Mercredi 27août 2014

Le lever se fait ce matin avec le chant mélodieux du Loriot à tête noire. Ils sont deux et se font entendre depuis le sommet des arbres du camp.

Un petit café et nous partons.

Objectif du jour : Prospecter la zone autour de Pafuri, à l’extrême nord du parc. Toute cette région est considérée comme excellente pour l’ornithologie avec de nombreuses espèces qui atteignent ici leur limite méridionale de répartition. Environ 70 km à parcourir et peu de pistes secondaires dans cette partie du parc. Nous ne perdons pas de temps et filons cheveux au vent à 50km/h. Notre élan est brusquement arrêté par un cri « Ahhhh un lion ». Stop puis marche arrière. En effet, au bord de la route, sur un petit point d’eau au milieu des arbrisseaux deux lionnes s’abreuvent. Face à nous, quasiment couchées sur le sol, elles lapent l’eau sans nous quitter du regard.

Lionnes (Punda Maria, Kruger)
Lionnes (Punda Maria, Kruger)

Une première lionne termine de boire, s’éloigne d’une dizaine de mètres et attend la deuxième. Les deux se rejoignent et font quelques pas dans les taillis à partir desquels elles nous surveillent à moitié dissimulées. Puis elles s’enfoncent davantage dans le couvert et nous distinguons un mouvement en direction de la droite.

Lionne (Punda Maria, Kruger)
Lionne (Punda Maria, Kruger)

Nous suivons lentement avec la voiture. Bingo, une lionne ressort sur le bas côté à découvert. Elle n’y reste que quelques instants avant de traverser la route. La lumière est magnifique et le portrait réussi. Il faut dire qu’elle n’est qu’à quelques mètres maintenant de la voiture.

lion

La 2ème lionne sort à son tour puis une 3ème que nous n’avions pas remarquée jusqu’à présent. Une fois les trois lionnes ensemble, elles empruntent une petite piste et disparaissent définitivement dans la végétation. Encore une superbe observation inattendue comme sait si bien nous réserver le Kruger !

25 minutes plus tard alors que nous roulons sans véritablement chercher, un nouveau cri « un lion, sûre ». Marche arrière rapide pour découvrir, tapis à l’ombre d’un petit arbre, une lionne qui nous observe. A peine le temps de faire quelques photos que déjà elle se lève et disparaît derrière un talus. Observation rapide mais intense ! C’est notre jour de chance avec les lions pourtant ce n’est pas vraiment sur le nord du Kruger que nous avions misé pour observer ce grand prédateur qui est plus commun vers le sud et le centre du parc. Petit sentiment de fierté aussi avec ces deux observations car ce sont nos lions, nous n’avons pas eu besoin d’un attroupement de voitures ou d’indications pour les trouver. Une voiture s’arrête à notre hauteur et ses occupants nous questionnent mais il est trop tard pour eux, la lionne n’est plus là. On s’éloigne avec un petit sourire en coin en se disant que pour une fois, ce n’est pas nous qui arrivons après la bataille. Cela s’est joué à quelques secondes près !

Lionne (Punda Maria, Kruger)
Lionne (Punda Maria, Kruger)

Nous effectuons quelques petits arrêts le long de la route, ici pour observer des Corvinelles pies chanteuses.

Là sur un point d’eau, une troupe de zèbres et un rassemblement de quelques dizaines de Chestnut backed sparrowlark. Dans les buissons autour, ce sont des cordonbleus qui se préparent à construire leur nid

Zèbre des plaines (Punda Maria, Kruger)
Zèbre des plaines (Punda Maria, Kruger)
Cordonbleu de l'Angola (Punda Maria, Kruger)
Cordonbleu de l’Angola (Punda Maria, Kruger)

Plus loin ce sont des milliers d’oiseaux posés au sol qui nous intriguent. Ils sont si nombreux que le sol semble mouvant. Régulièrement ils s’envolent et se reposent toujours en groupes serrés une centaine de mètres plus loin. Ce sont des travailleurs ou quéléas, espèce réputée invasive qui suit les pluies pour se nourrir des graines et ravage parfois les cultures.

Plus au nord, petit tour par la Nyala Loop qui permet de s’enfoncer dans un paysage sauvage, entre falaises abruptes et lit de rivière asséché. Effectivement, il y a bien quelques nyalas qui se baladent entre les branchages sur le bord de la piste ainsi qu’une petite troupe de babouins. Sinon pas grand-chose d’autre à se mettre sous la dent.

