distants de moins de 100 m. Par contre, le bruit et les odeurs, ça nous les percevons bien ! L’odeur est prenante dans un premier temps, une sorte de fragrance d’urine qui s’accroche fort bien aux vêtements. Puis comme tout, on finit par s’y faire. La colonie est animée, des aboiements, des querelles entre femelles, entre jeunes, il n’y a pas un instants de tranquillité. Le brouillard et le vent finissent par nous faire abandonner le site.
Sur la plage voisine, nous détaillons un reposoir de Sternes huppés à la recherche de la fameuse Sterne des baleiniers qui atteint ici sa limite nord de répartition. Pas de chance, il n’y en a pas. Plus loin, un groupe de « petites sternes » mais ce ne sont que des Sternes pierregarins.
Nous poursuivons notre route vers le parc du Namib et la côte des squelettes. Alors que la nuit tombe, nous croisons un Chacal à chabraque se dirigeant vers la plage et la colonie d’otaries. Il doit bien y avoir une charogne à curer !
Nous roulons jusque vers 19h15 en cherchant à la lampe les mammifères. Nous espérons rencontrer la fantomatique Hyène brune qui hante ces paysages désolés. Le résultat de la prospection est bien maigre, un Chacal ainsi qu’un Lièvre. 19h54, le repas est fini, il est temps de dormir…