Dimanche 16 août

Passage sur les rapides de Popa falls puis nous quittons le site après deux nuits sur place. Ce n’est qu’un au revoir car nous avons prévu de dormir à nouveau ici sur le chemin du retour. Nous faisons un arrêt à Divundu, la « grande ville » voisine distante de seulement une dizaine de km pour se ravitailler à la superette locale. De grands étals mais pas grand-chose dessus. Nous achetons quelques bricoles, des pacs d’eau et faisons le plein d’essence. On est paré pour une autre grande étape de notre voyage, on change de pays, cap sur le Botswana.

Bateleur des savanes sur la route en sortant de Popa falls
Bateleur des savanes, femelle adulte, réserve de Mahango

Nous traversons la réserve de Mahango par la grande piste (pas de frais d’entrée pour rejoindre le Botswana) et sommes accompagnés durant quelques instants par un couple de Bateleur des savanes. Les formalités de sorties du territoire sont rapides et se font sans souci. Il faut dire que ce poste frontière n’est pas le plus fréquenté entre les deux pays ! On s’acquitte d’une taxe pour circuler en voiture et c’est avec le sourire que l’on est accueilli par les douaniers botswanais en pénétrant sur leur territoire. Nous roulons lentement sur la route goudronnée, non pas à cause du grand nombre de voiture, nous sommes seuls mais plutôt pour s’imprégner de l’ambiance, du cadre de vie, essayer de sentir les différences avec la Namibie voisine. Nous sommes agréablement surpris, pas d’amas de parpaings, de carcasses de voitures, de maisons à moitié construites … il y règne une ambiance de bon vivre avec ces villages traditionnels et propres !

Villages du Bostwana
Villages du Bostwana
Villages du Bostwana
Villages du Bostwana

En revanche, comme en Namibie les arbres à proximité des habitations ont disparu. Après une trentaine de kilomètres nous atteignons le village de Shakawe mais ce n’est pas encore la fin de notre incursion en territoire botswanais.

Encore quelques kilomètres au sud et nous trouvons les panneaux indiquant « Drotsky’s cabin ». C’est là que nous allons poser nos bagages. Une piste sinueuse et sableuse nous amène devant un magnifique lodge. Imposant, tout en bois, monté sur des pilotis, tout simplement une invitation  à la détente … mais ce n’est pas pour nous. On se contentera du  camping plus loin là bas dans la forêt, loin de la vue des visiteurs fréquentant le luxueux lodge.

Lodge à Shakawe
Lodge à Shakawe
Nid d'hirondelle
Nid d’hirondelle

L’emplacement du camping est spacieux, sous le couvert forestier juste en bordure du fleuve Okavango. Atout important, il y a un coin barbecue et du bois mis à disposition ! Nous passons à l’accueil pour finaliser l’organisation des deux sorties en bateau que nous avons réservé depuis la France. Initialement prévues le lendemain, nous essayons de voir s’il est possible de faire celle de l’après midi dès aujourd’hui. Après un petit moment, le gars de l’accueil nous indique que le guide est dispo et que d’ici 30 minutes, nous pourrons partir. 15h45, au bout du ponton, un bateau à fond plat nous attend. Nous prenons position à l’avant et c’est avec une certaine excitation que l’on s’élance en compagnie de notre guide.

Les rives de l'Okavango, Shakawe
Les rives de l’Okavango, Shakawe

C’est vraiment un rêve d’enfant que de se retrouver sur les eaux de ce fleuve. Combien d’émissions d’Ushuaia nature ou d’Opération Okavango nous ont fait découvrir durant notre enfance ces lieux mythiques, dernier repère pour la grande faune africaine. En ces lieux, les Cobes lechwes sont dans leur élément au milieu des prairies humides et des roselières. Les éléphants et les hippopotames sillonnent ces marais et ces plaines inondées en laissant des sentiers visibles depuis le ciel. Les grands prédateurs ne sont pas en reste avec le Léopard, le Lion et même le Lycaon qui trouve ici un de ses derniers refuges sur le continent.  Classé au patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco en 2014, l’Okavango a la rare particularité de ne pas se jeter dans un océan mais de se perdre dans les sables du Kalahari. Il forme un vaste delta intérieur en faisant naitre une oasis de vie en plein désert. Une autre caractéristique unique de ce site, est la période à laquelle ont lieu les phases d’inondations du delta. C’est en effet au cœur de la saison sèche que le niveau d’eau monte et qu’ainsi, des milliers d’hectares se retrouvent sous les eaux. La faune et la flore se sont adaptées en calquant leurs rythmes biologiques sur cet événement. Croissance végétale, mise bas pour les mammifères, période de chant pour les oiseaux …  d’ailleurs en parlant de ceux-ci, près de 500 espèces ont été recensées dans cet exceptionnel écosystème en constante évolution. Il me revient à l’esprit une image qui m’avait marqué lors d’un Opération Okavango. Lors d’une prospection nocturne sur un méandre du  fleuve, Nicolas Hulot découvrait dans la lumière de son phare, à hauteur d’homme, 5 Guêpiers nains blottis sur une tige d’un roseau. J’avais trouvé cette rencontre et cette espèce tout simplement exceptionnelle. Aujourd’hui, c’est à notre tour de partir à la découverte de ces lieux et de ses mythiques espèces. Notre bateau avance lentement, le guide a bien compris notre attrait pour la gent ailée, il s’arrête pour chaque espèce et nous donne les noms. Pas de doute, notre guide s’y connait et c’est plutôt bon signe. Des Jacanas à poitrine dorée, des Martins pêcheurs géants, des Pygargues vocifères, des Guêpiers à front blanc … tous passent dans le champ de nos jumelles.