Punda Maria, Kruger
Punda Maria, Kruger

Nous faisons demi-tour car cette piste est sans issue et nous filons vers l’aire de pique-nique qui est mentionnée sur notre carte. Nous effectuons un rapide détour par le pont qui enjambe la rivière Luvhuvu. Celle-ci est tout simplement magnifique. L’eau d’une couleur rougeâtre s’écoule lentement dans le creux du lit où de nombreux îlots de limon affleurent.  De-ci de-là, des crocodiles aux tailles variées s’y reposent. Un vanneau caronculé recherche sa nourriture et passe indifféremment d’un îlot à un autre, gardant toujours une distance de sécurité vis-à-vis de ces grands sauriens qui semble tout placide. Les rives formées d’une terre rouge accueille de grands arbres au dense feuillage vert. Il ne faut pas attendre longtemps pour entendre s’élever depuis les frondaisons, les cris d’un couple de Pygargue vocifère. Dans le Kruger, dès qu’il y a de l’eau, il y a du vocifère.

Limpopo
Rivière Luvhuvu

C’est une piste sableuse très roulante qui nous emmène vers le site de pique-nique. L’entrée de celui-ci est marquée par de grands arbres morts qui servent de reposoir à un petit groupe de vautours africains. Tout au plus, ils sont une dizaine mais dans le ciel, ils sont environ une cinquantaine à tournoyer à différentes altitudes.

Vautour africain (Limpopo, Kruger)
Vautour africain (Limpopo, Kruger)

Après une série de photos, nous garons la voiture et gagnons la zone ombragée en bordure de la rivière. Ici aussi pas de snack.

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Rivière Luvhuvu

Nous nous contenterons d’une soupe chinoise et de la boite de sardines emmenée depuis la France. Les vervets, fidèles à leurs habitudes, sont à l’affût des repas des touristes et n’hésitent pas à mettre les poubelles à sac pour récupérer les moindres restes. Notre tranquillité sera assurée par quelques pierres sur notre table et la surveillance d’un gamin de 4 ans, qui armé d’un tire-boulettes les maintient à distance. Autour de nous, des Nyalas peu farouches se repaissent de fruits qui jonchent le sol mais ils semblent surtout très friands des fleurs que laissent tomber les vervets. Il y a presque bousculade à chaque fois pour être le premier sur la fleur ! L’occasion d’une belle séance photo entre ombre et lumière.

Nyala (Limpopo, Kruger)
Nyala (Limpopo, Kruger)

Après le repas, nous reprenons la piste  en direction du fleuve Limpopo et la zone frontalière avec le Mozambique et le Zimbabwe. Nous découvrons un paysage vraiment magique. La forêt riveraine qui borde la rivière est constituée de grands arbres aux formes et aux couleurs variées d’où s’échappent de nombreux chants. Nous sommes irrémédiablement attirés par les abords du cours d’eau mais nous ne sommes pas les seuls à nous rapprocher des rives. Trois éléphants se laissent entrainer dans la pente pour rejoindre le rivage. C’est l’heure du bain. Ils semblent suivre un rituel très particulier, chacun à leur tour exécutant les mêmes gestes. Alors que les autres s’alimentent dans la végétation, le premier s’approche de l’eau pour s’abreuver. Il cède sa place au second et gagne une zone boueuse toute proche pour s’asperger, le corps se teintant d’une couleur rouge, la même couleur que celle de la rivière. Dernière étape, retour à l’eau pour faire des bulles. C’est alors au tour du second de prendre la place dans la boue tandis qu’un troisième arrive pour s’abreuver. Une scène géniale sublimée par la belle lumière de la fin de la journée. Nous ne pouvons pas malheureusement trop nous attarder car l’heure tourne et il faut avancer.

Éléphant (Limpopo, Kruger)
Éléphant (Limpopo, Kruger)

Nous décidons d’aller jusqu’au bout de la piste. Nouvel arrêt forcé, 3 guêpiers à front blanc chassent à partir des branches d’un tronc mort, vestige de la grande crue de février 2000. La lumière est toujours aussi belle et la parure de ces oiseaux à la hauteur de la famille des guêpiers. Nous profitons quelques minutes de leurs incessants va-et-vient puis nous nous enfonçons au milieu d’une forêt qui semble de plus en plus luxuriante.

