C’est parti pour une nouvelle saison d’observation des baleines au départ de Sanary avec l’équipe de Découverte du vivant à bord de La Croix du Sud. Depuis plusieurs années, j’ai la chance d’embarquer en tant qu’observatrice, avec toujours le même enthousiasme et la même émotion. Bien que les conditions météos ne semblaient pas propices ce weekend, la sortie est maintenue. Nous faisons confiance à l’équipe et montons à bord vers vers 14h sous les premières goutes.
Suave mari magno
Tandis que nous nous éloignons de la côte, le temps s’améliore. Nous laissons derrière nous l’orage et admirons de magnifiques éclairs sur les calanques. Je ne peux m’empêcher de penser aux célèbres vers de Lucrèce
Suave mari magno, turbantibus aequora ventis,
E terra magnum alterius spectare laborem,
Non quia vexari quemquam est jucunda voluptas.
Sed quibus ipse malis careas quia cernere suave est.
Quand l’Océan s’irrite, agité par l’orage,
Il est doux, sans péril, d’observer du rivage
Les efforts douloureux des tremblants matelots
Luttant contre la mort sur le gouffre des flots ;
Et quoique à la pitié leur destin nous invite,
On jouit en secret des malheurs qu’on évite.
Mais aujourd’hui c’est de la mer que nous jouissons du spectacle de la tempête ! Il valait mieux être en mer ! Quelques puffins yelkouans glissent le long des vagues tandis que des poissons lunes se signalent par de petits sauts hors de l’eau.
Les baleines sont de retour
Les cétacés quant à eux se font plutôt discrets, quand un rorqual commun surgit juste devant le bateau. Nous ne l’avions pas repéré celui-ci ! Il s’agit pourtant du plus gros animal au monde après la baleine bleu. Il sait cependant se faire bien discret. Mais il se joue de nous et nous avons du mal à cerner son comportement. Son souffle est assez discret et il sonde rapidement.
Nous scrutons les flots en espérant qu’il réapparaisse. Nous pensons le repérer beaucoup plus loin vers le nord. Aurait-il pu parcourir une si grande distance ? Mais notre rorqual réapparaît à proximité. Il y avait donc deux individus ! On l’observe à nouveau en surface avant qu’il n’arque son dos une nouvelle fois : c’est parti pour une nouvelle sonde !
Partie de chasse pour les dauphins bleus et blancs
Nous prenons la direction de l’Est tandis que la journée avance. Alors que les dauphins se montraient plutôt fuyants, nous finissons par croiser un groupe qui profite du début de soirée pour une partie de pêche. Ils sautent en tous sens et font de belles accélérations pour attraper les poissons. Ils s’éloignent, semblent se calmer et recommencent de plus belle. Mais d’autres dauphins, un peu plus sombres et un peu plus gros sont annoncés plus au sud. Nous laissons là nos pêcheurs et reprenons la route.
Un groupe de globicéphales noirs
Nous finissons par arriver sur la zone où le groupe de globicéphales noirs est toujours présent. Quelle chance d’observer cet imposant dauphin en ce début de saison. En effet, on le croise plutôt à partir du mois de juillet. Le troupeau composé d’une trentaine d’individus comprend des femelles, leur jeune et quelques gros mâles qui se tiennent à distance.
Conformément à leur habitude, ils viennent se coller à la coque du bateau. C’est impressionnant de voir ces grands dauphins pouvant mesurer près de 6m et peser jusqu’à 3800 kg si proches de nous. Nullement dérangés par notre présence, ils la recherchent. Une femelle allaite même son jeune le long de la coque. Je vous invite à aller voir le reel sur mon insta.
Parmi les jeunes présent, nous détectons la présence d’un nouveau-né, identifiable à la présence de plis fœtaux, sa couleur gris clair et sa petite taille.
Il suit sa mère de près, ce qui permet de bien voir la différence de taille et de forme de leur aileron.
Le temps passe vite quand on est en si bonne compagnie. Mais le soleil déclinant sur l’horizon sonne l’heure du départ. Nous laissons les globis dans le contre-jour.
Les retardataires
Alors que la saison de migration touche à sa fin, quelques retardataires arrivent enfin près de la côte. Un pouillot fitis vient se percher sur le bateau et une tourterelle des bois file au-dessus de nos têtes.
Sur terre, l’orage s’est enfin calmé et le ciel se teinte de couleurs somptueuses portant encore les traces du tumulte passé. Suave mari magno …