C’est parti pour une sortie d’observation des baleines et dauphins au large de Sanary
Observation des dauphins et escale à Porquerolles
27 mai 2023
Le week-end dernier, j’ai à nouveau eu la chance d’embarquer à bord de La Croix du Sud V en tant qu’observatrice avec l’équipe de Découverte du Vivant pour partir à la découverte du grand large. Découverte du Vivant propose en effet différents types de sorties une sortie d’observation des baleines et dauphins au large de Sanary : à la journée, avec escale à Porquerolles et au coucher du soleil. Tout dépend donc du type de sortie que vous préférez !
Samedi j’embarque donc pour une sortie avec escale à Porquerolles. Nous prenons ainsi la direction de l’Est avec de bonnes conditions d’observation. Au loin un groupe de 24 flamants passe au-dessus des monts toulonnais.
Nous ne tardons pas à tomber sur des groupes de dauphins bleu et blanc. Nous en croiserons environ 120 sur la journée en plusieurs petits groupes, la plupart avec des jeunes.
Mais nous avons beau chercher, pas de souffle … Nous nous contenterons des dauphins qui viennent jouer à l’étrave de La Croix du Sud. Nous finissons par arriver à Porquerolles où nous faisons une escale bien agréable avec même un petit plouf. Les beaux jours arrivent et l’eau commence à se réchauffer. Nous reprenons la route et cette fois-ci longeons la côte jusqu’à Sanary.
Dans la lumière du soir
Nous revenons à quai en fin d’après-midi. Le temps de faire débarquer les passagers et remonter les nouveaux, nous voilà repartis pour la sortie coucher de soleil. Le vent est à présent complètement tomber et la mer s’étale tel un miroir sous le navire. Nous avons toujours l’espoir d’observer des baleines ou un cachalot mais une fois encore nous ne les trouverons pas. Les dauphins sont en revanche toujours aussi nombreux, une bonne centaine au total.
Alors que le soleil décline, la mer s’embrase. C’est le moment de faire de jolies image. Un océanite tempête patiente. Bientôt le vent se lèvera et il pourra reprendre le voyage. Nous en croisons 8 ainsi que 2 macareux moines.
Les innombrables vélelles attirent les poissons lune qui viennent les gober en surface. Nous les repérons grâce à leurs ailerons qui s’agitent en surface. Pas toujours facile d’être une méduse ! Elles sont cependant de plus en plus nombreuses. On assiste en effet à un processus de gélification des océans. Avec la surpêche, les stocks de poissons diminuent supprimant ainsi une partie importante de la prédation des méduses qui se multiplient.
Quelques dauphins rejoignent le navire. Ils sont en pleine partie de pêche et particulièrement actifs. Pas facile de prévoir leurs mouvements pour déclencher l’appareil ! Ils sautent en tous sens, changeant au dernier moment de direction. Un vrai spectacle ! Quel plaisir de les voir bondir en mer. Je me réjouis à l’idée que les delphinariums en France soient sur le déclin. C’est ici, au large, que je souhaite montrer les dauphins à mon fils.
Je regarde ce dauphin sauter à l’arrière du bateau et je souris. Je préfère regarder la beauté de la nature en me disant que le combat de la préservation continue et qu’il reste des êtres et des sites magiques à conserver, que les actions ont permis d’améliorer le statut de certaines espèces. Tout n’est pas encore perdu et emmener les gens sur le terrain pour qu’ils vivent ces rencontres avec la nature est essentiel à la prise de conscience globale.
Sortie à la journée
Dimanche matin. C’est reparti pour un tour ! Aujourd’hui, c’est une sortie classique à la journée. Nous avions bien exploré la partie orientale hier sans trouver les baleines. Nous longeons l’île du grand Rouveau où se rassemblent souvent des cormorans huppés de Méditerranée. Sous-espèce endémique, il niche sur les îles de Marseille. Aujourd’hui nous en dénombrons une vingtaine ce qui constitue un bel effectif. Il s’agit essentiellement d’immatures, reconnaissables à leur ventre blanc.
