Vendredi 01 janvier 2016
[wc_row][wc_column size=”one-third” position=”first”]
[/wc_column][wc_column size=”two-third” position=”last”]
Dès les premières lueurs de l’aube, nous sommes sur la route direction l’embouchure de la Somone et sa réserve naturelle. Couvrant une superficie d’environ 700 ha, elle abrite une mangrove de type tropicale qui s’est développée derrière une flèche sableuse protégeant la végétation des assauts de l’océan atlantique. Contrairement aux mangroves équatoriales, les mangroves tropicales sont relativement pauvres en espèces végétales. Deux espèces de palétuviers sont dominantes, l’un appartenant au genre Rhizophora reconnaissables à ses racines échasses et l’autre à Avicennia avec ses pneumatophores qui sont des racines à géotropisme négatif (les racines poussent vers le haut !). Ces plantes ont développé des stratégies différentes afin d’assurer leurs échanges gazeux dans un environnement où le sol, due à une hydromorphie permanente, est pauvre en oxygène. Avicennia est pionnier et se développe en front de mer, suivi par Rhizophora et d’autres espèces.[/wc_column][/wc_row]
Ces écosystèmes sont soumis aux aléas climatiques tels que les précipitations. Les sécheresses persistantes depuis les années 1970 ont affecté ces formations végétales avec des formes rabougries chez les palétuviers voire leur disparition au profit de tannes. Les conditions édaphiques de ces écosystèmes sont propices à la formation de Pyrite, un sulfure de fer, connu aussi sous le nom d’or des fous … bref tout un monde à découvrir mais pour nous c’est principalement la gente ailée qui nous y a attirés.
A l’aide d’un plan imprimé avant notre voyage, nous trouvons assez facilement l’accès au petit sentier pédagogique s’enfonçant au cœur de la réserve. A l’entrée, un panneau indique que c’est payant mais il n’y a personne pour encaisser à cette heure très matinale (il n’y aura d’ailleurs personne plus tard dans la matinée). Le sentier est bien balisé, il n’y a plus qu’à le suivre. De manière surprenante, le premier oiseau que nous contactons dans la mangrove est un Pouillot véloce. Un chant bien reconnaissable qui lui vaut d’ailleurs son nom anglais de Chiffchaff. Des panneaux informatifs sont régulièrement disposés sur le parcours et apportent un éclairage intéressant sur cet écosystème orignal qu’est la mangrove. Une Aigrette des récifs surprise par notre avancée silencieuse s’envole pour rejoindre un nouveau poste de chasse … plus tranquille.
Trois Guêpiers nains ont visiblement passé la nuit sur un îlot central où s’est développée une végétation de type savane contrastant avec les palétuviers environnants. Ils ne semblent pas pressés de s’envoler, probablement que la petite fraicheur matinale ainsi que l’humidité ne soient pas propices à l’envol des insectes, proies de nos guêpiers.
En limite de l’îlot et la mangrove, se sont accumulés de nombreux coquillages qu’arpentent deux Tournepierres à collier. Pas vraiment farouches, nous nous mettons à l’affût et attendons qu’ils viennent vers nous pour les photographier.
Le chemin nous éloigne de l’îlot que nous quittons avec une belle observation d’un mâle de Rougequeue à front blanc. L’ambiance est calme et ce n’est qu’au bout du chemin que l’on découvre un observatoire donnant sur une belle zone de vasière puisque nous sommes à marée basse. Sur l’observatoire, nous prenons de la hauteur et l’on découvre que le site n’est pas si grand que ça.
En arrière plan, les paysages jaunis de savane sont bien visibles. Nous prenons le temps de détailler les différentes espèces d’oiseaux qui ont trouvé refuge au cœur de la réserve. Barges à queue noire, Courlis cendré et corlieux, Pluviers argentés sont pour la plupart en phase de repos, la tête dans les ailes.
Plus dynamiques sont les chevaliers tels que les aboyeurs, le guignette, le gambette et le stagnatile, mais eux, sont en pleine recherche de nourriture. Un Milan à bec jaune survole la lagune suivi par un Busard des roseaux. Les prédateurs ne sont jamais bien loin lorsque les proies sont présentes en nombre. D’autres proies telles que les poissons doivent aussi bien être présentes, que ce soit à l’intérieur de la lagune ou sur le front de mer. Pas moins de 7 Balbuzards pêcheurs se tiennent posés au sol au milieu des vasières, s’envolant par moment pour une partie de pêche. C’est impressionnant de voir de telles densités !
Le passage en rase motte de trois Pélicans gris ne fera pas réagir les oiseaux endormis.
