10 avril 2015. Pluie … nous avions prévu de passer la journée à observer la migration mais notre projet tombe à l’eau ! Nous décidons donc de nous rendre sur Gibraltar, l’enclave britannique, pour rencontrer les propriétaires du rocher : les Macaques de Barbarie.

Les bouchons sont importants pour passer la frontière (il faut vraiment être motivé pour y aller !). Les voitures sont contrôlées et, ce qui permet d’expliquer que les voitures n’avancent que très lentement, c’est la barrière juste après la douane. Pourtant il n’y a pas de voie ferrée ! Nous finissons par comprendre quand un avion passe sous nos yeux … La route traverse la piste d’atterrissage ! L’espace est optimisé ! Une fois l’avions posé, nous pouvons entrer dans l’enclave. Nous avons vraiment l’impression d’être en Angleterre, si ce n’est la conduite qui reste à droite. Il pleut, les maisons ressemblent à celles de Londres et les fameuses cabines téléphoniques rouges parsèment les rues. Nous nous arrêtons pour manger dans un petit resto : au menu fish and chips ou hamburger … le tout assez infâme … pas de doute, nous ne sommes plus en Espagne !

La pluie ne cesse pas et nous montons au rocher, classé en réserve. Les macaques sont bien là, fidèles au poste.

Macaque de Barbarie, Magot, Rocher de Gibraltar
Macaque de Barbarie, Magot, Rocher de Gibraltar

N’oubliez pas qu’il s’agit d’animaux sauvages, pouvant également faire preuve d’agressivité. Surtout ne laissez rien traîner ! ils sont assez chapardeurs, l’un d’eux a essayer d’embarquer mon sac photo !

Rocher de Gibraltar
Rocher de Gibraltar

Le Macaque de Barbarie est la seule espèce de macaque présente en Afrique, les autres se rencontrant en Asie. En Europe, il représente la seule espèce de singe vivant à l’état sauvage.

Macaque de Barbarie, Magot, Rocher de Gibraltar
Macaque de Barbarie, Magot, Rocher de Gibraltar

Plusieurs hypothèses ont été émises pour tenter d’expliquer la présence des macaques de Barbarie, appelés également Singes magots, sur le rocher de Gibraltar. L’une d’elles soutenait qu’il s’agirait d’un vestige de population qui se serait répandue dans le sud de l’Europe durant le Pliocène. Mais les études génétiques ont permis de réfuter cette thèse et ont mis en évidence la double origine marocaine et algérienne de cette petite population. Ils auraient été introduits par les Maures, qui les gardaient comme animaux de compagnie, entre 711 et 1492.

Le macaque devient l’emblème de l’enclave anglaise puis britannique. Selon une croyance populaire, Gibraltar resterait sous domination britannique tant que les magots existeraient sur le rocher. Aussi, après une épidémie qui décima une grande partie de la population (il n’en restait que 4), le premier ministre W. Churchill ordonna-t-il en 1942 de la reconstituer en prélevant des individus dans ces milieux naturels d’Afrique du Nord. De 1915 à 1991, les macaques de Gibraltar furent sous la garde de l’armée de terre britannique puis du Régiment royal de Gibraltar. Les naissances étaient enregistrées et chaque jeune recevait le nom d’un haut gradé. La nourriture composée de fruits secs et de fruits frais était prise en compte dans le budget. Le Gouvernement a pris le relais après le retrait de la garnison.

Macaque de Barbarie, Magot, Rocher de Gibraltar
Macaque de Barbarie, Magot, Rocher de Gibraltar

Aujourd’hui la population de Gibraltar est estimée à 200 individus répartis en 5 groupes. Cependant, à l’échelle mondiale, il est classé “en danger” selon la liste rouge des espèces de l’IUCN. Le Macaque de Barbarie se rencontre à l’état sauvage dans quelques montagnes isolées du Maroc et de l’Algérie. Il a disparu de la Tunisie.

En Algérie, la situation est assez préoccupante. Selon l’IUCN, la population était estimée à 5500 individus dans les années 80. Les effectifs ont baissé depuis. Quant à la population marocaine, elle a été estimée entre 6000 et 10000 individus en 2004. La destruction des forêts pour l’exploitation du charbon et le développement de l’agriculture est la principale menace pesant sur cette espèce. Les populations sont fragmentées et isolées les une des autres. A cette dégradation des milieux s’ajoute le problème des captures : au Maroc, les magots sont régulièrement prélevés ou même tués. On estime que 300 jeunes sont arrachés à leur mère chaque année pour être vendus. Le Macaque de Barbarie est inscrit sur la liste CITES réglementant le commerce des espèces sauvages.

Macaque de Barbarie, Magot, Rocher de Gibraltar
Macaque de Barbarie, Magot, Rocher de Gibraltar

Les forêts de cèdres du Moyen-Atlas constituent une zone refuge pour cette espèce qui s’y rencontre de façon assez abondante. En 1980, cette zone accueillait entre 65% et 75% de la population mondiale. Malheureusement, même dans cet espace, les densités ont diminué de moitié, passant de 40 individus par km2 en 1974 à 20 en 2006. Au final, la population du Moyen-Atlas aurait diminué de 50% à 80% ces 30 dernières années.

[wc_fa icon=”link” margin_left=”” margin_right=””][/wc_fa] Macaca Sylvanus IUCN

Macaque de Barbarie, Magot, Rocher de Gibraltar
Macaque de Barbarie, Magot, Rocher de Gibraltar
Macaque de Barbarie, Magot, Rocher de Gibraltar
Macaque de Barbarie, Magot, Rocher de Gibraltar
Macaque de Barbarie, Magot, Rocher de Gibraltar
Macaque de Barbarie, Magot, Rocher de Gibraltar

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