Samedi 19 janvier : départ de Bluff
Nous voilà partis à la découverte de Stewart et Ulva islands. C’est sous un ciel nuageux que nous quittons Curio Bay. Il nous faut un peu plus d’une heure pour gagner le port de Bluff d’où part le ferry pour Stewart Island, le point le plus au sud de notre trip. Nous laissons le van dans le parking payant du port et nous présentons au départ. Nous avions en effet réservé la traversée à l’avance avec Stewart Island Experience Ferry (148NZ$ aller/retour par adulte).
Il n’y a vraiment pas de vent ce matin et nous glissons aisément sur l’océan au milieu des radeaux de puffins fuligineux. De nombreux oiseaux au jizz rappelant celui des macareux ne cessent de filer au ras de l’eau. Mais il n’y a pas de macareux ici … Il s’agit de puffinures plongeurs (common diving petrel).
De temps en temps nous croisons également la route d’un manchot pygmée ou d’un albatros posé sur l’eau attendant que le vent se lève … Mais ça ne saurait tarder c’est me calme avant la tempête. Il faut seulement une heure de navigation pour arriver sur l’île. Nous prenons donc nos quartiers dans l’auberge de jeunesse que nous avions réservée à l’avance. Petit repas au fish and chips du coin, excellent !
Balade sur Stewart
Je me lance alors dans une balade le long du rivage. Les tuis sont innombrables tout comme les carpophages de Nouvelle-Zélande. Nous marchons en direction des baies tandis que le soleil se lève enfin illuminant les eaux claires, il ne s’était pas encore montré de la journée !
Localisation
Nous revenons sur nos pas pour partir en direction de la pointe où se situe une colonie de manchot pygmée. C’est alors qu’un vent violent se lève. Il devient même difficile de marcher ! Les oiseaux deviennent particulièrement discrets. Seuls les albatros semblent se réjouir de ce retournement de situation. L’un d’eux tournoie même dans la baie au fond de laquelle s’est réfugié le petit port de Stewart Island.
Nous retournons à l’auberge en fin d’après-midi, bien contents de nous mettre à l’abri ! Il n’y a plus qu’à patienter pour partir voir les kiwis. Oui mais voilà la météo en a décidé autrement ! Non seulement le vent violent se maintient mais il se remet en plus à pleuvoir … On a beau être cocheur et motivé, il faut parfois savoir abdiquer. Stewart est pourtant particulièrement réputée pour l’observation des kiwis qui sont plus nombreux que les habitants.
Dimanche 20 janvier : l’île d’Ulva
Ulva, une île préservée des prédateurs introduits
Le vent n’est pas tombé mais la pluie est moins violente. Nous tentons quand même notre chance d’aller à Ulva, une île préservée des prédateurs, sanctuaire pour les oiseaux. Relativement peu modifiée, l’île d’Ulva présente des enjeux de conservation importants. Les chats, les mustélidés et les possums n’ont jamais habité l’île mais les rats étaient un problème.
En 1992 une éradication programme a été lancé et en 1997, l’île a été déclarée exempte de rats. D’occasionnelles incursions de rats depuis ce temps ont nécessité un piégeage supplémentaire pour maintenir la statut de l’île sans prédateur. Ulva est d’ailleurs l’un des seuls endroits de Nouvelle-Zélande où il est possible d’observer des kiwis de jour. En moyenne, un rat atteint l’île d’Ulva chaque année, généralement avec l’aide d’un visiteur involontaire. Protéger Ulva des animaux introduits relève de la responsabilité de tous. Une quarantaine de pièges pour tuer les rats sont maintenus à travers l’île. Les visiteurs doivent suivre certains procédures pour vérifier leur équipement.
Gagner Ulva Island
Les départs du ferry se font depuis Golden Bay à partir de 9h. Pas besoin de réserver à l’avance. Il suffit de se présenter au point de départ. Nous partons vers 8h30 de l’auberge. Nous voilà enfin sur le ponton sous un ciel bien gris et une mer peu engageante. D’ailleurs le ferry n’est pas disponible. Seuls les taxis boats peuvent desservir Ulva dans ces conditions. C’est à peine plus cher, 25$/pers aller / retour, nous n’hésitons pas. Et nous voilà partis sur une mer houleuse avec un pilote maîtrisant largement la situation. La plus grande partie de l’île (260 ha) est intégrée au parc national Rakiura, le reste, qui ne représente que 8ha autour de post Office Bay, est une propriété privée. Nous débarquons et ne tardons pas à observer notre premier créadion rounoir ! Il s’agit de l’espèce du sud (south island saddleback).