Guêpier à front blanc (Limpopo, Kruger)
Guêpier à front blanc (Limpopo, Kruger)

Des cris sonores et plaintifs s’échappent régulièrement du sommet des arbres, ils proviennent des calaos trompettes que nous avions découverts à Eshowe dans le Kwazu-natal. Malgré leur grande taille, ils sont difficiles à voir dans le feuillage où ils s’y camouflent parfaitement. Au bord de la piste une indication « Creek corner », nous suivons le guide. Après un kilomètre on débouche sur un petit parking avec un panorama exceptionnel. Nous sommes à la confluence entre la rivière Luvhuvu qui nous sert de fil directeur depuis la mi-journée et le fleuve Limpopo. Ici trois pays se rejoignent. Au nord le Zimbabwe, à l’est le Mozambique et au sud l’Afrique du sud. Comme très souvent, le regard sur les pays voisins génère de nouvelles envies. Ici sur les rives opposées, la végétation semble davantage luxuriante, promesses de terres sauvages où l’empreinte de l’homme n’existe pas. Pourtant, il n’est pas très loin. Une famille de pêcheurs, accompagné d’un chien, termine sa journée de pêche. Eux sont là tous les jours, en quête de poissons, et foulent les mêmes bancs de sable que les léopards et les lions faisant fi du danger. Pour nous , sécurité oblige, nous devons rester dans la voiture mais les accompagner sur les berges du Limpopo est très tentant !

Le Limpopo, frontière avec le Zimbabwe et le Mozambique
Le Limpopo, frontière avec le Zimbabwe et le Mozambique

Un petit tour d’horizon depuis l’intérieur de la voiture donc, permet de voir que l’on est bien en saison sèche. Le Limpopo est à son étiage car seul un dixième de son large lit est occupé par l’eau. Le reste, de vastes étendues de sable aux teintes beiges s’étirent entre les corridors que forment les forêts riveraines. Sur notre gauche, c’est une troupe d’hippopotames qui s’est réfugiée sur la berge ombragée, à droite, c’est un héron strié qui survole la rivière et se pose sur un rocher isolé. Une sensation de quiétude se dégage du site… on y est bien !

Retour à la réalité, déjà 16h, il faut reprendre le chemin vers Punda Maria. Dès que l’on s’éloigne de la rivière, le paysage s’assèche à nouveau et l’arbre à Mopane reprend le dessus. Nouvel arrêt sur le point d’eau que nous avons visité dans la matinée. Les zèbres ne sont plus là mais c’est l’heure pour un éléphant de prendre son bain. L’hippopotame qui ce matin était si démonstratif s’est fait discret dans un recoin du plan d’eau. Dans les arbres qui surplombent le précieux liquide, se dessinent à contre-jour les silhouettes de 5 Damans qui profitent de la fraicheur du soir pour brouter les feuilles. Nous ne perdons pas de temps et décidons de couper par la piste qui rejoint directement Punda Maria. Une poignée d’herbivores croisent notre chemin, zèbres, buffles … ainsi qu’un Vautour oricou qui visiblement à fait son choix sur l’arbre qui l’accueillera cette nuit.

Vautour oricou (Punda Maria, Kruger)
Vautour oricou (Punda Maria, Kruger)

Arrivés au camp, nous passons par la réception pour tenter de réserver une nouvelle nuit dans le Kruger. Le gars du bureau consulte les réservations depuis son ordi mais visiblement tous les camps semblent complets. Il nous conseille de repasser le lendemain en début de matinée, c’est à ce moment là que sont enregistrées les annulations. Après une bonne soupe, nous passons à l’observatoire du camp. Le point d’eau est éclairé et les grenouilles chantent en masse. Un vrai concert ! Soudain, c’est le silence, plus le moindre chant de grenouille. Un, puis deux, puis tout un troupeau de buffles s’approche lentement de l’eau. Tandis qu’ils s’abreuvent, un Engoulevent musicien s’envole des abords et se met en chasse des papillons et autres insectes qui volettent au dessus de l’eau. Les buffles finissent par s’éloigner, d’abord tranquillement puis tout à coup piqués par on ne sait quelle peur, ils se mettent à courir défonçant dans un grand fracas les arbrisseaux et arbustes sur leur passage.

Buffle (Punda Maria, Kruger)
Buffle (Punda Maria, Kruger)

Le concert des grenouilles reprend petit à petit pour s’arrêter à nouveau à l’approche d’une discrète Hyène qui ne restera que quelques instants.

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