Mardi 18 avril 2023
Je savais bien que le rythme du voyage avec un bébé ne serait pas le même que mes virées précédentes. J’avais malgré tout gardé un objectif naturaliste. Pas de liste à rallonge en vue donc, ce n’est pas la peine de se fixer des buts non réalisables. Je me contenterais bien d’observer les quelques oiseaux endémiques présents à Ténérife. Ils ne sont pas très nombreux, et, à l’exception des pigeons, visiblement faciles à observer. Nous commençons donc notre première matinée en prenant la direction du Teide pour chercher les oiseaux endémiques dans les forêts de pins.
Le Pin des Canaries
Sur les versants du Teide, avant d’arriver sur le plateau, on traverse de vastes forêts composées d’une essence endémique : le pin des Canaries (Pinus canariensis) On le rencontre entre 1000 et 2000 mètres d’altitude. Ce la correspond à la zone où les nuages se condensent. L’eau se dépose sur les longues aiguilles et ruisselle jusqu’au sol. Ces forêts ont donc une importance primordiale pour l’alimentation en eau de l’île.
Ces arbres mesurent généralement une trentaine de mètres mais certains spécimens sont impressionnants comme Pino Gordo près de Vilafo. Cet arbre mesure en effet près de 45m avec une circonférence de 9,3m. Son âge est estimé entre 700 et 800 ans. Il serait l’un des arbres les plus anciens de Ténérife.
Halte à Pino Gordo
Nous faisons donc notre première halte au point de vue de ce fameux pino Gordo. Il n’est pas très tard et les cars de touristes ne sont pas encore arrivés. Seul un vendeur de souvenirs patiente à l’ombre, bracelets et autres babioles bien étalés sur une planche. Manua s’amuse à courir autour ce cet énorme arbre et joue à cache-cache. Il est vraiment impressionnant et abrite de nombreux oiseaux.
Le serin des Canaries
Nous cochons le serin des Canaries, espèce emblématique de l’île. Endémique de Macaronésie, cette espèce est présente sur la plupart des îles Canaries à l’exception de Lanzarote et Fuerteventura. On peut l’observer à Madère et aux Açores. Il est à l’origine de toutes les variétés de canaris domestiques, réputés pour leur chant. Assez fréquent sur Ténérife, on le rencontre dans des types de milieux très variés comme les jardins, les forêts ou les zones agricoles.
Un couple de pic épeiche est très actif et ne cesse de faire des allers-retours entre les différentes branches. Quelques mésanges nord-africaines (Cyanistes teneriffae) s’alimente dans les buissons aux alentours. Quelques petites spécialités locales pour commencer ce séjour !
Zone récréative de Las Lajas
Nous reprenons la route et poursuivons l’ascension jusqu’à l’aire récréative de Las Lajas. Ces pauses permettent aussi à Manua de s’habituer progressivement à l’altitude et de profiter des jeux tandis que j’observe les oiseaux. Cette aire de pique-nique, au milieu des pins, est en effet géniale pour prendre le repas ! Tables et barbecues sont à la disposition de tous.
Ici aussi les serins des Canaries sont nombreux ainsi que les mésanges.
La mésange nord-africaine
La mésange nord-africaine, autrefois considérée comme sous-espèce de la mésange bleue, en est aujourd’hui distinguée. Elle comprend 7 sous-espèces. Celle présente à Ténérife Cyanistes teneriffae teneriffae est également présente à La Gomera. Le groupe des îles Canaries présente des individus à la calotte sombre tandis que les sous-espèces africaines ont un dos bleu.
Nous faisons un tour dans les zones plus végétalisées au milieu des fleurs mauves ressemblant à des giroflées. La zone est vraiment très jolie.
Pouillot des Canaries
Un chant de pouillot s’élève dans les buissons. Voilà un autre endémique à rajouter à la liste ! Avec un peu de patience il finit par se montrer !
Les oiseaux sont nombreux à fréquenter la zone où ils trouvent eau et nourriture assez facilement. Manua, au pied d’un pin, s’amuse à imiter le cri d’un grand corbeau perché au sommet. Celui-ci ne constitue pas une espèce à part entière mais est une sous-espèce de notre grand corbeau : Corvus corax tingitanus. Bien plus petit que la sous-espèce nominale, son bec est également plus court.
Le pic épeiche est aussi une sous-espèce : le pic épeiche de Canaries Dendrocopos major canariensis. Assez fréquent dans les pinèdes, on l’observe assez facilement et il se montre régulièrement à découvert.
Le pinson bleu
Mais voici la star incontestée. L’aire récréative de Las Lajas est probablement le meilleur spot pour observer le pinson bleu de Ténérife Fringilla teydea. Je précise de Ténérife, car une autre espèce est présente sur Gran Canaria : le pinson bleu de Grand Canaria Fringilla polatzeki. Il fréquente exclusivement les forêts de pins entre 700 et 2000 m d’altitude. Assez peu farouche, il est facile à observer et balade au milieu des tables en bordure du parking. Les deux sexes sont nettement différents : le mâle porte un joli plumage bleu ardoisé tandis que celui des femelles est brun-terreux. Je ne m’attendais pas à ce que l’observation de cet oiseau assez mythique soit aussi aisée !
Mercredi 19 avril
Nous tentons une autre zone récréative de l’autre côté du Teide : Area Recreativa Pinar Chio. On y observe les mêmes espèces au milieu d’un paysage lunaire.