Observation des oiseaux sur Ulva
Plusieurs sentiers parcourent l’île et il ne faut compter environ 1h30 pour faire la plus grande boucle. Mais ça c’est quand on ne s’arrête pas ! Nous avons demandé de quitter l’île à 15h ce qui nous laisse largement le temps. Une bénévole que nous croisons nous montre quelques photos d’orchidée. Nous ne parviendrons pas à les retrouver. Nous passons un bon moment à observer un Robin rubisole alimentant son jeune. Cette espèce de robin (South Island robin) comprend deux sous-espèces distinctes. Celle présente ici Petroica australis rakiura (Stewart Island robin) est endémique à ces îles. Ces robins ne sont décidément pas farouches ! Espérant récupérer des insectes soulevés par nos pas, ils nous suivent de près !
Plus loin nous croisons la route de l’une des stars de l’île : le râle weka. Mais il reste à couvert et l’obs assez furtive. Ce n’est pas le cas d’un kaka qui nous surveille tout en vocalisant depuis son arbre.
Par chance, nous retrouvons à nouveau du weka. Cette fois-ci il s’agit d’une famille. 2 adultes et 2 poussons. L’un des adultes dépiaute les restes d’un pigeon pour sa progéniture. Particulièrement peu farouches, ils marchent autour de nous. L’un des adultes se montre particulièrement intéressé par les bruits du déclenchement de l’appareil !
Les plages d’Ulva
Le temps reste cependant mitigé et nous nous prenons quelques averses. C’est à l’abri sur la plage … que nous prenons notre repas en compagnie à nouveau d’un weka. De vraies poules !! Dans les comptes-rendus de voyage et les documents, il semble également possible d’observer sur les plages d’Ulva des lions de mer et, occasionnellement, des léopards de mer, mais nous n’aurons pas cette chance. Mais le temps empire, le vent et la pluie se renforcent. Par chance c’est enfin l’heure du retour.
Une soirée à la recherche des kiwis
Le soleil se couche tard dans ces contrées à l’extrême sud de la Nouvelle-Zélande. En effet, 23h, nous avons droit à une petite éclaircie, on aperçoit même quelques étoiles ! Malgré le vent et l’heure tardive nous parvenons à nous motiver pour partir chercher le kiwi. Nous commençons alors nos recherches par le terrain de rugby où les observations semblent être régulières. Un carnet est en effet disponible dans l’auberge de jeunesse et chacun peut noter les places où il a observé un kiwi. C’est bien connu, les kiwis sont très doués pour ce sport.
Effectivement nous ne sommes pas les seuls à chercher. En effet, deux loupiotes signalent la présence d’un autre couple qui a déjà repéré un kiwi. Il ne nous aura donc pas fallu longtemps pour le cocher celui-là ! Mais ce couple de touriste surexcité ne ménage pas vraiment l’oiseau et je ne parviendrai pas à faire d’image. Mais nous l’aurons bien vu ! Nous testons d’autres endroits comme le rocher d’observation mais l’éclaircie n’aura été que de courte durée et c’est sous la pluie et sans nouveau kiwi que nous finissons la boucle.
Lundi 21 janvier
Après un bon dodo nous faisons finalement les préparatifs. Ce matin nous quittons Stewart mais le ferry ne part qu’à 12h. On est large ! Le temps est cependant encore mitigé alternant entre pluies et éclaircies. Le ferry est prévu avec 30 mn de retard. Le trajet de retour est sport. Impossible de chercher les piafs à l’extérieur ! J’en profite donc pour rédiger ces quelques notes tandis que les membres d’équipage distribuent des sacs en papier aux passagers en détresse. Le navire tangue en tous sens. Je pense que dans ces conditions l’heure de traversée n’a pas la même durée pour tous. Meilleur exemple que le morceau de sucre de Bergson ! Les puffins fuligineux eux ont l’air contents …