Voilà déjà plus d’un mois que non pas un mais deux pouillots de Hume stationnent dans les bosquets bordant un parcours de santé dans les quartiers Est de Marseille. Alors que je n’ai pas la coche de cet oiseau, il pourrait sembler étonnant que je ne fasse pas le déplacement. Mais j’avoue que je n’avais pas pris le temps. Le 31 décembre arrive, dernier jour de l’année. Alors c’est peut-être l’occasion de terminer l’année en rajoutant une espèce !

Le pouillot de Hume, petite présentation.

Ce petit passereau est un oiseau asiatique. Il niche dans les zones alpines des massifs qui bordent le plateau tibétain. Il migre au sud de l’Himalaya pour passer l’hiver dans des collines de plus faible altitude.

Mais comment fait-il pour se retrouver à Marseille ? Chaque année, déportés par les vents ou par des d’autres facteurs, quelques pouillots de Hume arrivent en France. Mais cette année semble particulière. Plusieurs individus sont en effet observés, plus que d’accoutumée. En effet, deux autres individus sont trouvés à Bedoin dans le Vaucluse le lendemain (donnée faune-paca).

Quelques liens utiles
Une observation assez difficile !

Me voilà donc prenant la direction de Marseille et me garant au lieu-dit “traverse des caillols”. Ce site aura ainsi connu son moment de gloire auprès des ornithos de la région. Cela fait en effet plus d’un mois que les observateurs se passent le relais. Les habitués du coin, tout d’abord intrigués par cette arrivée massive de photographes ce sont petit à petit habitués à leur présence. Ils s’enquièrent même de l’état de l’oiseau. “Il est toujours là aujourd’hui ? Il paraît que c’est un oiseau asiatique?”.

J’arrive sur place vers 9h et retrouve d’autres amis qui sont déjà en train d’observer l’oiseau. Il ne me reste plus qu’à le mettre dans les jumelles pour valider la coche. Mais si l’oiseau se signale facilement par son chant bisyllabique caractéristique, “chew-wee” bien l’observer semble être une toute autre affaire ! Il se dissimule dans le feuillage des pins, en hauteur. Il est pour ainsi dire invisible. Le chant semble à présent venir d’un peu plus loin. S’est-il déplacé sans que je m’en aperçoive ? Non, le premier chante toujours au-dessus de ma tête. Ils sont bien deux.

Je finis par réussir à l’observer. Le plumage tire sur le vert et la fine barre alaire est visible. Je tente de faire quelques images mais malheureusement je n’en tire rien de concluant. Voici donc les deux photos souvenirs que je ramène de ce twitch. Pas grand chose à en tirer car les caractères spécifiques ne sont pas visibles.

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Pouillot de Hume

Heureusement pour patienter, on prend le temps de regarder les autres habitants des lieux. De temps en temps, on se fait une frayeur en pensant apercevoir le fameux pouillot. Mais non, ce n’est qu’un roitelet à triple bandeaux ! Les écureuils roux sont également nombreux. L’un deux, intrigué par tous ces paparazzis se perche au-dessus de nos tête, observant la scène, étonné.

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Ecureuil roux
Comment distinguer le pouillot de Hume des autres espèces ?
Le pouillot véloce

En hiver, le pouillot le plus commun dans notre région est le pouillot véloce. Vous n’y avez surement pas prêté attention mais vous l’avez probablement déjà vu ou entendu. Cet oiseau n’a en effet rien d’extraordinaire. Un plumage gris jaunâtre assez terne. Blanc sale sur le ventre. Ses pattes sont sombres et son bec fin et foncé. Son cri est une espèce de “huit” doux et montant, monosyllabique. Vous ne risquerez pas de le confondre avec le pouillot de Hume.

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Pouillot véloce
Le pouillot à grands sourcils

Pas facile en revanche de distinguer le pouillot de Hume du pouillot à grands sourcils. La façon la plus sûre est même de s’appuyer sur la comparaison des chants et des sonagrammes. Mais, dans les jumelles, comment faire la différence ? Selon ebird, le pouillot de Hume est plus gris et “plus froid”. La partie orangée sur la partie inférieure du bec est moins étendue. La présence de deux barres alaires chez le grands sourcils, PGS pour les intimes, n’est pas non plus un critère suffisant pour les démarquer. Certains pouillots de Hume présentent en effet, et c’est le cas de l’un des individus marseillais, une seconde barre très fine. Vous l’aurez compris, il faut prendre son temps pour les observer. Seul un ensemble de critères peut permettre de les identifier.

Le cri reste le critère le plus sûre, mais là encore, exercez bien votre oreille car les différencier sur le terrain n’est pas si aisé. Dans les deux cas le chant est bisyllabique. Si le cri du Hume est descendant, celui du pouillot à grands sourcils est montant. Bref, je vous invite à aller les écouter pour vous faire l’oreille !

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Pouillot à grands sourcils
Le pouillot de Pallas

Mais nous allons un peu compliquer les choses en rajoutant une troisième espèce : le pouillot de Pallas. Il s’agit également d’un migrateur rare. Mais le hasard cette année a fait qu’un individu a été observé à Marseille en compagnie des deux Hume le 16 décembre (donnée faune-paca). Assez dingue je vous l’accorde ! Mais cette espèce possède une caractéristique qui permet de le distinguer aisément des deux autres : une raie sommitale bien nette.

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pouillot de Pallas

2 Commentaires

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    Benoit
    Posted 10 janvier 2023

    Belle expérience !
    Il s’est passé a peu près la même chose pour moi en décembre mais à… Oslo ! Un premier pouillot de Hume a été découvert – chose rare également, puis deux! Et parfois accompagné de pouillot véloce sibérien ! J’avoue que sans l’aide locale (et l’attroupement d’ornithos) la coche aurait été difficile pour moi.
    Merci pour ce bel article !

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      Sophie
      Posted 11 janvier 2023

      Merci pour ce commentaire ! C’est vrai que les attroupements facilitent les coches ! C’est assez marrant d’avoir des pouillots rares qui se retrouvent au même endroit !

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