Le soleil commence à prendre de la hauteur. Les Alcyons pies s’activent et se pourchassant à grands renforts de cris. Dans le ciel, les Martinets et les Hirondelles font d’incessants va-et-vient. Hirondelles de Fenêtre, Martinet des maisons et Martinet des palmes se partagent les nombreux petits moucherons. Un discret Héron strié se faufile entre les palétuviers alors que nous quittons l’observatoire. Nous sommes agréablement surpris de voir de tels aménagements, simples mais bien faits avec des indications sur les principales espèces d’oiseaux fréquentant les lieux. Le site a été réhabilité en 1994 avec la mise en place d’un reboisement afin de redonner vie à cette lagune. En PACA, de nombreux sites mériteraient quelques petits aménagements afin de favoriser la découverte de nos richesses naturelles provençales mais visiblement nous n’en sommes pas capables. Au Sénégal pourtant, ils y arrivent !
Avec les heures chaudes, les crabes violonistes sont de sortie. De couleur violette, avec leur pince gauche démesurée, ils sont facilement reconnaissables. Lors de la traversée matinale, tous ces crabes étaient invisibles, enfouis au fond de leur terrier attendant les heures propices et le reflux de la marée. Si la mangrove est tranquille, on peut voir les crabes assez loin de leur terrier se déplaçant en colonne tels un convoi militaire de cuirassés, fouillant chaque millimètre carré de vase. Mais à notre approche, toujours en rangs serrés, ils accélèrent le pas pour s’éloigner au plus vite de chemin et se réfugient au pied des palétuviers. Ces crabes sont un maillon important de cet écosystème en assurant par leur terrier l’aération du sol.
Nous terminons notre balade et rencontrons un ornitho local. Quelques minutes à partager nos observations puis nous quittons la lagune direction la plage pour un pique nique. Dans l’après midi, nous terminons la remontée de la Petite Côte et rejoignons Dakar. Il y fait frais, le vent marin fait descendre la température de plusieurs degrés comparé à M‘Bour. Il faut dire que la langue de terre sur laquelle est construite la ville s’avance sur une vingtaine de kilomètres en mer. Nous trouvons assez facilement dans le dédale des ruelles de la ville, la maison de notre hôte pour ce soir.
[su_spoiler title=”Espèces d’oiseaux observés sur la Somone” style=”fancy”]
Pélican gris | Pink-backed Pelican | Pelecanus rufescens | 3 |
Héron cendré | Gray Heron | Ardea cinerea | 3 |
Grande Aigrette | Great Egret | Ardea alba | 1 |
Crabier chevelu | Squacco Heron | Ardeola ralloides | 1 |
Héron strié | Striated Heron | Butorides striata | 1 |
Balbuzard pêcheur | Osprey | Pandion haliaetus | 7 |
Busard des roseaux | Eurasian Marsh-Harrier | Circus aeruginosus | 1 |
Milan à bec jaune | Milvus migrans parasitus | 2 | |
Pluvier argenté | Black-bellied Plover | Pluvialis squatarola | 2 |
Vanneau éperonné | Spur-winged Lapwing | Vanellus spinosus | 1 |
Chevalier guignette | Common Sandpiper | Actitis hypoleucos | 1 |
Chevalier aboyeur | Common Greenshank | Tringa nebularia | 2 |
Chevalier stagnatile | Marsh Sandpiper | Tringa stagnatilis | 1 |
Courlis corlieu | Whimbrel | Numenius phaeopus | 22 |
Courlis cendré | Eurasian Curlew | Numenius arquata | 1 |
Barge à queue noire | Black-tailed Godwit | Limosa limosa | 5 |
Tournepierre à collier | Ruddy Turnstone | Arenaria interpres | 5 |
Tourterelle maillée | Laughing Dove | Streptopelia senegalensis | 3 |
Martinet des maisons | Little Swift | Apus affinis | 10 |
Martinet des palmes | African Palm-Swift | Cypsiurus parvus | 15 |
Alcyon pie | Pied Kingfisher | Ceryle rudis | 4 |
Guêpier nain | Little Bee-eater | Merops pusillus | 3 |
Faucon crécerelle | Eurasian Kestrel | Falco tinnunculus | 1 |
Corbeau pie | Pied Crow | Corvus albus | 1 |
Cochevis huppé | Crested Lark | Galerida cristata | 1 |
Hirondelle de fenêtre | Common House-Martin | Delichon urbicum | 2 |
Bulbul des jardins | Common Bulbul | Pycnonotus barbatus | 4 |
Pouillot véloce | Common Chiffchaff | Phylloscopus collybita | 10 |
Rougequeue à front blanc | Common Redstart | Phoenicurus phoenicurus | 1 |
Souimanga pygmée | Pygmy Sunbird | Hedydipna platura | 2 |
[/su_spoiler]
1 Commentaire
BAHIER
Bonjour
Nous trouvons votre récit très intéressant et souhaitons marcher sur vos pas. Où peut-on trouver le plan du sentier ? combien de temps à durée votre balade ? est ce que ce chemin nous mène de l’autre coté de la Lagune, chez Rasta par exemple ?
Merci d’avance
Jeannine