Aujourd’hui, nous mettons le cap vers l’ouest en espérant croiser la route des grands cétacés. Nous ne tardons d’ailleurs pas à tomber sur des dauphins. Nous croisons plusieurs groupes dont l’un assez important comptant une cinquantaine d’individus.
Quelques jeunes accompagnent leur mère et viennent effectuer quelques bonds à proximité du bateau.
Les dauphins peuvent se montrer particulièrement curieux et viennent d’eux-mêmes au bateau. Ils viennent jouer à l’étrave ou sauter dans les vagues arrière. L’approche de ces animaux et donc toujours respectueuse. L’équipe laisse en effet les animaux interagir avec le bateau comme bon leur semble. Ils nous accompagnent un moment avant de reprendre leur route et leurs activités. Nous les laissons alors et n’insistons pas et continuons également notre route.
Les chasseurs de vélelles
Les vélelles (Velella velella) sont particulièrement nombreuses aujourd’hui. Ce petit hydrozoaire peut mesurer jusqu’à 10 cm de long. Il possède un petit flotteur ovale surmonté d’une petite voile triangulaire. Celle-ci peut être orientée soit vers la droite, soit vers la gauche ce qui explique l’existence de deux types de vélelles qui sont poussées par les vents dans des directions différentes. Le flotteur, entouré d’un disque bleu, abrite différentes formes d’êtres qui vivent en symbiose : au centre se trouve la bouche d’un grand polype nourricier, une multitude de polypes pêcheurs capturent la nourriture et les polypes reproducteurs bourgeonnent de nombreuses petites méduses. Ces dernières assurent la reproduction sexuée de l’espèce. On les voit parfois s’échouer sur nos plages en formant de grands radeaux.
Ces vélelles constituent une proie de choix pour les poissons lunes qui viennent en surface les gober. Ces poissons à l’allure étrange peut peser jusqu’à 2700 kg mais sa masse moyenne est de une tone. Il est le plus lourd des poissons osseux. Un spécimen de 3,60m de diamètre a été pêché à Horta aux Açores en 2021. Autre record : sa ponte peut compter 3 millions d’œufs, plus que tous les autres vertébrés. On peut les voir nager en surface avec le mouvement caractéristique des leur nageoire qui oscille de gauche à droite.
Enfin les baleines !
Après deux jours passés en mer sans l’ombre d’un souffle, on commençait à perdre espoir. Nous décidons de changer de zone et de tracer vers le sud-ouest en espérant trouver des zones plus favorables. La mer est particulièrement belle. On aperçoit un peu partout les nageoires des poissons lunes. Dur de rater une baleines dans ces conditions. Nous scrutons la mer et cherchons aussi loin que le regard puisse porter. Le souffle d’un rorqual commun peut monter jusqu’à 6m et être aperçu à plusieurs kilomètres.
Enfin, j’aperçois très loin sur l’horizon le souffle libérateur. Nous prenons sa direction. Était-ce une hallucination ? Son dos apparaît à nouveau, ouf ! Nous finissons par rejoindre l’animal qui semble être en phase d’alimentation. Il change de direction une fois sous l’eau et vient en direction du navire. Ses apnées sont assez courtes, environ 6 mn, ce qui nous permet de faire plusieurs observations de qualité.
Contrairement au cachalot, le rorqual commun possède un double évent ce qui donne naissance à un souffle divisé en deux, bien visible sur cette photo. On peut également voir la face blanche de sa mandibule droite. Le rorqual commun est en effet asymétrique : la partie droite de sa mandibule est blanche et la gauche sombre. Cela serait un moyen d’effrayer ses proies.
Pendant les sondes, nous continuons à parcourir la mer des yeux et apercevons un autre animal. C’est donc ici que les baleines étaient concentrées aujourd’hui. Nous la rejoignons et faisons également quelques images, notamment de sa dorsale, qui permettront peut-être d’identifier cet individu.
Nous l’accompagnons un petit moment avant de reprendre notre route en direction de Sanary. Une fois encore la mer nous aura bien gâtés.
Liens pratiques
Comment participer à une sortie d’observation des baleines et dauphins au large de Sanary ? Réservez votre sortie sur le site de Découverte du vivant