Guêpier à front blanc, Shakawe
Guêpier à front blanc, Shakawe
Pygargue vocifère, Shakawe
Pygargue vocifère et Varan du Nil, Shakawe
Martin-pêcheur géant, Shakawe
Martin-pêcheur géant, Shakawe
Martin-pêcheur géant, Shakawe
Martin-pêcheur géant, Shakawe
Jacana, Shakawe
Jacana à poitrine dorée, Shakawe

Mais parfois nul besoin de matos tellement les oiseaux se laissent approcher avec le bateau. Çà en est même surprenant ! Pourquoi n’ont ils pas peur lorsque nous sommes dans une embarcation alors qu’en voiture, où nous sommes davantage camouflés, les oiseaux ont une distance de fuite bien plus importante ?

Une fois les oiseaux classiques photographiés, on accélère un peu le rythme. A l’approche du bateau, des grappes d’Anhingas d’Afrique s’envolent des reposoirs qu’ils partagent avec les Cormorans africains quand ce n’est  un Héron crabier. Il y a quand même du monde dans ces roselières ! Le guide ralentit, s’approche lentement de la berge et dans une trouée, on découvre une Aigrette vineuse. Cette superbe aigrette semble assez peu commune car ce sera la seule de notre voyage.

Aigrette vineuse, Shakawe
Aigrette vineuse, Shakawe

Une flèche orange et bleu file au ras de l’eau devant nous, c’est un Martin pêcheur huppé, une espèce qui par contre est bien présente. La liste des oiseaux s’allonge rapidement. Mais si nous avons fait le détour jusqu’au Botswana, c’est pour une espèce tout particulièrement. Plus difficilement observable en Afrique du sud où elle est présente dans le nord du Kruger et dans la réserve de M’Kuze, c’est ici à  Shakawe que les chances sont les plus importantes. Cet oiseau fait partie de ces espèces mythiques dont on se dit qu’elles sont quasi impossibles à rencontrer dans la nature. Nous en touchons deux mots à notre guide qui esquisse un sourire, et pour notre plus grande joie, hoche de la tête. Finie la balade en dilettante, on s’accroche, il met les gaz car il faut aller plus loin. On remonte le fleuve sur environ deux kilomètres faisant s’envoler moult dortoirs de cormorans. Le bateau ralentit enfin à l’approche d’un pan intact de ripisylve où de grands arbres plus que centenaires ont développé une importante frondaison.

Les rives de l'Okavango, Shakawe
Les rives de l’Okavango, Shakawe

Notre guide nous explique que nous sommes en face d’une caserne militaire. Voila donc pourquoi ces grands arbres ont survécu … Nous scrutons une à une toutes les branches à la recherche d’une forme ou d’une couleur qui puisse trahir la présence de notre oiseau. Certains arbres ont un dense feuillage ce qui ne facilite pas la tâche. Au milieu des vertes feuilles, se camouflent des Pigeons colombars ainsi que des Perroquets de Ruppel. Notre guide nous indique un arbre en particulier, nous redoublons de vigilance mais rien, pas la moindre plume de notre oiseau. La déception commence à apparaitre car nous arrivons au bout de la portion de forêt riveraine favorable. Nous faisons demi-tour en nous éloignant un peu de la rive pour avoir un autre point de vue. Nous repassons rapidement les arbres en revue quand une forme sur une grande branche du tiers supérieur de l’un des derniers grands arbres nous interpelle. Marche arrière et bingo ! Elle est là, la Chouette pêcheuse de Pel. Quel soulagement et quel plaisir de croiser le regard sombre de ses gros yeux. Elle nous a vu et nous fixe, certainement depuis un long moment. Même si elle est à l’ombre, on parvient à distinguer son plumage crème.

Chouette pêcheuse de Pel, Shakawe
Chouette pêcheuse de Pel, Shakawe

Cette chouette est relativement rare en Afrique et originale de par son régime alimentaire. Elle se nourrit de crustacés, d’amphibiens et de poissons. C’est l’une des trois espèces africaines de chouettes pêcheuses. Pour la petite histoire, Elle a été décrite la première fois en  1850 par un ornithologue français, Charles Lucien Bonaparte, neveu d’un certain … Napoléon.  Notre guide négocie avec les militaires pour que nous puissions poser pied à terre. Petit arrêt de trois minutes, histoire de mieux la voir et de pouvoir la photographier.

Chouette pêcheuse de Pel, Shakawe
Chouette pêcheuse de Pel, Shakawe

Ces trois minutes s’écoulent très rapidement et déjà nous devons regagner le bateau. Le retour au camp se fait sans escale, sauf pour un hippo, et en mode rapide.

Hippopotame, Shakawe
Hippopotame, Shakawe
Okavango, Shakawe
Okavango, Shakawe

Parfait pour nous, la mission est remplie et nous sommes aux anges ! Nous arrivons à l’embarcadère alors que le soleil est bas sur l’horizon. Nous profitons de la dernière heure pour se balader dans le camp où nous observons quelques espèces d’oiseaux et deux Guibs harnachés.

Pic barbu, Shakawe
Pic barbu, Shakawe
Tisserin à gorge brune, Shakawe
Tisserin à gorge brune, Shakawe
Cossyphe de Heuglin, Shakawe
Cossyphe de Heuglin, Shakawe

Nous retournons à notre emplacement de camping afin de préparer notre barbecue du soir. Ce sera saucisses et pommes de terre à la braise, histoire de fêter dignement notre obs du jour

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